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Contribution au débat” Soro devenu un homme puissant avec son arsenal et armée parallèle, est-ce une raison pour se taire ?”

Contribution au débat. Par Tibeu Briga

Ne pas nier la réalité ni falsifier l’histoire !
Soro Kigbafori est devenu puissant, même très. Surtout quand on sait qu’il dispose d’un arsenal et d’une armée paralèle. Il en impose par conséquent. Tous ceux qui ont le sentiment de leur grandeur, refusent qu’on rappelle la laideur, les monstruosités et les atrocités qui ont jalonné le chemin qu’ils ont parcouru pour y arriver. Soro Kigbafori n’en fait pas exception. Mais si cette grandeur est issue des assassinats, les témoins vivants, quoique cela puisse leur coûter, ont l’obligation de le dénoncer. Ceux qui, par intérêts ou calculs mesquins, veulent procéder à un tabula rasa de ces ignominies, les balayer sous le tapis de l’histoire, préparent des lendemains douloureux. Cette attitude de l’oubli imposée par le vainqueur consiste à accepter une seconde mort pour ces victimes.

« Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». A Camus. Vouloir passer sous silence le passé criminel de Monsieur Soro Kigbafori, pour en faire une colombe de la paix dans le désordre actuel de la Côte d’Ivoire, serait non seulement malhonnête mais également lâche. Feindre d’ignorer ces morts constitue une insulte à leur mémoire, la mémoire des nombreuses victimes issues aussi bien du Nord que de l’Ouest, du Sud que de l’Est du pays. Il en résulte que l’autorité morale manque à Soro pour être gestionnaire de la réconciliation. Car le sang des ivoiriens qui souille ses mains le disqualifie. Les plus avisés de ses suiveurs le savent très bien. Mais les avantages qu’ils espèrent tirer de l’homme Soro, les empêchent hélas de regarder la vérité en face. Les (sans voix), les anonymes sur les réseaux sont plus courageux, car ils n’hésitent pas à rappeler sans cesse et sous toutes les coutures à Soro Kigbafori sa forfaiture.

Les courtisans
Soro est entouré par des courtisans, des flagorneurs et bonimenteurs en tous genres, toujours prêts à l’encenser. Ces groupies s’enflamment, car il leur a servi un discours en avril 2017, dans lequel il les appâtait avec les mots  » réconciliation et paix ». Quelle trouvaille ! Alléluia ! Ses porte-voix y ont vu soudainement la panacée aux problèmes de la Côte d’Ivoire, et une occasion pour présenter Soro Kigbafori comme une âme immaculée, en masquant la cruauté des actes qu’il a précédemment posés.

Cette faune intéressée qui gravite autour de lui, l’empêche d’entendre et de voir le monde dans sa réalité. On comprend mieux pourquoi, il trouve outrecuidant et inopportun, que des personnes puissent évoquer son lourd passé criminel pour s’opposer à son ascension comme un modèle. D’autant plus que l’un de ses thuriféraires, l’a déjà désigné Président pour 2020 dans une prose où il déclare [ » quand on regarde la génération de l’après Ouattara, quel homme d’Etat que le chef du parlement, Guillaume Kigbafori Soro émerge incontestablement du lot que lui ? « ] Pour l’auteur, la génération de l’après Dramane Ouattara est monolithique. Elle ne comprend que Soro seul, excluant les autres postulants possibles, comme s’ils n’existaient pas.

Comme en Afrique du Sud.
Tant que ce passif criminel n’aura pas été expurgé publiquement dans un acte de contrition, comme ce fut le cas en Afrique du Sud, aucun crédit ne sera accordé à Soro pour parler de réconciliation et du pardon, surtout quand les rapports des experts de l’ONU disent qu’il cache encore des tonnes d’armes. Pour que le pardon, la réconciliation et la paix trouvent leur place en Eburnie, il incombe de ne pas occulter la réalité en nommant mal les choses, et de ne pas falsifier l’histoire pour complaire aux roitelets.

Des contre-feux pour sauver le soldat Soul to Soul !
Dans l’immédiat, Soro est préoccupé par des problèmes domestiques. Disculper son chef de protocole Soul to Soul, mouillé dans une sombre affaire de caisses d’armes trouvées chez lui. Pour résoudre ce problème, il use de méthodes douteuses pour créer des écrans de fumée. Pour cacher cette infamie, il distrait l’opinion en exhibant le ralliement à sa cause, des soi-disant partisans de Gbagbo ou de Bédié vivant à Paris. En réalité, il s’agit d’individus en quête de reconnaissance et surtout en manque de visibilité, qui cherchent à retrouver leurs lustres d’antan. Pour éloigner encore les regards sur cette découverte d’armes, on dirige l’attention du peuple vers une trentaine de députés qui, nous dit-on, s’allient pour apporter leur soutien à Soro. Le nombre modeste de députés qui y adhéreraient en dit long sur l’ampleur de cette alliance. (30 sur 255).

Au même moment, on apprend que Soro est désigné homme politique de l’année 2017 par un réseau de femmes d’Afrique. Le dernier récipiendaire de cette organisation opportunément réapparue, aurait été l’ancien président Sénégalais, Abdoulaye Wade. C’est dire si ça date !

Konan Bédié dénoncé comme financier de la rébellion ?
Ces caisses d’armes neuves ont permis aux voyous de mettre en fuite l’armée dite régulière de Dramane Ouattara. Dans une république démocratique, une telle affaire aurait eu des conséquences graves. Mais au lieu de cela, une diversion est créée. Des noms des sponsors de la rébellion sortent inopinément. Celui de l’ancien Président Konan Bédié y figure en bonne place.

A prime abord, on est tenté d’exiger de Monsieur Bédié qu’il saisisse les tribunaux. Mais si l’idée paraît alléchante, cette démarche constitue une ruse pour détourner l’attention des Ivoiriens. Pourquoi les détenteurs, les témoins de cette information gravisme et explosive dudit financement se sont-ils tus pendant si longtemps ?

Une diversion !
L’urgence, c’est d’épurer le cas de ce Soul to Soul, en situant les responsabilités, les complicités, le rôle de Soro et comprendre pourquoi un civil a pu detenir un tel arsenal chez lui, plus de 12 tonnes dit-on. La pullulation des armes qui gangrènent tout le pays et essentiellement le centre-nord, surtout Bouaké, mérite des explications. L’accusation contre Bédié pour allumer un contre-feu, n’est qu’une grossière diversion dans l’état actuel des choses.

Soro Kigbafori balance Bédié et Ouattara.
Soro aux abois, révèle dans le journal « Jeuneafrique du 07 juin 2017 « , qu’il est tenu par un devoir de réserve pour ne pas évoquer le cas de son chef de protocole. Ce droit de réserve disparaît quand il se met à balancer. [ » … lorsque nous recrutions des troupes en 2002 … la Côte d’Ivoire est sortie de la crise de 2010 grâce à l’union passée entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et moi-même. « ] Il ne fait aucun doute, et celui qui a un peu de jugeotte sait, que le pays n’est guère sorti de la crise depuis 2010.

Certes les bombardements avec le concours de l’armée française ont cessé, mais les coupeurs de route, les microbes, la vie chère, les mutineries à répétition, un taux d’insécurité très élevé, ne relèvent pas des indices d’une société pacifiée et apaisée. Pourquoi Soro Kigbafori dénonce-t-il ses complices d’hier ? Craindrait-il d’être le seul à payer l’addition d’un deal qui a entraîné le pays dans le chaos actuel et qui le dévaste depuis ? Entendrait-il le bruit sourd des pas de la CPI se rapprochant inexorablement de lui dans son fief de Bouaké ?

Bouaké 2ème ville de Côte d’Ivoire et fierté des Baoulés ! Qu’as-tu fait ?
Voyant Soro, leur protecteur perdre du terrain quant à la succession de Dramane Ouattara, une énième mutinerie a été engendrée depuis Bouaké ; encore Bouaké et toujours Bouaké, naguère ville rayonnante du pays et du peuple Baoulé, est devenue sans identité et l’épicentre des divers sabotages de la Côte d’Ivoire. Les dernières mutineries visaient surtout à intimider et à annihiler les espérances des autres prétendants à cette succession ; à l’instar des Hamed Bakayoko, Gon Coulibaly, Kablan Duncan, Kacou Guikahué, Méambly, Ahoussou Kouadio et j’en passe.

Il apparaît dès lors, que l’existence et l’influence politiques de Soro ne résultent essentiellement que de ses capacités et pouvoir de nuisance physiques.

Une enquête pour sauver la face ?
Le régime de Dramane Ouattara, faute de pouvoir mater ces mutins et cette rébellion a décidé, pour sauver les apparences, d’annoncer à grands renforts de publicité l’ouverture d’une enquête, pour détention illégale d’armes de guerre par un particulier. Une justice équitable si elle existait aurait immédiatement arrêté le détenteur de ces armes pour les besoins de l’enquête. La crainte que Soro inspire a conduit les autorités judiciaires à dérouler presque un tapis rouge à son chef de protocole, l’un des armuriers du clan. Là où d’autres ont été emprisonnés sans preuves pour atteinte à la sûreté de l’Etat, parce que le régime imaginait simplement qu’ils pouvaient être détenteurs d’armes. Les partisans de Soro assis sur des tonnes d’armes, dont ils font usage pour leurs besoins personnels au vu et au su des autorités, jouissent eux, d’une totale liberté de vaquer à leurs occupations. Le chef du protocole a-t-il été mis aux arrêts pour les besoins de l’enquête ? Que nenni ! L’affaire sera sans doute classée sans suite. A suivre.

Tous les ivoiriens veulent la paix…
Voici Soro qui découvre que la violence sanguinaire dont il est coutumier, son viatique, ne saurait être pérenne. La stratégie de l’usage des armes a montré ses limites. Or Soro Kigbafori ambitionne d’être le premier magistrat du pays en 2020. Cette obsession est devenue maladive chez lui. Toutefois on peut déplorer qu’il se trouve des personnes pour faire l’apologie de la traîtrise, confortant ainsi Soro dans ses trahisons successives. D’abord celle d’I.B qui l’a introduit dans le cercle intime de Dramane Ouattara et qu’il a fait assassiner. Ensuite Gbagbo et maintenant Dramane Ouattara et accessoirement Konan Bédié.

Comme il est coutumier des trahisons, on peut craindre que devenu président, lorsque la nation sera en danger il pactisera avec l’ennemi, juste pour sauvegarder ses propres intérêts. Le sujet mérite approfondissement.

… mais pas celle où Soro Kigbafori serait le centre de gravité !
Il rue dans les brancards et hurle à tue-tête les mots « Paix et Réconciliation » mais où sont les deux autres, Alassane Ouattara et Konan Bédié avec lesquels, dit-il, il a passé une union pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise en 2010 ? S’opposent-ils à la paix ? N’aiment-ils pas la paix ? Avec qui Soro Kigbafori veut-il faire sa paix, quelle est la place réservée aux autres protagonistes dans cette construction de façade ? Toutes les régions du pays sans exclusive, ont eu à déplorer des pertes humaines d’êtres chers. Soro a semé la terreur dans le pays au motif qu’il agissait pour un commanditaire. Qu’il était un homme de missions. Et pourtant, entouré d’éminents professeurs de philosophie, lettres, d’hommes de culture, ils ont dû lui expliquer le distinguo entre le libre arbitre et le panurgisme. Le premier vous impose de réfléchir et d’agir par vous-même. Alors que le second vous assimile aux moutons de panurge, un suiveur. L’argument d’homme de mission est éculé, c’est un disque rayé donc à changer.

Tant qu’il n’aura pas convaincu son chef de vider ses prisons mouroirs où sont maintenus des centaines de prisonniers pour des délits d’opinions, tant que la supposée armée n’aura pas été débarrassée des hommes sans foi ni loi qui y ont été incorporés, et qui s’en servent pour rançonner l’Etat, tant que les armes dissimulées à foison n’auront pas été restituées à une armée régulière, tant que Soro Kigbafori disposera d’une force armée parallèle, le discours, son discours de paix et réconciliation, sonnera creux et ne résonnera que dans le vide.

Associer Alassane Ouattara et Konan Bédié.
Enfin, Soro Kigbafori notre apôtre néophyte de la paix, devra prendre en compte ses deux autres partenaires ; Konan Bédié et Alassane Ouattara, car à force de les humilier, de les marginaliser, il se pourrait qu’en vieux briscards et également maîtres dans l’art des coups retors qu’ils demeurent, ne mettent un terme, un holà, aux ambitions démesurées qui dévorent Soro Kigbafori, au point de lui faire ignorer la patience et certaines valeurs.

Tibeu Briga

connectionivoirienne

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