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Côte d’Ivoire: « Affi, Bédié, Simone… Ceux que l’appel de Bensouda arrange », Saïd Penda

Pour Saïd Penda, l’appel de Fatou Bensouda contre Laurent Gbagbo et Blé Goudé fait les affaires de beaucoup à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Au-delà des apparences et des condamnations de pure forme, l’appel de la procureure de la CPI semble réjouir beaucoup de monde, jusque dans la propre famille politique du criminel de guerre Gbagbo.

Sa propre épouse, Simone Gbagbo, est sûrement la première à avoir débouché son champagne à l’annonce de l’appel de la CPI. En l’absence de son criminel de guerre d’époux, elle est de loin la plus légitime des figures du FPI (Pront populaire ivoirien) à pouvoir revendiquer l’héritage de Gbagbo.

« Simone Gbagbo, est sûrement la première à avoir débouché son champagne à l’annonce de l’appel de la CPI »

Mais sa candidature qui aurait pu réconcilier les différentes chapelles de ce parti est plombée par le conflit conjugal de la famille polygamique. Sa coépouse, la journaliste Nady Bamba, qui vit auprès de leur époux en Europe a réussi à retourner ce dernier contre Simone. Non seulement Gbagbo a demandé le divorce, mais il veut aussi liquider politiquement celle avec qui il a fait tout son parcours politique. Même si elle s’entêtait à se présenter, Simone Gbagbo ne bénéficiera donc du soutien que d’une partie des militants du FPI.

L’appel du parquet de la CPI est le scénario parfait dont rêvait son nouvel allié, Henri Konan Bédié, qui sait que le criminel de guerre Gbagbo avait déjà pris langue avec le pouvoir d’Abidjan depuis son acquittement provisoire, afin de négocier son retour en Côte d’Ivoire.

« Le Parti au pouvoir à la confiance de 75% de l’électorat ivoirien »

Or pour Bédié, la véritable raison qui a motivée son alliance avec Gbagbo est la perspective que ce dernier ne pourrait pas se présenter à la présidentielle de 2020. En d’autres termes, si Bédié a accepté de pactiser avec un être qu’il répugne profondément et pour qui il n’éprouve que haine et mépris, c’est dans l’unique but que ce dernier, dans l’incapacité d’être candidat, mobilise ses militants fanatisés à voter massivement pour Bédié, dès le premier tour.

Avec la création du RHDP du président Ouattara qui installe une sorte de bipartisme de facto, tous les analystes sérieux et les protagonistes lucides savent que la prochaine présidentielle se jouera en un seul tour, d’où l’importance à se renforcer pour ce premier et unique round. Mais des indiscrétions de l’entourage de Gbagbo laisse entendre qu’il ne mobilisera pas son électorat pour faire élire quelqu’un d’autre à un poste que lui-même convoite, d’autant plus qu’il n’a aucune assurance qu’une fois élu, Bédié ne décide pas de rester au pouvoir Ad vitam aeternam.

Pascal Affi N’Guessan est légalement l’unique représentant du Front populaire ivoirien, même s’il ne fait aucun doute que la légitimité de ce parti est le quasi-monopole du criminel de guerre Laurent Gbagbo. A preuve, certains responsables du parti créé par Gbagbo, qui avaient fait leur deuil du boucher d’Abidjan pendant les huit années de sa détention à la Haye en rejoignant l’aile du FPI dirigé par Pascal Affi N’Guessan, ont fait le chemin inverse après son acquittement, fragilisant un peu plus le semblant de légitimité dont pouvait se prévaloir Affi N’Guessan à travers ces figures du FPI.

« Le RHDP de Ouattara c’est 154 députés sur 253 (plus des 2/3) ; 24 régions sur 31 régions et 156 maires sur 201 communes »

L’appel de madame Fatou Bensouda remet donc en selle le petit poussin Affi N’Guessan. En dehors de Laurent Gbagbo lui-même, Affi N’Guessan estime qu’aucun autre dignitaire du FPI ne peut se prévaloir de plus de galon que lui au sein de cette formation qui connaît un bicéphalisme de fait. Ancien premier ministre, ancien président du fpi alors même que Laurent Gbagbo était au pouvoir, aucun autre cadre de ce parti fasciste n’affiche le palmarès de Pascal Affi N’Guessan.

En fusionnant plusieurs formations de la majorité présidentielle, Alassana Ouattara a réussi à créer un parti politique hyper-dominant. Le RHDP de Ouattara c’est 154 députés sur 253 (plus des 2/3); 24 régions sur 31 régions et 156 maires sur 201 communes. Comme le démontrent ces chiffres des élections locales et régionales de l’année dernière, le parti au pouvoir a la confiance de 75% de l’électorat ivoirien.

Le retour dans l’arène du criminel de guerre Gbagbo n’aurait pas constitué une réelle menace dans l’absolu, mais il aurait été un élément de perturbation dont le régime est bien content de se passer.

Gbagbo out, c’est donc tout le monde qui y trouve son compte.

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