Pascal Affi N’Guessan dispose d’une très faible minorité au sein de l’Assemblée nationale ivoirienne. Ce n’est pour autant pas que l’opposant entend passer inaperçu lors des sessions parlementaire. Le Député de Bongouanou a d’ailleurs voté contre le projet de loi de finance portant Budget 2019, le 27 décembre dernier. Il donne les raisons de son opposition.
Le Député de Bongouanou commune a pleine mesure du rôle qu’il entend jouer au sein du Parlement ivoirien. Même si ses choix ne vont pas totalement changer le cours des choses dans le vote des Députés ivoiriens, n’empêche que le président d’une frange du Front populaire ivoirien (FPI) compte donner son opinion sur tous les projets ou propositions de lois qui seront soumis à l’Assemblée nationale lors des séances parlementaires.
Le vote de la loi de finance portant Budget 2019 a été l’occasion pour l’ancien Premier ministre ivoirien de donner, selon lui, l’état de l’économie ivoirienne. En dépit de la croissance avoisinant les deux chiffres, dont ne cesse de se vanter le pouvoir d’Abidjan, la situation économique que dépeint le candidat malheureux à la Présidentielle de 2015 est on ne peut plus alarmant.
Pour lui, l’économie de la Côte d’Ivoire est sinistrée et donc le budget 2019, qui s’équilibre en recettes et en dépenses à 7334,3 milliards de FCFA, n’est pas réaliste. Il en donne les indices à travers ses explications qui suivent
Affi N’Guessan s’explique sur son vote contre le budget 2019
J’ai voté contre le projet de loi de finances portant budget de l’État de l’année 2019, parce qu’il est calqué sur des bases qui ne me paraissent pas solides, des hypothèses irréalistes. Le gouvernement a été trop optimiste en pensant que l’économie est en bonne santé et que le BTP va accroître de 20%, l’agroalimentaire de 8% etc. alors que la réalité que nous vivons est que l’économie est sinistrée. La filière café-cacao broie du noir. L’hévéa et l’anacarde ne s’achètent pas. On ne peut pas dire que tout va bien et que les données financières vont s’améliorer.
En ce qui concerne l’environnement politique qui est un facteur important, on a vu son impact en 2017 avec les mutineries et la saignée financière que ces mutineries ont occasionnée, l’impact négatif sur l’économie ivoirienne que cela a produit, on ne peut pas dire qu’en 2019, la situation sera calme, que les perspectives sont bonnes.
Ce n’est pas aussi parce qu’on a voté le Senat, on a libéré 800 prisonniers politiques, alors qu’on sait qu’il y a des questions politiques qui sont encore sans réponse et qui vont impacter l’environnement socio-politique, notamment la question de la réforme de la CEI ou du code électoral, la question de l’éligibilité du chef de l’État actuel, de sa participation éventuelle aux élections, la question du Rhdp avec tous ces remous qu’on observe depuis peu. Ce sont des données qui auront un impact sur les finances du pays. Or ces éléments n’ont pas été pris en compte.
Ensuite quand on regarde, les ressources qui sont prévues, elles ne nous paraissent pas soutenables. On recourt toujours à un endettement excessif. Les recettes fiscales ne progressent pas par manque d’un recouvrement efficace. Les ventilations de ces ressources sont aléatoires et illisibles. On ne comprend pas la logique des ventilations des ministères.
Un ministère aussi important comme celui de la Santé n’a pas suffisamment de moyens, les collectivités territoriales n’ont pas suffisamment de ressources, alors qu’au niveau de la présidence on maintient un budget de près de 95 milliards Fcfa, à l’intérieur duquel 13 milliards seront consacrés à la réfection de l’esplanade. Alors qu’avec ces 13 milliards on peut réaliser plus de 1,5 millions de tables bancs. On peut acheter plus de 500 ambulances pour les hôpitaux. On peut avoir des milliers de salles de classes. Donc quand on ne comprend pas cette répartition qui ne cible pas les secteurs essentiels du pays, on ne peut pas s’engager à voter ce budget.
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