Sur les circonstances de ce drame qui continue d’alimenter les conversations dans ce gros village, nos sources indiquent que la veille, Tino V., jeune menuisier, est découvert mort dans une mare qui, dit-on, n’est pas du tout profonde. Pour ses amis, la profondeur insignifiante de ce cours d’eau ne saurait donc entraîner un décès par noyade. Les potes du défunt concluent que sa mort est suspecte. Manipulée par des mains sorcières. Ils prennent, alors, la ferme décision de porter son cercueil. Histoire, poursuivent les témoins, de démasquer ses bourreaux, comme on le voit souvent dans nos contrées.

Rapidement, des volontaires se désignent et portent le cercueil sous les cris de la foule. Ces jeunes, dégoulinant de sueur, font des incessants va-et-vient. Mais, une fois enfin au cimetière, il est impossible de procéder à l’inhumation. Puisque le corps de Tino V. refuse de prendre place dans la dernière demeure qui lui est réservée. Tous ceux qui l’accompagnent n’ont même pas le temps de se poser des questions, que le cercueil obligent ses porteurs à rebrousser chemin, à vive allure et se retrouve dans les rues du village.

Là, il prend la direction d’une maison inachevée à l’intérieur de laquelle, se trouvait l’octogénaire N.A., qui s’y serait cachée. Le cercueil, à l’étonnement général, contraint les porteurs à foncer sur la vieille femme, à qui il porte de violents coups. Dame N.A., par ailleurs tante du défunt, se retrouve à même le sol. Plus déterminés que jamais et convaincus que c’est elle qui est à l’origine de la mort de son neveu, les porteurs, sans aucune autre forme de procès, déposent, tout simplement, le cercueil sur elle.

Et ce qui devait arriver, arriva. Dame N.A. trouve la mort. C’est donc après s’être « vengé » que Tino accepte enfin de se faire inhumer. Il était environ 19h.

Ravel B ( Correspondant)

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