Il y a eu des fauves dont on ne connait aujourd’hui que les squelettes : “”les félins sabres””. Ils ont longtemps côtoyé les félins dont les descendants se sont propagé jusqu’à aujourd’hui – ceux dont les canines de taille plus modeste, sont triangulaires – les tigres, les panthères, les lynx, …, les chats. Puis les guerriers magnifiques, les félins sabres se sont éteints. Leur mode de chasse était contraint par l’abondance de proies de grande taille et la nécessité d’une grande précision: non pas la puissance des attaques en n’importe quelle partie du corps mais une morsure létale, tranchant le cou de la proie.
En 2008, une étude scientifique à apporté une explication à cette extinction. Une trop grande adaptation aux conditions et facteurs de prédation et leur mode de chasse. Il a suffit que les composantes de leur environnement dont ils étaient devenus dépendants (abondance de grands herbivores aux larges cous par exemple) et la concurrence de félins à canines triangulaires beaucoup plus rapides dans leurs modalités de combats et pouvant se nourrir de proies beaucoup plus variées sont probablement les raisons de l’extinction de ces grands guerriers au moment où ils étaient au faîte de leur efficacité.
Toutes les grandes dictatures se sont éteintes au moment où elles se croyaient au faîte de leur gloire, indéboulonnables. Il nous suffit de modifier une des composantes du seul environnement dans lequel peut prospérer le régime d’Abidjan.
A ce propos, Charles Darwin avait écrit que c’est au moment où une espèce a atteint par hasard un degré d’adaptation extrêmement étroit à certaines composantes de son environnement – au moment où elle semble le plus “parfaitement” adaptée – que la probabilité de son extinction devient la plus grande. Que ces composantes particulières de l’environnement viennent soudain à changer, et les individus de l’espèce risquent de se trouver brusquement désinsérés, inadaptés, perdus au milieu d’un “nulle part” où ce qu’ils maîtrisaient et dont ils dépendaient se dérobe…
Une raison d’insister:
Le récit de Tite-Live qui décrit la guerre mythique que se livrent Rome et la ville d’Albe. La guerre semble sans fin. Pour y mettre un terme et désigner un vainqueur, on décide d’un combat entre trois Romains et trois Albains. Le sort désignera trois frères contre trois frères. Les trois frères de la famille Horace combattront pour Rome, les trois frères de la famille Curiace pour Albe. Dès les premières empoignades, deux des frères Horace sont tués et les trois frères Curiace sont blessés. Il ne reste plus qu’un Horace. À un contre trois, il sait qu’il n’a aucune chance de survivre. Afin de les combattre séparément, il prit de la distance, en se disant que chaque blessé le poursuivrait dans la mesure de ses forces. Ses adversaires, blessés, se lancent à sa poursuite, creusant une distance de plus en plus grande entre eux. Horace se retourne, tue son poursuivant le plus proche, et se remet à courir. Puis se retourne à nouveau, tue le deuxième. Puis le troisième.
Morale: la nature et le nombre des armes qui expliquent souvent l’arrogance des adversaires ne sont pas les seuls facteurs importants. Le rythme des combats, la volonté et la finesse des combattants compte aussi. Il faut donc harceler le régime d’Abidjan autant que possible.
Un processus pour y croire:
Autant la vie n’a pas conquis la terre par des combats violents, nous ne restaurerons pas la paix dans notre pays par des combats frontaux mais par des réseaux, par des alliances évidentes, mais aussi, si possible par des alliances nouvelles.
C’est l’émergence de processus de coopération, d’association, de fusions et de partage qui sera déterminante dans l’apparition de la nouvelle Côte d’Ivoire, une Côte-d’Ivoire où régnera la concorde entre tous les fils du pays sans distinction de région ou de religion.
Richard Inago