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Coronavirus : la fête de Pâques dans des conditions jamais vues

Confinés comme la moitié de l’humanité, des centaines de millions de chrétiens célèbrent dimanche la fête de Pâques dans des conditions jamais vues, sous l’hydre planétaire de la pandémie du nouveau coronavirus.

Le Covid-19 a fait à ce jour plus de 109.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, un chiffre qui a doublé en un peu plus d’une semaine. Les Etats-Unis sont désormais le pays le plus touché, avec 527.000 cas recensés, le cap des 20.000 morts franchis samedi, selon un bilan de l’université Johns Hopkins.

En Europe, la pandémie a tué plus de 75.000 personnes, dont 80% en Italie, en Espagne, en France et au Royaume-Uni, selon un bilan établi dimanche matin par l’AFP à partir de sources officielles.

L’obscurité et la mort n’ont pas le dernier mot”, a assuré le pape François dans une homélie prononcée samedi, à la veille de Pâques – fête la plus importante de la chrétienté – et de sa traditionnelle bénédiction “Urbi et Orbi”, prononcée cette année, virus oblige, en mondovision et à l’intérieur d’une basilique Saint-Pierre désespérément vide.
Eglises désertées, cérémonies sans fidèles, messes sur écran… Ce week-end de Pâques, qui commémore la résurrection du Christ selon la tradition, se déroule dans des conditions totalement inédites, avec des images hallucinantes des monuments célèbres et grandes places dépeuplés partout sur la planète.

Le monde vit “des jours tristes”, mais “nous pouvons et nous devons espérer”, a déclaré le souverain pontife dans son homélie de veille de Pâques, voyant dans ce dimanche pascal “une annonce d’espérance”.

“Faisons taire le cri de mort, ça suffit les guerres!”, a-t-il également lancé, s’associant à l’appel lancé par l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et mondial afin de préserver, face au coronavirus, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit.

A Jérusalem, pour la première fois en plus d’un siècle, le Saint-Sépulcre, où le Christ a été enterré selon la tradition chrétienne, est fermé au public durant tout le week-end.

Une simple messe à huis clos y a été célébrée pour le Vendredi Saint.
S’en était trop pour certains fidèles: à San Marco in Lamis (sud-est de l’Italie), deux cents d’entre eux ont violé le confinement pour venir prier devant l’église, suscitant les plates excuses du maire local de n’avoir rien pu faire devant ces personnes qui “se sont mises à prier à genoux devant la Madone”.
Au Nicaragua, malgré la menace et l’opposition de l’église, le gouvernement sandiniste pousse au contraire à célébrer Pâques, encourageant les processions des “Judas” enchaînés.
Le Nicaragua “vit des jours tranquilles” et célèbre “le sacrifice de Jésus-Christ qui a lutté pour la justice”, a justifié la vice-présidente et première dame Rosario Murillo.

Aux Etats-Unis, New York, ville de loin la plus touchée outre-Atlantique et nouvel épicentre de la pandémie, n’en finit plus de compter ses morts – 8.638 dimanche pour le seul Etat de New York.

Le maire de la ville, Bill de Blasio, a annoncé que les écoles publiques de la ville resteraient fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cela “aidera clairement à sauver des vies”, a-t-il dit.

Le président Donald Trump l’a souligné vendredi: la décision de relâcher les mesures de distanciation et de confinement pour relancer l’économie des Etats-Unis sera “de loin la plus grande décision de ma vie”, a-t-il souligné.

Avec un total de 75.011 morts (pour 909.673 cas), l’Europe reste le continent le plus durement touché par la pandémiee. l’Italie est en passe de dépasser les 20.000 morts, l’Espagne compte 16.772 décès, avec un bilan quotidien de 619 morts dimanche, reparti à la hausse après trois jours consécutifs de baisse.

Les bilans se sont aggravés en France (plus de 13.800 morts) et au Royaume-Uni, où quelque 1.000 personnes ont succombé en une journée dont un enfant de 11 ans, pour près de 10.000 morts au total.
Dans cette litanie de titres chiffres arrivent parfois quelques messages d’espoir: dans les environs de Rome, “une patiente de 94 ans guérie, c’est le plus beau message pour souhaiter une bonne Pâque”, a annoncé le patron de la protection civile italienne, Angelo Borrelli.

  • Campagnes africaines –

La timide tendance à la baisse de la tension hospitalière dans plusieurs pays montre toutefois que le confinement commence à porter ses fruits.

Pour autant, les contacts des personnes âgées avec leur environnement en Europe vont devoir rester limités au moins jusqu’à la fin de l’année en raison de la pandémie, a averti la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen.

La Turquie, qui déplore un millier de morts, a confiné 31 villes pendant tout le week-end, plongeant la mégapole Istanbul dans un silence insolite.

En Afrique, où près de 13.000 cas de covid-19 et près de 700 morts ont été enregistrés selon les chiffres officiels, “le virus se répand au-delà des grandes villes”, s’est inquiétée l’OMS.

La Chine, où l’épidémie est globalement endiguée, a annoncé dimanche 97 nouveaux “cas importés” de contamination, principalement le fait de Chinois rentrant chez eux depuis l’étranger, un niveau jamais atteint depuis début mars et la publication de ce décompte.

Dans une tribune à la presse internationale, Bill Gates, l’archi-milliardaire américain devenu philanthrope a appelé à une réponse concertée, une “approche globale pour lutter contre cette maladie” et qui “devra certainement être adaptée à mesure que la pandémie évolue”.

  • Homo festivus –

Pendant ce temps, les humains confinés continuent chacun à leur manière de gérer l’épreuve de l’isolement et de la “distanciation sociale”.

Un médecin américain, surnommé le “Tik Tok Doc” pour ses clips diffusés sur cette application de partage de vidéos tente ainsi de remonter le moral du personnel hospitalier en première ligne. Anesthésiste de 31 ans, Jason Campbell fait sourire des millions d’internaute avec ses chorégraphies comme le “corona foot shake” ou le “cha cha glissé”.

A New York, comme dansant sur un volcan, des fêtards costumés en licorne géante et drag-queens se trémoussent depuis chez eux aux sons de DJ en ligne et clubs très branchés pour des soirées virtuelles, des “live” marathon – jusqu’à 10 heures de suite – sur Instagram, fréquentées par quelques stars.

“C’est vraiment bizarre d’entendre les sirènes (d’ambulances) hurler toutes les cinq minutes près de mon bâtiment, de voir des gens emmenés sur des civières. C’est dur de penser à s’amuser et de mettre de la musique”, confiait néanmoins un de ces noctambules d’internet.

Afp

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