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Afrique, Burkina-Faso: Un présumé Jihadiste dans l’attaque de Ouagadougou, entendu par la justice

Un jihadiste présumé, qui pourrait être l’un des “cerveaux” de la double attaque de Ouagadougou vendredi, a été entendu dimanche par la justice. Les autorités burkinabè ont de “très forts soupçons” sur des complicités dans l’armée.

Deux jours après le double attentat de Ouagadougou, la justice burkinabé a entendu, dimanche 4 mars, un jihadiste présumé soupçonné d’avoir joué un rôle clé dans l’opération, qui a fait sept morts et plus de 80 blessés parmi les forces de sécurité, tandis que neuf jihadistes ont été tués, selon un dernier bilan.

L’homme, dont la nationalité n’a pas été révélée, pourrait être “un cerveau” de cette attaque coordonnée contre l’état-major des armées, à laquelle il aurait pris part, et contre l’ambassade de France, selon une source gouvernementale citée par l’AFP. Un deuxième homme a été arrêté et était interrogé, mais les soupçons pesant sur lui sont moins forts que sur le premier.

La justice soupçonne le commando d’avoir bénéficié de complicités dans les rangs de l’armée.

“Une connaissance des habitudes au sein de l’état-major”

Dès samedi, les autorités ont fait part de leurs “très forts soupçons” sur “des infiltrés dans l’armée” qui auraient renseigné les jihadistes pour l’attaque de l’état-major, selon une source burkinabè.

“Ils avaient une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major, ce qui explique la facilité avec laquelle ils ont accédé au sein de l’état-major par son accès de service, situé au dos de l’entrée principale”, a expliqué une autre source gouvernementale.

L’explosion de la voiture piégée qui a précédé l’assaut a totalement détruit une salle de réunion, située en façade du bâtiment, où devait se tenir une réunion de l’état-major de la force antijihadiste du G5 Sahel. La réunion a été changée de salle au dernier moment, évitant un carnage.

La plupart des assaillants identifiés étaient burkinabè, et un était étranger, selon des sources sécuritaires. Ceux qui ont mené l’assaut contre l’état-major portaient des uniformes de l’armée, autre indice d’une possible complicité interne.

Les enquêteurs se demandent si l’attaque contre l’ambassade de France n’était pas une “diversion” avant l’attaque contre l’état-major. En effet, les assaillants ne semblaient pas disposer de moyens suffisants pour pénétrer à l’intérieur de l’ambassade, bien protégée, et située dans un quartier quadrillé en permanence par les forces de l’ordre. Alors qu’ils ont utilisé un dispositif bien plus puissant à l’état-major, une attaque dite “complexe”, avec l’explosion d’un véhicule bourré d’explosifs avant un assaut.

Une équipe d’enquêteurs français sur place

Les attaques ont été revendiquées samedi soir par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda, disant agir en représailles à une opération militaire française antijihadiste dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne, le 14 février dernier, au cours de laquelle une vingtaine de jihadistes présumés avaient été “tués ou capturés”, selon l’état-major français.

Une importante équipe d’enquêteurs français est arrivée samedi à Ouagadougou pour prêter main forte à la justice burkinabè. Dirigée par un procureur de la section antiterroriste du parquet de Paris, l’équipe comprend des enquêteurs de la Sous-direction anti-terroriste, de la Direction générale de la sécurité intérieure et de la police scientifique, selon des sources judiciaire et policière françaises.

“Ce lundi, Mahamadou Issoufou, le président du Niger qui vient de prendre la tête du G5 Sahel et le président togolais Faure Gnassingbe président en exercice de la Cedeao sont attendus au Burkina Faso”, selon l’envoyée spéciale de France 24 dans le pays, Sarah Sakho. “Ils viennent témoigner de leur soutien et se rendront sur les lieux des attaques en compagnie du chef d’État burkinabé, Roch Kaboré”, précise-t-elle.

L’activité a repris normalement à Ouagadougou, mais, signe de l’extrême tension qui persiste, deux incidents armés se sont produits dimanche, dont l’un a fait un mort.

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