06022023Headline:

À la Une: le continent africain célèbre le 1er mai, fête des travailleurs

Alors, souligne Wakat Séra, il y a bien des différences entre les pays… la situation au Sahel étant particulièrement grave puisque rappelle le site, « les attaques régulières (…) ont jeté sur la route de l’exil dans leurs propres pays, fonctionnaires, élèves, étudiants, agriculteurs, éleveurs… appelés désormais ‘personnes déplacées internes’. » Mais ce 1er mai est universel… Wakat Séra met ainsi côte à côte les mobilisations au Burkina où « l’union d’action syndicale (…) n’a pas manqué d’attirer l’attention des autorités sur le respect des libertés » ; en Côte d’Ivoire où « le relèvement des salaires a constitué la préoccupation majeure des travailleurs » ou encore au Maroc ou bien « qu’ayant agi en rangs dispersé » les organisations ont crié « leurs ras-le-bol des prix trop élevés des denrées. »

Le constat est partagé par le journal marocain Le 360 lui-même. Discours des centrales syndicales à l’appui, la publication fait ce constat : entre « la flambée des prix qui a secoué le panier de la ménagère » et un dialogue social sans « réelles retombées positives », « les classes ouvrières ont fêté le 1er mai dans un contexte exceptionnel. » Même observation en Tunisie où La Presse s’interroge : « Comment occulter que le travail rémunéré soit devenu (…) une denrée rare ? » Pour le journal, il est temps de mettre fin au libéralisme tous azimuts : « quels que soient les mérites de l’économie de marché, le marché du travail ne peut (…) être traité comme [celui] d’une marchandise quelconque. »

Bref, conclut Wakat Séra, un seul ingrédient empêche encore la « déflagration » du « cocktail détonnant du manque d’emploi et du règne du chômage »… cet ingrédient magique étant la « solidarité séculaire » entre des foyers qui « partagent tout », du « sel de cuisine » aux « joies de la naissance » ; des « vêtements » aux « douleurs de la mort. »

Une nécessaire pincée de justice sociale
Justice ou dialogue social… de La Presse en Tunisie à L’Infodrome en Côte d’Ivoire en passant par L’observateur Paalga au Burkina Faso, l’expression revient partout. Et c’est essentiel pour « éviter qu’une partie des communautés locales ne basculent dans le camp de l’ennemi », selon un chercheur interrogé par Le Monde Afrique. Car il ne faut pas oublier que « pour survivre dans les zones sous emprise, les populations n’ont souvent pas d’autre choix que de respecter les préceptes qu’on leur impose. » Voire parfois de rejoindre certains groupes armés, véritables « machines à recruter des civils frustrés, motivés par l’envie de se venger des injustices qu’ils ont subies. » Et cet interlocuteur insiste : la stratégie « basée sur le tout sécuritaire, et qui ne tient pas compte de la nécessité (…) de préserver la cohésion sociale » ne suffira pas.

La fragilité sociale, un risque sur le long terme
Les traces peuvent parfois en être tenaces, comme au Soudan.

Plus de deux semaines après le début du conflit entre les généraux al-Buhrane et Hemedti, et malgré les efforts de la communauté internationale, les combats se poursuivent et la situation s’enlise. Pourtant, rappelle Le Monde Afrique, des « autocrates » étaient au pouvoir dans la région, précisément dans l’objectif de « mieux contenir l’immigration illégale et le terrorisme djihadiste », bref de garantir la « stabilité. » Et Le Point Afrique va dans le même sens, en citant cette Soudanaise poussée à la fuite : « cette guerre a commencé très tôt, depuis 1989 », date de l’arrivée au pouvoir d’Omar el-Béchir… on connaît le reste… « trente années de dictature militaro-islamiste » et des libertés et droits humains « qui frôlent le néant » rappelle le journal. Et c’est aussi « pour lutter contre les rebelles « qu’ont été créées les troupes d’Hemedti, « nées sous la patte du dictateur kleptocrate. » Sauf que, retrace Le Point, de fil en aiguille, les fameuses « forces de soutien rapide » ont gagné en force… jusqu’à « se rapprocher de celle de l’armée régulière. »

Quelques années plus tard, dénonce Le Monde Afrique. « L’imposture » de l’autorité comme contrepartie de la sécurité a donc volé en éclats… les civils pris en étau entre les deux généraux… alors le quotidien s’interroge… « qui pourra encore prétendre que les autocrates (…) garantissent la stabilité ? » Cette civile interrogée n’a pas de réponse, mais un seul constat, amer : « après la révolution, nous avions des rêves ; maintenant, le vent a tout emporté. »

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