Félix Anoblé, député de San-Pedro commune, a été l’auteur du préalable qui a tout bloqué mardi, à l’Assemblée nationale
On en sait un peu plus sur les raisons qui ont poussé des députés à poser un préalable le mardi dernier et à bloquer l’adoptioon en Commission du projet de projet de budget portant loi de Finance 2018 de l’Etat de Côte d’Ivoire. L’auteur du préalable, l’honorable Félix Anoblé, explique tout.
Le préalable des députés membres de la Commission des affaires financières visait le président de l’Assemblée nationale. En demandant « à voir clair » dans la gestion du budget du Parlement avant d’adopter le budget de l’État ivoirien, les députés disent vouloir appliquer, en leur sein, la bonne gouvernance. Leur demande, hier mardi 12 décembre 2017, au commissaire du gouvernement, n’est pas fortuite. Selon un député avec qui nous avons échangé par téléphone, suite au blocage du budget, Soro aurait introduit auprès du gouvernement une demande de rallonge du budget du Parlement à hauteur de 1,5 milliard de Fcfa. Une telle somme devrait servir à couvrir des dépenses du chef de Parlement pendant des missions à l’extérieur. « Pendant qu’on parle de bonne gouvernance, notre institution fonctionne en toute opacité depuis des lustres. Pour nous, il est important de savoir comment se gère notre budget », souffle ce député.
Le parlementaire auteur du blocage, Félix Anoblé, nous a expliqué en détail, par téléphone, les raisons de sa démarche, motivée, dit-il, par un souci d’application des textes du Parlement. Il estime en effet que le budget de l’Assemblée nationale doit être connu de la Caef. « Contrairement à l’ensemble des structures qui sont contrôlés par les services de l’État, l’Assemblée nationale est la seule institution que personne n’a le droit de contrôler. Seule la Caef a le droit de contrôler l’Assemblée nationale. Or, tel n’est pas le cas », a-t-il déclaré. Anoblé Félix indique, par ailleurs, qu’il s’agissait, pour eux, de dire non afin d’amener le Parlement à respecter ses propres règles. « Mon souci est basé uniquement sur le respect de la bonne gouvernance. Et ces règles nous demandent de respecter les règles édictées. C’est l’Assemblée nationale qui vote les textes et elle ne peut violer elle-même les siens. C’est déplorable qu’on en arrive là », a-t-il regretté. Un autre député présent à la réunion a révélé « une mauvaise gestion du budget de l’Assemblée nationale ». « Notre président ne rend compte à personne. Il dispose de ce budget comme bon lui semble. Il faut mettre un terme à cela », a dénoncé ce député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Un autre député, qui a requis l’anonymat, « dénonce des manœuvres contre le président de l’Assemblée nationale ». « Nos collègues sont en mission », déclare ce député proche de Guillaume Soro. « Soro a toujours été transparent. Il n’a rien à se reprocher. Nous sommes à la deuxième législature depuis qu’il est président de l’Assemblée nationale et c’est maintenant qu’on veut voir clair dans le budget. Allez-y comprendre quelque chose », a indiqué notre interlocuteur. Rendez-vous est pris pour vendredi pour poursuivre les discussions.
Y. DOUMBIA
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