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Côte d’Ivoire ”Déshabillé” et livré à lui-même,les choses se compliquent / voici ce qui attend Compaoré au Burkina

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Les informations en provenance du Burkina Faso ne sont pas reluisantes pour Blaise Compaoré. Chassé du pouvoir le 31 octobre par la rue après 27 ans de règne, l’ancien dictateur du Faso a trouvé refuge en Côte d’Ivoire, pays voisin où il comptait trouver la quiétude pour lui et les siens. Mais les choses se compliquent comme jamais il ne l’avait prévu. Chat échaudé craint eau froide, dit l’adage populaire qui inspire les nouvelles autorités du Faso lesquelles veulent rapidement tourner la page de la transition politique pour laisser s’ouvrir une nouvelle ère.
Au soir du jeudi 17 septembre, le président de la Transition Michel Kafando, son Premier ministre Yacouba Issac Zida et le gouvernement qui tenaient un Conseil des ministres, ont failli être soufflés par un coup d’État. L’auteur de cette entorse à la démocratie balbutiante au Faso n’est autre que le général Gilbert Diendéré l’ancien bras-droit de Blaise Compaoré. Le général putschiste avait pris la tête des insurgés pour s’autoproclamer président du Conseil national de la démocratie (CND), qui avait pris en otage le président Michel Kafando et son Premier Isaac Zida. Mais la tentative a été un feu de paille. Il faut à présent solder les comptes pour remettre le pays sur des rails solides et le propulser vers un avenir moins tumultueux. Une fois Gilbert Diendéré l’auteur du coup d’Etat manqué et quelques complices dont Djibril Bassolé ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré mis sous l’éteignoir. L’alliance civilo-militaire qui dirige le pays depuis cette trappe, fait étalage d’un tact politique remarquable.
La junte militaire au Burkina Faso installe un régime potiche Kafando Déshabillé et livré à lui même, voici ce qui attend Blaise Compaoré au Burkina Faso
Le duo Michel Kafando – Yacouba Zida se veut plutôt subtile. Leur dernière décision est à elle toute seule, une orientation politique. Le conseil national de la transition votait en effet, le jeudi 05 novembre 2015, l’annulation de l’immunité accordée « aux anciens chefs d’État burkinabè ». Façon de dire que Blaise Compaoré n’est pas le seul visé par la mesure et que tous ceux qui ont gouverné le Faso en sont concernés. L’actualité politique voulant que l’on se concentre sur le cas le plus urgent et surtout le plus délicat. Mais y’a-t-il plus urgent pour un pays qui cherche à sortir de l’ornière pour se positionner sur le chemin du développement que de mettre sous coupe réglée le plus réfractaire et le plus irréductible à l’appel démocratique ? La bonne cible ne pouvait être que l’ex-Président Blaise Compaoré. Chassé du pouvoir par une révolution populaire, la déchéance du protégé du pouvoir ivoirien est désormais sans limite.
Après avoir été déchu du pouvoir acquis dans le sang 28 ans en arrière, revoilà Blaise Compaoré déchu de son immunité d’ancien Président du Faso. C’était cela la dernière ceinture de sécurité qui le maintenait encore hors des serres de la loi. Et qui été dégrafée. Dépouillé de toutes manoeuvres, et désormais ”nu” l’ancien dictateur burkinabé est livré à lui-même. Lui qui avait usé de subterfuges pour se maintenir à flot et profiter pour se blanchir. En effet, le 11 juin 2012 les députés de son régime, accédaient à une recommandation du Cadre de concertation sur les réformes politiques (CCRP) mis sur pied en 2011 après les mutineries. Cet organe, le CCRP sous l’instigation de Blaise Compaoré avait plaidé «l’instauration d’une loi d’amnistie en faveur des chefs d’État couvrant la période de 1960 jusqu’à nos jours». Mais le dictateur qui voyait déjà les nuages s’amonceler dans le ciel de son règne a vu sa demande buter sur l’intransigeance de l’opposition. Celle-ci dénonçant « une loi taillée sur mesure au profit de Blaise Compaoré ».
En revenant sur le sujet, quatre ans après, les autorités de la Transition semblent comprendre l’urgence de mettre les bouchées doubles, pour en finir une bonne fois pour toute. Ce processus a commencé lorsque le jeudi 16 juillet 2015, Blaise Compaoré a été mis en accusation devant la Haute cour de justice par le Parlement intérimaire pour “haute trahison” et “attentat à la Constitution”. Le président de la Transition, Michel Kafando et son Premier ministre Yacouba Isaac Zida aux affaires depuis octobre 2014, veulent déterrer toutes les souches et casser d’éventuelles épines qui se constitueraient en obstacles contre les prochaines nouvelles autorités qui seront issues des scrutins. Des élections pour lesquelles déjà le mercredi 4 novembre, deux décrets fixaient officiellement le premier tour des élections présidentielle et législatives cumulées au 11 octobre prochain. Le premier décret adopté en conseil des ministres porte sur la “convocation du corps électoral pour les élections législatives 2015” pour “le dimanche 11 octobre 2015”. Le second convoque les électeurs pour le premier tour de l’élection présidentielle également pour “le dimanche 11 octobre 2015, sur toute l’étendue du territoire national”. Dix (10) candidats sont dans le starting-block pour l’élection présidentielle et s’apprêtent à partir à l’assaut des quelque 5,54 millions de Burkinabè inscrits sur les listes électorales pour la présidentielle et les législatives d’octobre, soit 27 % de plus que lors des derniers scrutins en 2012, selon la commission électorale.
Michel Kafando et Yacouba Zida n’ont pas envie de léguer un Burkina Faso miné aux nouvelles autorités qui prendront la relève après eux. Il faut désamorcer toutes les mines. Et le déshabillage de Blaise Compaoré rentre dans le processus de viabilisation et d’assainissement de la scène politique du Burkina Faso. Qui en même, tourne définitivement la page de l’ère Compaoré. D’où l’idée de l’annulation de l’immunité accordée « aux anciens chefs d’État burkinabè » rend cette fin de transition beaucoup plus délicate. Blaise Compaoré risque gros. Premièrement il sera demandé à ses tuteurs ivoiriens de rendre son procès plus facile. Ce qui demande implicitement sa remise aux nouvelles autorités qui seront issues des nouvelles élections présidentielles et législatives. Elles sauront quoi en faire. On peut le dire déjà, c’est du tout cuit pour le beau Blaise. Mais on ne peut faire des omelettes sans casser les œufs. La paix et la sérénité du peuple burkinabé en dépendent.
Par Simplice Allard
Source: LG-Infos

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