05302023Headline:

Après cinq ans de répression, «il ne reste plus rien de la démocratie nicaraguayenne»

Le 18 avril 2018, les étudiants nicaraguayens lançaient un vaste mouvement de contestation contre un projet de baisse du montant des retraites et contre le gouvernement. Des manifestations durement réprimées par le régime de l’ancien guerillero Daniel Ortega. Au moins 355 personnes sont mortes, d’après la Commission interaméricaine des droits humains. Tous les opposants sont en prison, y compris un important évêque ; ou en exil, à l’image de plus de 200 d’entre eux, expulsés du pays en février cette année et déchus de leur nationalité.

Cinq ans après, que reste-t-il de la démocratie nicaraguayenne et de l’opposition ? « Plus rien dans la mesure où, d’une part, le pouvoir a été littéralement verrouillé par le couple Ortega – sa femme Rosario Murillo et Daniel Ortega lui-même –, tous les pouvoirs sont aujourd’hui à la botte du couple présidentiel, analyse Kevin Parthenay, professeur de sciences politiques à l’université de Tours et spécialiste de l’Amérique centrale, au micro de Justine Fontaine. Et puis, il ne reste littéralement plus rien de l’opposition dans la mesure où tout opposant soit est arrêté et mis en prison, soit comme on l’a vu, est libéré, n’est plus en prison, mais se voit forcé à l’exil, se voit retirer sa nationalité. Ce que l’on voit aujourd’hui, encore une fois dans le pays, c’est d’autres verrous qui sautent, notamment vis-à-vis de l’Église catholique dans le pays qui avait un poids extrêmement fort. »

« Pour le régime, tout représente un risque aujourd’hui »
Même les processions religieuses de Pâques ont été interdites. « Pour le régime, cela représente un risque, commente Kevin Parthenay. En réalité, pour le régime, tout représente un risque aujourd’hui. Et les processions sont considérées comme potentiellement dangereuses dans la mesure où c’est une occupation de l’espace public qui peut dériver en une critique du régime ou finir par avoir une expression politique. »

Début avril, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, s’était dit « gravement préoccupé par la détérioration de la démocratie, de l’état de droit, de la séparation des pouvoirs et de la situation des droits de l’homme au Nicaragua ». Et avait voté pour prolonger et renforcer une mission d’enquête sur le Nicaragua. Exceptionnellement, le Conseil a décidé de renouveler le mandat de la mission d’enquête pour deux ans au lieu des douze mois habituels, et de renforcer sa feuille de route, notamment pour examiner la décision du gouvernement de priver des centaines d’opposants de leur nationalité. Une décision saluée par les organisations de défense des droits humains.

 

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