A moins d’une semaine de la fin de l’année 2017, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, est sous une forte pression aussi bien de l’opposition que de certains de ses (ex) partisans dont les pro-Soro qui réclament la libération des prisonniers politiques.
La crise postélectorale de 2010-2011 a laissé des sequelles que la Côte d’Ivoire tente tant bien que mal de surmonter. Dans cet élan de (re) construction de la Côte d’Ivoire nouvelle, la réconciliation demeure un pan important dont le Président Alassane Ouattara en fait l’apologie depuis sa prise du pouvoir en mai 2011. De cette periode à ce jour, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. De nombreuses infrastructures socioéconomiques ont été réalisées et inaugurées, changeant considérablement le visage du pays.
Après 3 années d’existence, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) créée par décret présidentiel pour favoriser la réconciliation nationale, a clos sa mission par un rapport remis au président de la République; un rapport qui malheureusement reste toujours dans les tiroirs. Le procès d’Hubert Oulaye, ex-ministre de la Fonction publique de Laurent Gbagbo, jugé pour «complicité d’assassinat» depuis le 18 décembre, et condamné ce mardi 26 décembre 2017 à vingt (20) ans de prison ferme, montre que la réconciliation tant prônée n’est pas pour demain.
Et pourtant, aussi bien l’opposition que certains proches du Président Alassane Ouattara, continuent de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques et le retour des personnes exilées. «En ce jour de noel 2017, je partage le chagrin de toutes les familles qui attendent comme cadeau divin la libération des leurs, détenus depuis la fin de la crise postélectorale de 2011», implorait Alain Lobognon, ancien membre de la rebellion armée de 2002 et proche de Guillaume Soro.
Quand au Front populaire ivoirien (FPI), c’est tous les jours que le parti fondé par Laurent Gbagbo réclame la libération des prisonniers politiques et le retour ”sécurisé” des exilés pro-Gbagbo. En cette fin d’année 2017, les exigences du FPI n’ont pas changé d’un iota et restent les mêmes. Encore qu’aujourd’hui, ils bénéficient du soutien de la frange pro-Soro du régime Ouattara.
A moins de 3 ans de la fin de son second mandat, le Président Alassane Ouattara est sous une forte pression. Celle de l’opposition mais aussi d’une partie de son establishment politique. Il devrait donc user de son pouvoir regalien pour mettre un terme à toutes ces series de procès d’anciens pontes du régime Gbagbo, ordonner la libération de tous les prisonniers qui ne constituent pas ou plus (c’est selon) une menace pour la sécurité de l’Etat et favoriser le retour des exilés politiques ou non qui voudraient bien retourner au pays.
C’est seulement à ce prix qu’on pourra dire si véritablement que la Côte d’Ivoire a emprunté ou non la voie de la réconciliation nationale et envisager de construire une nation riche de ses diversités. Les exemples qui se déroulent partout ailleurs dans la sous région, avec le retour au Mali de l’ancien président malien Amadou Toumani Touré (ATT), doit pouvoir nous interpeller.
David YALA
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