04202024Headline:

Conflit sanglant entre Burkinabè et Guéré / Un sous-préfet prévient et fait de graves révélations ; Ce qu’il dit..

sous prefet ouest

Un conflit sanglant, ayant fait plusieurs blessés graves dans les villages de Kouadeguezon ( Bloléquin) et Kpobly-Douhozé ( Toulépleu) a éclaté, récemment, impliquant Burkinabè et autochtones Guéré.

Un calme relatif règne en ce moment, mais le feu couve toujours sous la cendre. Barro Arouna, sous-préfet de Péhé, que nous avons rencontré, explique les fondements de ces affrontements et tire la sonnette d’alarme quant au danger qui plane sur l’équilibre de l’ouest…

Quels sont les fondements du conflit qui a éclaté récemment entre les populations de votre sous-préfecture et celles de Bloléquin ?

Tout est parti d’un conflit foncier qui opposait deux familles. En principe, la parcelle se trouvant à Kouadéguézon, objet du litige, le dossier devait être géré par le Sous-préfet de Bloléquin. Avec la permission de mon collègue de Bloléquin et l’assentiment de la famille Yakoui, j’ai traité ce dossier. La famille Monhiro réside dans ledit campement il y a plus de 50 ans. Il y a une jouissance continue de la parcelle depuis près de 50 ans. A partir de ce moment, la propriété foncière, si on tient compte de la loi sur le foncier rural, revient à la famille Monhiro de Kpkobly-Douhozé.

C‘est sur cet espace qu’il y a eu une transaction faite par les gens de Kouadéguézon au profit des Burkinabè ?

En fait, ce sont les transactions foncières qui sont à la base de tous les malheurs qui arrivent dans la région. Quand bien même, on demande à nos parents de faire en sorte que ces transactions n’existent pas, c’est peine perdue. Depuis qu’on a commencé à vendre les terres, nous les autorités de cette zone avons du pain sur la planche. Il semble que les Monhiro de Kpobly-Douhozé ont vendu des terres à des Burkinabé. Selon M. Yakoui Désiré, vu que ce sont eux qui ont cédé la parcelle à la famille Monhiro de Kpobly-Douhozé, ils doivent avoir leur part dans toutes transactions. C’est de là que le problème est parti.

Il y a donc eu des affrontements qui ont fait des blessés graves et des prises d’otages de part et d’autre ?

Oui, c’est cela ! Pour les affrontements, quand on a fait la dernière séance de règlement de litige, il y a eu un Procès Verbal (P.V.) qui a sanctionné la réunion. J’ai dit aux parties : tant que vous ne recevez pas le PV, vous vous gardez d’aller sur l’espace. Il semble qu’avant que le Pv ne parte aux destinataires, M. Ouhossé Robert est allé sur la parcelle. Sur une portion, il a vu qu’il y avait des allogènes burkinabé sur l’espace en train de travailler. Voulant se faire justice, il a arrêté quatre ( 4) de ces individus et les a conduits jusqu’à Dénan. Cela a suffi pour que des interprétations soient faites. On a dit qu’ils ont été enlevés. En représailles, ceux de Kouadéguézon ont pris, eux aussi, quatre (4) allogènes burkinabè, qui travaillent pour les Monhiro en otages.

Qu’avez-vous fait alors pour mettre fin à cette escalade ?

Le Sous-préfet de Bloléquin et moi-même avons décidé de mener une campagne d’information et de sensibilisation pour la paix. On a fait les échanges d’otages et nous avons convenu que pour le règlement de ce dossier, il faut une concertation entre les cantons Nidrou et Boho. Pour la question de la délimitation des villages, il faut cette concertation. Une date a même été retenue. On en était là. C’était un samedi. Puis, le mercredi suivant avait été choisi pour la concertation avec les belligérants et les chefs des communautés. Mais, malheureusement, cette concertation n’a pas eu lieu par la faute de certaines de mes administrés. Ils ont estimé qu’avec la tension qui prévalait, il y avait un problème de sécurité.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Avant-hier (vendredi 12 juin 2015, Ndlr), j’ai reçu le chef de village central de la Sous-préfecture. Cette concertation est encore à l’ordre du jour. Présentement, il n’y a rien de particulier. Il règne un calme précaire. Le feu couve toujours.

On parle d’allogènes burkinabè qui s’installent en masse et de force avec les armes. Quelle est la situation de façon globale ?

De force ? Non ! C’est avec la bénédiction de nos parents qu’ils viennent. Sinon, sur quelle base vont-ils venir s’installer de force dans une région? Ce n’est pas vrai. Quand ils viennent, ils ont des tuteurs qui sont des autochtones. A partir de ce moment, on ne peut pas dire qu’ils s’installent de force avec des armes.

Cette question foncière, pensez-vous qu’elle est une réelle menace pour l’équilibre de l’ouest ?

C’est une réelle menace. Je peux dire que l’ouest est menacé. Il faut régler en urgence la question foncière à l’ouest et plus particulièrement dans les départements de Bloléquin et Toulépleu. Il ne faut pas jouer avec cela. C’est un réel danger pour l’équilibre de la région. Le préfet du département de Toulépleu (Ndlr Diarra Karim) en visionnaire, a pris un arrêté pour dire d’arrêter toutes les transactions foncières. Quand je prends le cas de ma sous-préfecture, le préfet Karim Diarra avait convoqué une grande réunion à Toulépleu. A cette réunion, il y avait même un représentant du Consul du Burkina Faso.

Ne pensez-vous pas à des mesures contre ceux qui violent cet arrêté ?

Quand des cas nous sont soumis, nous menons les enquêtes et quand le fait est avéré, nous conduisons les concernés devant la Gendarmerie. Au niveau de la sous-préfecture de Péhé, quand il y a des cas comme celà, on les soumet à la brigade de Gendarmerie. Je lance un appel aux populations, aux élus et aux cadres. Nous sollicitions le concours de tous pour que le calme soit inscrit dans la durée. La paix doit s’inscrire dans la durée. La question foncière est une question très délicate. En tant qu’autorités administratives du département de Toulépleu, nous faisons ce que nous pouvons. Quand des gens revendiquent des portions de terre, c’est pour les brader.

A combien sont vendues ces terres ?

Ils peuvent vendre un hectare à 100.000 Francs. Ce qui est malheureux, ils peuvent vendre jusqu’à 15 hectares qui ne leur appartiennent pas. L’autre combat que je vous demande de mener avec nous, c’est comment amener nos jeunes à travailler. Parce que les jeunes font partie de ceux qui bradent les terres. Comment comprendre qu’un jeune vende la terre à un autre jeune ? C’est dommage ! Les jeunes doivent nous aider. Je lance cet appel aux jeunes : Mettez-vous au travail.

Est-ce qu’ils ont connaissance de l’existence d’une loi sur le foncier rural ?

Ce serait de la mauvaise foi de dire, aujourd’hui dans le département de Toulépleu et plus précisément dans la sous-préfecture de Péhé, qu’on ne sait pas qu’il y a une loi sur le foncier. Ils savent. Mais, c’est de la mauvaise foi. On confond la propriété foncière et la délimitation des villages. Avec la Lidho, les Ong, on a fait passer ce message plusieurs fois. Ils ont pris part à des formations. Les chefs de village doivent aussi nous aider. Ils ne peuvent pas être ignorants de ce qui se passe. Qu’ils nous aident. Ils ne sont pas impliqués mais ils sont passifs devant les situations.

Avez-vous un mot à l’endroit du gouvernement en ce qui concerne la situation qui menace l’équilibre de la région ?

Les choses sont simples de mon point de vue. Il faut qu’on applique la loi de façon rigoureuse. Cette loi est enviée de part le monde. Elle est issue d’un consensus national. Si on l’applique, on va s’en sortir sans problèmes. Le gouvernement a fait sa part, les députés aussi. Maintenant, c’est la bonne foi de ceux qui doivent l’appliquer sur le terrain qui est en jeu.

Réalisée par Armand B. DEPEYLA (Envoyé spécial à l’ouest)

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