05302023Headline:

À Miami, les inquiétudes de la diaspora haïtienne

Elle est venue à Miami pour célébrer sa culture haïtienne, en dansant sur du zouk. Tout sourire face à la scène, Angeline 25 ans, rêve d’un avenir meilleur pour Haïti : « je suis une citoyenne américaine, mais au fond de moi, je sais que je viens d’ailleurs », explique la jeune comptable, installée au Texas. « Je sais qu’actuellement, mon pays est plongé dans le chaos, mais quand je nous vois réunis tous ensemble ici, alors qu’au pays, nous sommes désunis, ça me donne tout simplement de l’espoir ! » raconte Angeline qui a émigré enfant aux États-Unis avec ses parents. Comme beaucoup, elle est venue participer à ce mois de l’héritage haïtien organisé par la diaspora à Miami, pour célébrer la culture haïtienne.

Ce 18 mai 2023, c’est le Flag Day, le jour de la fête nationale du drapeau, un symbole de l’émancipation de l’esclavage en 1804 qui pourrait selon certains servir d’exemple aux haïtiens aujourd’hui. « Ce drapeau représente le courage, l’unité et la résilience. C’est important d’avoir cette journée de célébration pour le drapeau parce que ça nous rappelle ce pour quoi nous nous sommes battus. Tout ça n’était pas vain, et un jour Haïti se portera mieux ! » assure Angeline.

Ce 18 mai 2023, c’est le Flag Day, le jour de la fête nationale du drapeau, un symbole de l’émancipation de l’esclavage en 1804 qui pourrait selon certains servir d’exemple aux haïtiens aujourd’hui.
Ce 18 mai 2023, c’est le Flag Day, le jour de la fête nationale du drapeau, un symbole de l’émancipation de l’esclavage en 1804 qui pourrait selon certains servir d’exemple aux haïtiens aujourd’hui. © David Thomson/RFI
Message d’espoir
Sur scène, des artistes locaux se partagent le micro. Tous diffusent le même message d’espoir, comme le rappeur Grimass qui attend son tour, habillé de la tête aux pieds aux couleurs d’Haïti : « j’ai le drapeau dessiné partout sur moi, ici sur mon pantalon ; là, c’est le canon qui rappelle la guerre qu’on a faite. Un jour comme aujourd’hui, il fallait que je sois enroulé dans le drapeau ! » revendique fièrement le chanteur. « Le message aujourd’hui c’est amour et unité ! C’est l’amour qui va nous guérir de tout et mettre fin à tous nos problèmes ! » assure-t-il.

Mais derrière ces messages positifs, la situation sécuritaire en Haïti, à seulement deux heures de vol de Miami, est dans tous les esprits, comme l’explique Rasha Cameau, élue de North Miami : « Honnêtement, je ne sais pas comment on peut aider Haïti. On peut envoyer de l’argent, des conseils, mais la solution ne peut venir que de l’intérieur. On n’a toujours pas de président. Pas d’élections. Récemment, mes parents ont été obligés de quitter l’île pour s’installer ici à cause de la violence. Ils ne pouvaient plus rester. Mes frères et sœurs aussi ont émigré ici depuis six mois. La violence est trop forte. Un membre de ma famille a été kidnappé pendant un mois pour une rançon. Tout le monde souffre de cette violence ».

Et en effet, tout le monde ici à Miami semble avoir une histoire de proche kidnappé par les gangs en Haïti, jusqu’au maire de North Miami, Alex Desulme. « On ne célèbre pas la fête nationale dans la joie, mais dans la tristesse à cause de ce qui se passe au pays », raconte l’élu. Et d’ajouter : « c’est dur quand j’entends mes amis et des membres de ma famille me dire qu’ils ne peuvent même pas sortir de chez eux pour faire leurs courses parce qu’ils ont peur d’être kidnappés. Ces enlèvements sont massifs. Sans parler des tueries. Mais dans cette tristesse, on trouve encore une lueur d’espoir en des lendemains meilleurs ». Et le maire de North Miami garde évidemment un espoir : pouvoir célébrer à nouveau la fête nationale en Haïti comme il le faisait il y a encore quelques années.

What Next?

Recent Articles