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Côte d’Ivoire : entretien exclusif avec la présidente de l’URD, Mme Danièle Boni-Claverie sur AbidjanTV.net(vidéo)

Danièle Boni-Claverie, Présidente de l’URD a accordé une interview à AbidajnTV.Net le mercredi 2 décembre 2020 à sa résidence, à Abidjan. Ci-dessous l’intégralité de l’entretien .


Journaliste : Qu’est-ce qui a motivé la Désobéissance civile et quelle en est le bilan Aujourd’hui?

  • Danièle Boni- Claverie : vous savez, souvent on donne un sens aux mots, mais moi je leur donne aussi un poids. Alors je voudrais un petit peu m’arrêter sur ce terme de désobéissance civile parce que c’est quelque chose qui n’est pas sortie de ex nihilo. Nous avons de grands personnages historiques qui se sont appuyés sur les actes de désobéissance civile pour faire évoluer leur société, notre société . Je pense à Gandhi, je pense à Nelson Mandela. S’il n’y avait pas eu de désobéissance civile on serait sur le coup de la Par paille. Je vais vous rappeler, vous êtes très jeunes, peut-être que vous ne savez pas ou vous avez appris dans les livres d’histoire… Vous avez une jeune femme en 1963 aux Etats-Unis, une jeune femme noire qui a eu le courage de braver des interdits illégaux en allant s’asseoir devant, dans un bus qui l’emmenait à l’Université… Et c’était la fin de la ségrégation raciale aux Etats -Unis. Donc il a fallu cet acte de désobéissance civile pour que un an après, en 1964, le Président Lyndon B. Johnson puisse promulguer la loi sur les droits civiques des Noirs Américains qui mettaient fin à la ségrégation raciale. Nous nous sommes accaparé cette expression ( Désobéissance Civile). Mais nous avons toujours voulu la qualifier et nous l’avons toujours qualifiée, et c’est vérifiable, de moins violente, de pacifique . Alors qu’est ce que c’est la désobéissance civile ? Pour nous c’est l’expression d’un ralbol, une révolte, c’est même une résistance à des formes insoutenables, insupportables d’injustices , d’arbitraires , de dérapages de clanisme, d’affairisme. Alors le peuple de Côte d’Ivoire s’est soulevé pour dire non à la violation de la constitution, pour dire non à ce troisième mandat que nous considérons comme illégal. Vous savez, nous sommes aujourd’hui dans une société d’images et de sons. Alors les réseaux sociaux ont déversé des vidéos qui dataient de 2016 où l’on voit des hautes personnalités du RHDP et même le Président de la République lui-même nous font savoir que la constitution de 2016 ne permet un troisième mandat. Et je crois que si on prend le temps de lire la constitution, vous avez l’article 55 que je préfère qui dit qu’on ne peut pas faire de troisième mandat. Alors nous avons mené ce combat pour essayer de faire entendre notre voix pour dire que nous ne pouvions plus accepter ce piétinement du droit , ce déni de la parole donnée et qu’il fallait vraiment que nous puissions essayer de respecter ce qui est une valeur fondamentale quand même, le respect de la constitution qui d’abord fait partie du serment que le président de la République prête, où il dit au peuple souverain qu’il là pour respecter la constitution . Donc il est bon que les Ivoiriens se lèvent pour dire ” il faut respecter la constitution. C’était le contenu de la désobéissance civile pacifique.

Journaliste: aujourd’hui qu’en est-il du bilan ?

  • Danièle Boni : Aujourd’hui le bilan est positif, bien sûr, je m’associe à l’immense chagrin des familles qui ont dû à déplorer des enfants décédés, des enfants torturés dans ces violences électorales et ainsi qu’à tous les blessés. Mais ce que nous avons constaté c’est tout de même que vous avez toute une jeunesse qui s’est levée pour dire : ” nous ne voulons pas qu’on touche à notre constitution”. Donc c’est une appropriation des jeunes qui montre qu’il y a un engagement réel de la population. Evidemment vous allez me parler d’Abidjan. Abidjan, il y a une étude sociologique que devait être fait pour comprendre pourquoi Abidjan n’a pas bougé. Je n’en connais pas les raisons profondes , je ne pourrai pas m’étendre là-dessus mais le constat que nous faisons c’est qu’il y avait une jeunesse qui a dit “non”, il ,y a des valeurs sur lesquelles il ne faut pas marcher, des limites à ne pas franchir. Je voudrais aussi parler de violences électorales dont on essaye de faire porter le chapeau à l’opposition. Nous ne fuirons aucune responsabilité . Les constats qui sont faits et les vidéos sont là pour le prouver; c’est que nous avons pu voir des milices qui ont été déversées sur les manifestants aux mains nues . Les milices qui accompagnaient les forces de l’ordre et ce sont ces milices qui ont marchetté , carbonisé, tué et qui ont mis les manifestants aux mains nues en position de légitime défense. De la même manière nous regrettons tous les dégâts matériels importants qui ont eu lieu. Mais, vous n’êtes pas sans vous rappeler que le constat que nous faisons, (moi j’avais eu déjà à écrire sur ça), vous avez dans d’autres occasions des populations qui se sont soulevées contre les symboles de l’Eat, combien de commissariats , combien de mairies de préfectures n’ont elles pas été carbonisés, incendiées parce qu’il y avait une colère? Cette colère, il faut être à l’écoute du peuple pour savoir la traduire. C’est une colère qui montre qu’il y a une rupture de confiance entre ceux qui nous dirigent et la population

Journaliste : L’opposition parle de la création d’un conseil national de transition alors que certains pays occidentaux ont reconnu le président Alassane Ouattara comme le président légitime de la Côte d’Ivoire à l’issue de l’élection présidentielle du 31 octobre dernier. Cela ne met-il pas fin au projet du CNT?

  • Danièle Boni : vous savez, nous cherchons à être cohérents avec nous-mêmes. Et puis vous êtes en train d’interviewer la présidente de l’URD et vous n’êtes pas sans savoir que l’URD préconise une transition depuis déjà plusieurs années. Alors le CNT Conseil National de Transition, qu’est-ce qui veut dire transition. Je sais que le Président Alassane Ouattara semble très allergique à ce terme de transition puisqu’il a fait savoir ” non il n’y aura jamais de transition”, et c’est à mon avis, c’est peut-être un déni de la réalité politique parce que quand vous avez pays qui est fracturé, divisé qui est en souffrance, je ne crois pas que le dialogue à deux ou à trois soit suffisant pour régler et permettre l’élaboration d’un nouveau contrat social. D’abord vous avez de très nombreux organismes internationaux même les quelques pays qui ont reconnu l’élection du 31 octobre, tous l’accompagnent de ce souhait qu’ils formulent à savoir qu’il y est un dialogue inclusif pour permettre un climat de paix, de pouvoir s’instaurer .

Journaliste : sur quoi vous basez-vous pour continuer le projet du CNT ?

  • Danièle Boni : alors, je sais qu’actuellement nos détracteurs disent “l’opposition est en panne”, je sais qu’on peut penser que nous sommes immobiles… Vous savez, la diplomatie actuellement est extrêmement active et puis il est important pour l’ensemble de l’opposition de conforter deux points qui me paraissent moins essentiels. C’est d’abord son unique, c’est vrai qu’il y a eu ces derniers temps quelques fois le parti de Laurent Gbagbo n’a pas voulu s’associer, mais moi je tiens à affirmer ici que cette unité n’a pas été ébranlée parce que nous avons retrouvé, nous avons su et ça il faut le souligner. Nous avons su nous retrouver nous reconcentrer sur l’essentiel; l’essentiel étant l’inégalité de ce troisième mandat et puis nous devons encore continuer le combat parce que j’entends parler de législatives; comment pouvoir admettre qu’un nouvel hold-up électoral va pouvoir se mettre en place au niveau de législatives puisque nous avons une CEI qui n’a pas été réformée selon les décisions de la cour africaine des droits de l’homme? Donc le problème reste entier, c’est pour ça que nous n’avons pas levé le mot d’ordre de désobéissance que nous avons dit qu’il était maintenu donc ça veut dire qu’il peut être activé à tout moment.

Journaliste : vous êtes présidente de l’URD, quel est le poids de votre parti politique dans ce grand univers des partis politiques de l’opposition?

  • Danièle Boni : j’ai l’habitude que des positions parfois même méprisantes… oui “Mme Boni a un parti confetti”, j’ai un tout petit parti etc. Nous avons créé le parti en 2006, nous avions fait,… je ne vais pas vous refaire tout l’historique mais nous avions fait vraiment un départ fulgurant. J’ai le souvenir et j’en suis très fier, une convention en 2018 qui réunissait à l’hôtel ivoire 700 de nos coordinateurs et vous savez chaque parti politique que sait remplir une salle, on peut remplir de milliers de personnes en allant les chercher au marché ou ailleurs, on prend des femmes, on prend des jeunes, on leur donne 500 francs et puis à ce moment là… non. Nous, nous sommes des gens discrets mesurés mais ça ne veut pas dire que nous n’aurions pas des pas positions. Mais j’apprends, j’essaye d’apprendre à mes collaborateurs à travailler dans la discrétion. Nous n’aimons pas les effets d’annonce, des effets de pommes, mais je peux vous dire que nous avons un parti qui a fait son congrès au mois d’août, c’était en plein COVID, nous n’avons pas réussi à réunir les 700 personnes que nous aurions souhaité mais nous en avions 300 et j’étais très fier de voir que c’était 300 personnes qui ont travaillé avec méthode, de manière mesurée. Tous étaient en pagnes alors actuellement nous faisons un travail de terrain et j’ai presque tous les jours, on m’apprend que ce soit Dalois, que ce soit dans le Guémon ou ailleurs, il y a des jeunes cadres qui sont en train de vouloir adhérer à notre parti et je suis très content que cette jeunesse, que ces nouveaux cadres puissent sentir le besoin de s’engager pour défendre au moins notre pays et l’évolution de notre société. Notre parti il est jeune, je n’aime pas dire “petit”, il est jeune. Mais en même temps, il a toujours été à tous les rendez-vous, les grands rendez-vous l’histoire est que ce soit au sein de LMP où nous avions combattu pour défendre la souveraineté nationale et puis aujourd’hui nous sommes de tous les combats pour pouvoir sauver notre patrie de l’arbitraire et de la justice.


Journaliste : nous rappelons que le parti URD a été créé en 2006 et vous êtes la fondatrice.

  • Danièle Boni: alors sur le plan générationnel, je vais précéder votre question parce que je suis sûr que vous allez me la poser, je sais que maintenant c’est très à la mode on nous dit changement générationnel. Je pense que vous vouliez me la poser alors si vous voulez, au niveau de l’URD nous n’aurons pas de changement à faire parce que si on va faire une analyse de nos cadres que ce soit dans les instances bureau politique, comité central, même la coordination ce sont les jeunes qui sont vraiment majoritaires dans l’URD, bien sûr dans la direction où moi-même et certains de mes collaborateurs les plus proches sont d’un certain. Mais je veux dire la relève, elle est là et la relève elle se fera d’une manière vraiment… je veux dire la plus aisée facile parce que moi je forme mes collaborateurs en leur disant “écoutez, donnez-moi la possibilité de mon vivant de pouvoir constater cette relève parce que ça voudrait dire ce moment j’ai bien travaillé”.


Journaliste : votre mot de fin

  • Danièle Boni: Le constat que je fais avec beaucoup de regret c’est que mon pays va mal, il va très mal. Selon les chiffres du HCR nous avons plus de 18.000 personnes qui ont traversé les frontières pour fuir des violences électorales, ça ce n’est pas rien et là-dedans n’a pas inclus ceux qui sont déplacés sur le territoire national alors si on ajoute à cela tous les volontaires qui ont quitté la Côte d’Ivoire pour aller aborder les dangers de la traversée de la Libye ou de la Méditerranée ont émigré en Europe à ce moment là nous sommes obligés de constater que ce pays qu’on essaye de vendre comme un eldorado extraordinaire eh bien ça ne correspond pas du tout à la réalité. Il faut que nous puissions recréer la cohésion nationale, il faut que recréer une unité qui nous permette de pouvoir fonder ce ciment commun qui est le lieu d’une nation et pour cela il faille réapprendre à aimer l’autre et à l’écouter. Vous savez, savoir écouter les souffrances d’un peuple et biens, c’est permettre au citoyen d’être solidaire de l’autre.

Propos recueillis par Sapel MONE, AbidjanTV. Net

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