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Bruno Koné à propos de son mariage avec la nièce du Président: « je n’ai pas droit à l’erreur»

mariage bruno koné

 

Bruno Nabagné Koné a accordé beaucoup d’interviewes et fait de nombreuses déclarations et prises de parole depuis le 11 Juin 2011 date de son entrée au gouvernement, et de sa désignation comme porte- parole du gouvernement. Mais cette interview avec l’IA est exclusive et inédite, parce qu’elle est la première dans laquelle, il aborde avec transparence, sincérité et vérité des sujets considérés comme tabous. Loin des rumeurs et des ragots, le natif de la Bagoué parle avec son cour, et avec raison. Il profite de cette interview pour jeter un regard sur l’actualité so-ciopolitique nationale et internationale

A première vue, vous semblez réservé et parfois inaccessible Monsieur le ministre…..

C’est vrai que je suis quelque peu réservé. Je suis effectivement peu démonstratif en général, peu expansif, peu bavard. Mais en revanche, je pense être très accessible pour mes collaborateurs, pour la presse, pour les populations, etc.

Peut-on considérer que Koné Bruno est aujourd’hui le chouchou du Président de la République ?

Pourquoi le serais-je?

C’est un secret de polichinelle: vous avez épousé la nièce du Président de la République. Cela ne vous donne-t-il pas certains avan-
tages ? C’est à dire un statut particulier auprès du chef de l’Etat ?

Ceux qui le pensent se trompent tout simplement. Le Président Alassane Ouattara a un fonctionnement très moderne, qui fait une séparation nette entre le travail et la vie privée. Donc il n’y a pas de mélange des genres. Je suis membre du Gouvernement et il est mon Patron. Je pense même au contraire, que la proximité dont vous parlez m’impose plus de contraintes que de privilèges, parce que dans cette position, je n’ai pas droit à l’erreur et je sais aussi que je serai jugé plus sévèrement que les autres ministres. Mais je suis très à l’aise avec cela. Vous savez, j’ai plus de 50 ans, et en dehors des trois dernières années, j’avais toujours travaillé dans des environnements où seul le travail et les résultats comptent. Donc je travaille et je ne compte que sur mes compétences, mon expérience, ma détermination… pour mériter ma place au gouvernement
Il se raconte que vous avez quitté votre deuxième épouse au profit de l’actuelle la nièce du Président afin d’assurer et de fortifier ainsivotre place au sein du gouvernement. Que répondez-vous à cela ?

Vous savez, je n’aime pas parler de mavie privée, mais la question que vous posez m’étant souvent revenue, je vais vous répondre en toute franchise ; Ce n’est pas vrai. Au moment où j’ai connu mon épouse actuelle, j’étais déjà séparé de mon ex-épouse depuis plusieurs années. Quand j’entrais au Gouvernement, je ne connaissais pas non plus celle avec qui je vis aujourd’hui. On ne peut donc pas dire que cela a été un critère pour y entrer. Il faudrait vraiment être naïf pourpenser que ce seul lien peut assurer une place dans un gouvernement du Président Alassane Ouattara. Je vais aussi vous faire noter un seul fait ; depuis que j’ai été appelé au gouvernement en juin 2011 et trois ans et demi après, mon ex-épouse n’est jamais revenue en Côte d’Ivoire, même pas dans les premiers jours qui ont suivi cette nomination. Vous pensez vraiment que s’il n’y avait pas de problème avant, elle ne serait pas revenue, ne serait-ce qu’une seule fois à Abidjan ? Je n’en dirai pas plus par égard pour celle qui est la mère de mes grands enfants.

Ce mariage vous a valu le surnom de « Gendre de la République ». Qu’est ce que cela vous fait ?

Je n’ai pas besoin de surnom. Je n’aime pas les surnoms de façon générale.

Vous êtes chrétiens et vous avez épousé une musulmane. Est-ce facile pour chacun de pratiquer sa religion? Quelle éducation religieuse, donnerez-vous à vos enfants ?

Nous sommes aujourd’hui au 21ème siècle et je pense qu’il suffit d’un peu de tolérance dans sa pratique religieuse, pour vivre avec quelqu’un qui a une religion différente. En tout cas dans mon couple, tout se passe bien.

Porte-parole du Gouvernement, devenu le gendre du Président de la République, pensez-vous que votre parole est encore crédible ?
Pourquoi elle ne le serait pas ?

Je voudrais à nouveau insister sur le fait qu’il faut juste savoir faire la part des choses entre la mission publique que nous exerçons et ce qui relève de la vie privée. Pour ma part, les choses sont très claires. Je ne pense pas que quelque chose ait changé dans la façon dont je m’acquitte de cette mission de porte-parole. Je continuerai aussi longtemps que j’aurai la confiance du Chef de l’Etat et du Premier Ministre, de l’exercer avec la plus grande rigueur et le plus grand sérieux, dans l’intérêt de notre pays et celui des populations ivoiriennes.

Mais n’y a-t-il pas de risque de chevauchement entre votre fonction de porte-parole du Gouvernement, (et non du chef de l’Etat) et celle de votre épouse, responsable de la communication du Président de la République (qui porte la parole présidentielle, dans un
style différent de la manière dont vous portez la parole gouvernementale) ?

J’aurais préféré que vous posiez la question autrement, que vous parliez simplement du rôle du porte-parole du gouvernement comparé à celui des services de la communication de la Présidence. Mon rôle à moi est de défendre l’action du Gouvernement, de présenter et d’expliquer son action, ainsi que ses choix et ses décisions. Naturellement, cela peut amener à évoquer des sujets qui concernent
directement le Président de la République, tout simplement parce qu’il est le patron de l’exécutif, que c’est sa vision que le gouvernement met en oeuvre et qu’il est le premier concerné par l’action du Gouvernement.
Les services de communication de la Présidence ont à ma connaissance, des missions plus spécifiques, notamment l’image du Chef de l’Etat, sa relation avec les populations et l’image, de façon plus générale, du pays.

Koné Bruno est-il bien introduit dans la culture Sénoufo ?

Ce n’est pas à moi de le dire. Je suis Sénoufo, et bien que n’ayant pas grandi au village, je baigne dans cette culture riche, qui porte des valeurs importantes que j’essaie d’appliquer tous les jours.

On vous prendrait pour un métis…

Mon père est Sénoufo et ma mère (pais à son âme) l’était également. Mon teint résulte probablement d’un mélange ancien, mais il ne suffit pas à cacher ma sénoufoïté (rires)…

Entretenez-vous de bons rapports avec les cadres de votre région ?

De façon générale, les choses se passent très bien. J’ai leur confiance et je m’efforce d’être un soutien pour chacun. J’ai dès ma nomination engagé des actions de réconciliation à l’échelle de la région, j’ai soutenu l’action des mutuelles de développement des villages et sous-préfectures, j’essaie d’être force de propositions tout en mettant un accent particulier sur les questions de développement et d’amélioration des conditions de vie de nos populations. Ce discours de mieux en mieux entendu, y compris par les responsables politiques de la région. Et au-delà, j’essaie de rester dans une posture de sincérité, de franchise et de droiture, ce que beaucoup apprécient.

Qu’en est-il au niveau de vos populations ?

J’ai de très bons rapports avec les populations, je leur rends visite régulièrement, Je suis présent à leur côté, aussi bien dans les moments de réjouissances que lors d’événements tristes. J’essaie, autant que possible, de leur apporter mon soutien, et d’être leur avocat au niveau des décideurs à Abidjan, auprès du chef de l’Etat, du Premier ministre, de mes collègues ministres, etc.

Comment gérez-vous votre lien de parenté avec le ministre Koné Dossongui qui a été très proche de l’ancien dirigeant de la Côte d’Ivoire ?

Koné Dossongui est un parent. Par contre, j’ai mes convictions propres, ce qui explique que nos chemins au plan politique se sont séparés il y a quelques années. Aujourd’hui je crois comprendre qu’il est conscient de s’être trompé, ce qui l’a amené à prendre du recul au plan de la vie politique de notre région. Il a assuré publiquement qu’il ne ferait rien qui puisse contrarier l’action politique que nous menons dans la région en faveur du RDR et du Président Alassane Ouattara. Je m’en tiens à cet engagement. C’est un homme d’affaires talentueux, et je lui souhaite plein succès dans ce domaine, à moins qu’il ne décide de nous rejoindre au plan politique(rires).

En quoi soutenir Laurent Gbagbo ou Henri Konan Bédié peut-il être considéré comme une faute, une erreur ?

C’est simple à mes yeux ; avant les élections de 2010, des personnes ont fait des paris qui avaient chacun leur cohérence. Si à l’arrivée, certains n’ont pas le résultat qu’ils escomptaient, on peut en déduire qu’ils se sont trompés. N’est-ce pas ? C’est le sens de mon propos, chacun étant bien sûr libre d’avoir ses convictions propres et de suivre qui il veut.

Après Ouattara, d’autres diront aussi que vous avez fait un mauvais choix…

Je ne comprends pas votre question.

Pour le moment, le Président Alassane Ouattara est là, il fait du bon travail, il sera certainement réélu en 2015. Cette réélection et ce deuxième mandat seront le couronnement de sa riche carrière d’économiste, de financier et aujourd’hui d’homme politique. 2020 est encore loin, et d’ici là, nous avons le temps d’observer et de faire le moment venu, le choix qui paraitra le meilleur pour notre pays.
Je suis de facto membre du RHDP et vous n’ignorez pas que nous travaillons à la mise en place d’un parti unifié. En 2020, à l’intérieur de ce parti, je pense que nous saurons nous rassembler autour de la personnalité la plus en mesure de poursuivre l’ouvre gigantesque laissée par les Présidents Houphouët-Boigny, Konan Bédié et Alassane Ouattara.

Même si Laurent Gbagbo revient et qu’il est pressenti être le meilleur, le suivrez-vous ?

Chacun jugera le moment venu, mais en ce qui me concerne, il n’y a aucune ambiguïté, je soutiendrai le candidat du RHDP.

Vous avez été un Rotarien très actif à Abidjan-Biétry, à Issy-les-Moulineaux. Est-ce que vous êtes disponible depuis votre entrée au
gouvernement pour des activités de ce club-service?

Je suis Rotarien depuis 1996. Je me suis engagé dans ce mouvement essentiellement pour rendre service. Le Rotary a pour vocation de servir d’abord, de soulager la peine des personnes en difficulté, de promouvoir le partage avec les moins nantis, de travailler à la
construction d’un monde plus solidaire et plus juste… J’ai été président du Club Abidjan-Biétry en 2002/2003, et j’étais le président élu du club d’Issy-les-Moulineaux pour le mandat 2012/2013 quand j’ai été appelé au gouvernement. Aujourd’hui, c’est forcément plus difficile pour moi d’être régulier aux réunions et aux cérémonies. Je garde néanmoins mon âme caritative, je reste sensible à l’appel de l’autre et J’essaie dans la mesure de mes possibilités d’apporter du réconfort aux personnes dans le besoin, principalement dans ma région d’origine, qui comme vous le savez, est l’une des plus pauvres de notre pays.

L’actualité c’est aussi l’arrestation puis la relaxe de votre ancien collaborateur, Arthur Aloco, accusé de détournement. Cela n’est-il pas lié au différend qui a existé entre vous ?

Le différend entre nous est clos depuis près de deux ans. Il est définitivement effacé de ma mémoire. S’agissant de l’actualité que vous évoquez, permettez que je ne fasse pas de commentaire, tout simplement parce que je n’en sais ni les tenants ni les aboutissants, et que je ne souhaite pas me mêler d’une affaire qui est devant la Justice et qui ne me concerne pas.

Quelles sont vos passions?

Premièrement, mes charges actuelles me laissent très peu de temps. Il y a la charge ministérielle, le porte-parolat, les activités de terrain, les visiteurs du soir et du week-end, etc. Quand on a des journées de travail de plus de 10 heures tous les jours, il reste très peu de temps pour les loisirs. Mais, dans la mesure du possible, je fais du sport, je lis, surtout des ouvrages ou des sujets sur l’histoire contemporaine, sur la marche du monde, sur les grands hommes qui ont marqué notre histoire. Je m’intéresse également à l’astronomie, à l’aviation…
J’écoute de la musique, je regarde la télévision, notamment l’actualité, les débats, les sujets politiques, etc. Voyez, rien d’exceptionnel…

Et qu’est-ce que vous aimez manger ?

Je suis en général un petit mangeur, ce qui me rend peu exigeant en la matière. Je n’ai pas vraiment de préférence, je consomme les plats africains avec le même plaisir que les plats européens.

Nous avons suivi à travers la presse, l’assassinat de plusieurs de nos confrères en France par des terroristes. Quel est votre com-
mentaire ?

Ce qui s’est passé est évidemment inacceptable. C’est horrible, et cela va contre le bon sens. Nous sommes au 21ème siècle, et on ne peut pas comprendre qu’on tue une personne au nom de Dieu, que l’on tue quelqu’un pour ses idées, quelles qu’elles soient. Je pense que notre monde a besoin de plus de tolérance entre les hommes. Nous devons lutter contre les sectarismes, les extrémismes,la violence, en particulier dans les domaines religieux et politique… J’observe aussi que la question de l’islamisme radical prend des proportions qui en font désormais un problème mondial. Il suffit de regarder sur une carte du monde les zones actuelles de conflit, pour comprendre qu’il faut face à ce fléau, une riposte mondiale organisée. Celle-ci peut prendre une forme militaire ou sécuritaire, mais pourquoi
pas, même si cela peut paraitre quelque peu utopiste, la forme d’un dialogue à grande échelle entre l’occident et les réseaux islamistes qui agissent à travers le monde. Ce serait une erreur d’occulter le fait que les extrémismes enregistrés un peu partout dans le monde sont sou vent une réaction, inappropriée certes, au manque de justice, de dialogue, d’espérance ou d’avenir pour les personnes
concernées, en particulier pour les plus jeunes.

Quelles sont aujourd’hui les valeurs que vous comptez transmettre à vos enfants ?

Ce sont les valeurs que je pense modestement porter moi-même. Des valeurs comme l’humilité, la loyauté, le travail, la rigueur, le sérieux, la responsabilité, la primauté de l’intérêt général, etc.

La Côte d’Ivoire se reconstruit, et notre génération, celle qui est aujourd’hui autour du Président Alassane Ouattara, se doit de laisser à nos enfants un héritage conséquent, qu’il leur reviendra de préserver et de faire fructifier. Sans effort et sans valeurs, cela va être difficile.
Réalisée par Dosso Villard
Suite et fin demain

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