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Ebola : Tout savoir pourquoi le Liberia peine à s’en sortir

Ebola

Avec 2 458 décès sur les 4 493 dénombrés par l’Organisation mondiale de la santé dans son rapport du 15 octobre (PDF, en anglais), le Liberia est le pays d’Afrique de l’Ouest le plus touché par l’épidémie d’Ebola. Et l’OMS le reconnaît : le nombre de cas dans le pays est très vraisemblablement sous-évalué, les chiffres communiqués par les autorités sanitaires locales étant “relativement faibles” par rapport à ceux remontés par le personnel médical présent sur place.

Ainsi, alors que l’OMS estime à 4 249 le nombre de cas d’Ebola confirmés, probables ou suspects, le nombre de personnes concernées par la fièvre hémorragique pourrait en fait être 2,5 fois supérieur. Pourquoi ce pays concentre-t-il les difficultés dans la lutte contre l’épidémie ? Francetv info récapitule.

Un pays au système de santé précaire

Entre 1989 et 2003, le Liberia a connu deux guerres civiles, qui, en plus d’avoir fait plusieurs centaines de milliers de victimes, “ont mis à mal la structure même du pays”, relève Le Monde.fr. Comme le reste des pouvoirs publics, le système de santé libérien a pâti de ce conflit.

Bien que Monrovia ait consacré 19,5% de son produit intérieur brut aux dépenses de santé en 2011 (un record, selon les chiffres de la CIA), la situation sanitaire reste plus que préoccupante. Les Libériens présentent une espérance de vie à la naissance de 58 ans en moyenne, et avec plus de 69 enfants sur mille morts avant l’âge d’un an, le pays affiche le 15e plus haut taux de mortalité infantile de la planète.

C’est dans ce contexte que le ministre libérien de la Défense a reconnu, mardi 8 septembre, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, que l’épidémie d’Ebola menaçait gravement “l’existence du Liberia”. Le pays, qui ne comptait en 2008 qu’un médecin pour 100 000 habitants, “n’a pas assez d’infrastructures, de capacités logistiques, d’expertise professionnelle et de ressources financières pour faire face à l’épidémie de manière efficace”, s’est-il alarmé.

Même les ONG présentes sur place sont débordées. Surchargé, le centre de traitement mis en place par Médecins sans frontières dans les faubourgs de la capitale était contraint début octobre de fermer ses portes aux nouveaux malades.“Il n’y a rien de pire pour nous, sur le plan humain et sanitaire, parce que l’on ne coupe pas la chaîne de contamination. On est débordés, mais il faut garder le centre sous contrôle pour les employés et les malades. Donc on refuse des gens. Et c’est insupportable”, se désolait une responsable de l’organisation dans les colonnes du Monde (article payant), le 9 octobre.

Des populations longtemps méfiantes face à l’épidémie

Autre problème de taille pour les autorités sanitaires : de nombreuses communautés ont douté de la réalité de l’existence de l’épidémie au cours des premiers mois, quand elles soupçonnaient le gouvernement de surévaluer le problème pour détourner l’aide internationale. “Au début, les gens ne comprenaient pas vraiment ce qu’était Ebola”, explique un journaliste libérien dans le magazine Vice (en anglais). “Le ministère de la Santé avait réclamé un million de dollars pour combattre l’épidémie, ce qui faisait dire à la population qu’il ne cherchait qu’à récolter de l’argent.”

Un directeur d’hôpital déplorait en août les nombreuses rumeurs qui circulaient alors au sujet des médecins et des infirmiers. “Il y a toutes sortes de théories, toutes sortes de rumeurs qui circulent, comme quoi nous volons des reins, nous prenons le sang des gens, nous les aspergeons avec un produit qui les tue”, se lamentait-il, cité par France 24. La situation était si explosive qu’un établissement de Monrovia, la capitale, où étaient traités plusieurs dizaines de malades, a été attaqué le 17 août par des hommes armés de bâtons, aux cris d’“Ebola n’existe pas”, rapportait alors la BBC (en anglais).

L’augmentation du nombre de victimes de la fièvre hémorragique ainsi que les nombreuses campagnes de sensibilisation semblent toutefois avoir eu raison des rumeurs. Un médecin chargé par l’OMS d’avertir les populations du nord du pays sur les dangers d’Ebola l’assure : une trentaine de villages de la région de Lofa auparavant hostiles à l’intervention des humanitaires sont désormais “ses meilleurs alliés” dans la lutte contre l’épidémie. “Ils nous préviennent dès que quelqu’un est malade. Nous n’avons plus besoin d’aller y chercher des patients”, explique-t-il sur le site de l’OMS (en anglais).

Reste le problème des rites funéraires locaux, que les autorités ne parviennent pas à empêcher totalement. Ceux-ci impliquent en effet de toucher les corps des défunts ou de manger un repas à leur proximité, note Le Monde.fr. Une pratique particulièrement dangereuse, puisque les personnes décédées restent contagieuses.

Franceinfo.tv

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