04202024Headline:

Côte d’Ivoire: Kouassi Patrice invite Guikahué à démissionner de la présidence du groupe parlementaire du PDCI

Lettre ouverte de Kouassi Patrice, député de Yamoussoukro à Guikahué, président du groupe parlementaire PDCI, a qu’il demande de démissionner.

Honorable, lorsque nous avons pris fonction en notre qualité de député nouvellement élu pour la législature 2016/2020, vous nous avez fait savoir que vous aviez été désigné président du groupe parlementaire PDCI-RDA par le Président Henri Konan Bédié.

Dans la foulée, sur une base subjective et ne respectant pas de surcroit la géopolitique du parti comme il est d’usage, vous avez choisi selon votre bon vouloir les Députés du groupe parlementaire qui devaient nous représenter au sein du bureau de l’Assemblée Nationale.

Lorsque dans les couloirs de l’hémicycle vous m’avez informé de ce que vous m’aviez proposé pour occuper le poste de secrétaire du bureau de l’Assemblée Nationale, je vous ai adressé dès le lendemain 12 avril 2017 une lettre vous précisant que non seulement vous n’aviez pas la légitimité pour le faire ainsi, mais surtout et pour ma part, qu’une telle nomination n’avait pas vocation à me conférer malheureusement la légitimité qui devait émaner du choix de mes pairs pour l’exercice de cette fonction.

Je me suis accommodé de l’affirmation de votre nomination au poste de président du groupe parlementaire PDCI-RDA parce qu’en son temps, il n’y avait pas d’enjeu politique puisque le PDCI-RDA était dans l’alliance du RHDP, ce qui n’est plus le cas en raison du positionnement du groupe parlementaire PDCI-RDA dans l’opposition.

Aujourd’hui, je ne puis plus m’en accommoder parce que votre présidence à la tête du groupe parlementaire PDCI-RDA devient de plus en plus préjudiciable pour le parti.Je me permets de rappeler quelques-uns de vos actes de gestion à la tête du groupe parlementaire PDCI-RDA :

Le choix du candidat du groupe parlementaire PDCI-RDA pour l’élection du président de l’Assemblée Nationale a été biaisé lorsque vous avez préféré que ce choix se fasse par les onze (11) députés représentant notre groupe parlementaire au bureau de l’Assemblée Nationale en lieu et place de tous les Députés eux-mêmes.

En outre, votre décision unilatérale de retirer le candidat du groupe parlementaire PDCI-RDA à l’élection du président de l’Assemblée Nationale a été incomprise par la majorité des Députés du groupe parlementaire jusqu’à ce jour.

La non-participation du groupe parlementaire au bureau de l’Assemblée Nationale à votre seule initiative, en dépit de la position contraire du Président Bédié, alors même qu’il eut été plus judicieux d’y être ne serait-ce que pour avoir accès aux bonnes informations et y contredire voire se donner les moyens d’atténuer les effets pervers des décisions qui y sont prises.

Votre refus unilatéral de communiquer aux Députés de notre groupe parlementaire le rapport du comité de réflexion mis en place en mars 2019 pour faire des propositions pertinentes, après les nombreux départs des Députés du groupe parlementaire et la démotivation constatée en notre sein.

Le départ de plusieurs Députés du groupe parlementaire arguant de votre mauvaise gouvernance ne semble pas vous préoccuper puisque rien n’est fait à ce jour pour les récupérer. D’ailleurs, êtes-vous capable de nous dire réellement le nombre de Députés que sommes-nous à ce jour dans le groupe parlementaire PDCI-RDA ?

Le défaut patent de préparation du Congrès et la tenue à la va vite d’une réunion le jour même de l’ouverture du Congrès. Votre vote d’abstention lors du Congrès, sur le vote de la résolution fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Congrès, alors même que tous les Députés du groupe parlementaire avaient votés non.

Votre décision autocratique d’autoriser le prélèvement de 5% de nos indemnités sur nos primes de sessions extraordinaires, correspondant à 119.000 F/CFA, pour contribuer à la remise d’un chèque de 30.000.000 F/CFA au Ministre de la Santé au titre d’une contribution de l’Assemblée Nationale pour la lutte contre le COVID19 et ce, en dépit du refus de la majorité des Députés, mais surtout sans vous soucier de la destination finale de cet argent et des conditions de son utilisation.

Le défaut récurrent de mesures financières d’accompagnement lorsque les Députés de notre groupe perdent le bénéfice de leurs primes de sessions pour avoir suivi vos mots d’ordre de boycott en qualité de président du groupe parlementaire. D’ailleurs sur ce point, nous sommes toujours dans l’attente de votre retour concernant les dernières primes de sessions extraordinaires qui auraient dues à minima faire l’objet d’une réclamation écrite au Président de l’Assemblée Nationale.

Sans que ces exemples soient exhaustifs, il s’agit là de certaines de vos décisions prises sans anticipation, au coup par coup, sans stratégie et surtout sans tenir compte des avis de la majorité des Députés lorsqu’ils sont donnés, qui nous conduisent à ce jour aux conséquences désastreuses que nous connaissons. Manque de cohérence, de ligne de conduite politique, nous sommes résolument logés dans la réaction au lieu d’être dans l’action, de sorte que nous n’avons gagné aucune des petites batailles engagées contre le RHDP, pour à fortiori prétendre gagner la grande bataille que constitue l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Assurément, nous n’arriverons jamais dans ces conditions à être une opposition parlementaire à même de proposer des solutions politiques alternatives et à véritablement exercer un contre-pouvoir politique, alors que nous sommes supposés être en marche vers la conquête du pouvoir.

L’inertie de notre groupe parlementaire nous a d’ailleurs valu ce jour un article signé de Joël ETTIEN (directeur de publication de businessactuality.com) dont le titre parle de lui-même : « Côte d’Ivoire : Le manque de solidarité des députés, accentue la souffrance des ivoiriens ».

Que valent vraiment ces députés de l’opposition ivoirienne ?
« Voilà, des députés qui ne savent pas la fonction de député opposants et qui continuent d’accompagner le pouvoir que tous les ivoiriens, qualifient de dictatorial et qui se plaisent dans leur fonction sans aucune solidarité ».

Devant cette situation, je ne saurais par couardise ou tout autre raison, garder plus longtemps le silence sur une telle gouvernance du groupe parlementaire PDCI-RDA.

La solution pour moi n’est pas la transhumance politique (le PDCI-RDA nous appartient tous et n’est la propriété de personne), mais le débat d’idée interne et les critiques constructives, pour asseoir la démocratie au sein de notre parti en commençant par notre groupe parlementaire, afin de donner un signal fort aux ivoiriens sur notre capacité à gouverner la Côte d’Ivoire autrement.

Aussi, dans cet intérêt plus grand que nos personnes, j’ose espérer que vous prendrez la décision salutaire de démissionner de votre fonction de président du groupe parlementaire, pour qu’il puisse être, enfin, animé par une personne disponible à plein temps et ayant les compétences requises pour ce poste.

Pour rappel, courant mars 2019, les conclusions du rapport du comité de réflexion qui a répertorié les préoccupations des Députés relativement à la gouvernance du groupe parlementaire PDCI-RDA précisaient que : « la présidence du groupe parlementaire doit être portée à titre principal » pour sortir de la gestion cumulée de cette fonction avec toute autre fonction au sein du parti et ainsi parvenir à mettre en place une vraie stratégie inclusive et une gestion transparente dans la gouvernance de notre groupe parlementaire.

En l’état, bien que réaffirmant mon attachement au PDCI RDA en ma qualité de Député de la circonscription de Yamoussoukro commune, je n’ai plus convenance à rester dans le groupe WhatsApp du groupe parlementaire que tous les Députés considèrent d’ailleurs infiltré, et c’est la raison pour laquelle ils sont peu enclins à y exprimer leurs opinions.

Dans l’attente,

Recevez, Honorable, mes salutations distinguées.

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