En Colombie, les pourparlers de paix engagés par le président de gauche Gustavo Petro avancent tant bien que mal. Le groupe armé dit de l’EMC, qui se réclame de l’ancienne guérilla marxiste des Farc, devrait annoncer ce dimanche 16 avril le nom de ses négociateurs de paix. Mais Il y a deux jours, l’EMC accusait l’armée de violer le cessez le feu bilatéral en vigueur depuis le 1er janvier.
En septembre 2016, quelques centaines de guérilleros des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) refusaient de signer la paix et de rendre leurs armes. Ils se font appeler aujourd’hui l’État-major central (EMC) et comptent plus de 3 000 combattants en armes, déployés essentiellement sur la côte Pacifique, à la frontière avec le Venezuela et dans le sud du pays. Sous le commandement d’ « Ivan Mordisco » (« Ivan la morsure », que l’armée déclarait avoir tué en juillet 2022), les dissidents EMC-Farc ont fédéré ces derniers mois au moins trois autres fronts opérant hors du Caqueta, fief historique de la guérilla marxiste.
Grand «forum» de l’EMC à San Vicente del Caguan
Depuis le début du mois, les chefs militaires de EMC sont réunis dans la savane de la région de San Vicente del Caguan, un des bastions historiques des Farc pour – disent-ils – écouter la population locale et définir une position commune, rapporte notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. L’organisation organise ce dimanche un grand rassemblement avec les « communautés », « gardes paysannes » et autres organisations rurales de ces régions sous contrôle rebelle, précise l’AFP qui a été conviée à ce rassemblement. « Les communautés nous ont invités pour clarifier le processus (de paix) en cours avec le gouvernement », a assuré le commandant Andrey Avendano.
Pour mémoire, à l’initiative du président de gauche Gustavo Petro, un cessez-le-feu bilatéral de six mois a été convenu depuis le 1er janvier avec plusieurs groupes armés dont l’ELN (Armée de libération nationale), les principales factions de la dissidence des Farc et d’autres groupes armés liés au narcotrafic. C’était l’une des promesses de campagne du nouveau président colombien. Un cessez-le-feu qui connaît nombre de violations, comme ce fut le cas avec l’ELN en mars, et depuis suspendu avec les narcotrafiquants du Clan del Golfo.
Un pas en avant, un pas en arrière
En milieu de semaine dernière, le gouvernement a annoncé que le processus de paix avec l’EMC-Farc se « consolidait ». Une réunion s’est tenue le 12 avril, en présence de représentants de la communauté internationale, avec une quinzaine de commandants de ce groupe rassemblés dans la région de San Vicente del Caguan (sud-ouest). La justice colombienne a suspendu les mandats d’arrêt contre 19 des principaux chefs de la guérilla dissidente.
Mais ces discussions n’empêchent pas des accrochages ponctuels avec l’armée. Vendredi 14 avril, la guérilla a dénoncé des violations du cessez-le-feu, notamment les 11 et 12 avril, respectivement dans les départements du Cauca (sud-ouest) et d’Arauca (nord-est). Le premier a fait deux morts dans ses rangs par les tirs des militaires.
Malgré ces tensions, les chefs militaires de l’EMC-Farc ont affirmé samedi que « toutes les unités de l’organisation ont exprimé leur volonté de paix dans l’intérêt du peuple ». L’EMC-Farc propose au gouvernement de tenir réunion en Norvège et devrait annoncer le nom de ses négociateurs ce dimanche.