Principale point d’achoppement dans la Constitution de 2000, la question de l’éligibilité cristallisée par la célèbre bataille entre le ‘’et’’ et le ‘’ou’’ a été marqué de rebondissements. Lors d’un débat vendredi dernier, Ouraga Obou a fait des révélations sur le sujet.
Lors d’un diner-débat consacré à la Constitution le vendredi dernier, Ouraga Obou a livré des détails sur le référendum de 2000. Le proche de Laurent Gbagbo est notamment revenu sur la question des conditions d’éligibilité à la présidence de la République avec la célèbre bataille entre le ‘’et’’ et le ‘’ou’’ qui devait établir s’il fallait être de père ET de mère ivoiriens pour être candidat à la présidence ou plutôt, de père OU de mère ivoiriens.
Je ne voudrais pas qu’on fasse le procès du général Guei, paix à son âme, mais je pense aussi que la génération que vous êtes, vous avez besoin de connaitre la vérité c’est aussi bon vous-même. Succinctement, au niveau de la sous-commission constitution, les débats qui en ont résulté c’est le « et » au lieu du «ou».
Moi j’avais proposé le « ou » mais la majorité a voté « et » on a retenu donc le « et ». Et puis le général Guei a convoqué tous les partis politiques au palais présidentiel, et chacun a pris la parole, j’y étais et il a dit « au nom du président Félix Houphouet Boigny, j’enlève le « et » et je mets « ou». Il est même venu vers moi et il a dit qu’est-ce que tu en pense ? Je lui ai dit « c’est bien ». Et c’est ce texte là avec « ou » qui a été publié au journal officiel. Et chacun a battu campagne et le RDR a appelé à voter « Oui » au référendum.
La campagne pour le referendum a commencé un vendredi et le samedi matin, le général Guei nous a appelés au palais. Le professeur Wodié, monsieur Wodji et Moi-même et il nous a dit « j’ai décidé d’enlever « ou » pour mettre « et ». Je le dit parce que ces acteurs-là vivent encore. Donc si je mens ce soir, ils pourront démentir. Le président Wodié a pris la parole et a dit « dès lors que le texte a déjà été publié au journal officiel, la campagne a commencé, il ne faut plus l’enlever. » il m’a donné la parole j’ai dit la même chose. Il a donné la parole à monsieur Wodié et il a dit la même chose. Le général a pris la parole et a dit à ces jeunes gens « jeunes gens, le vin est versé, il faut le boire donc on garde le ou ».
Quand nous sommes sortis de là, J’ai dit au professeur wodié que les militaires-là vont changer. Il faut enlever le « ou » et mettre le « et ». Il m’a dit non ce n’est pas possible. Je lui ai dit « il nous a appelé devant les civils pour dire que voici deux grands professeurs de l’université qui viennent pour dire qu’on peut changer. Comme on a dit non, ils vont changer. Il dit non. Nous sommes entrés, samedi à 13h au journal il n’y a rien eu, à 20h il n’y a rien, dimanche pareillement et je me suis dit, le professeur Wodié à raison.
Mais lundi à 13h ils ont changé. C’est comme ça, alors que les gens battaient déjà campagne que le « et « est venu remplacer le « ou ». C’est une vérité historique que je vous donne et il y’a des acteurs. Vous pouvez demander au professeur Wodié et Wodji Pierre, un magistrat, ils vous diront la même chose. Le RDR a appelé à voter quand c’était le « ou » mais le « et » a rejoint le « ou » sur le terrain de la campagne », a relaté le Professeur de Droit.
Cette thèse longtemps défendue par le Rassemblement des Républicains (RDR) qui a en son temps accusé Laurent Gbagbo d’avoir poussé le général Guéi a faire ce choix a été, selon l’actuel parti au pouvoir, la raison de l’élimination d’Alassane Ouattara à la course à la présidentielle en 2000.
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