La cellule d’enquête du ministère de la justice continue ses fouilles dans les communes d’Abidjan (Photo d’archives)
Le visage hideux de la crise pote-électorale de 2010 ayant fait, au bas mot, 3.000 morts, se découvre chaque jour, au fur et à mesure que les fouilles menées par la cellule d’enquête dans les communes d’Abidjan vont crescendo.
Ainsi, 37 corps ont été extraits d’une fosse commune dont un, de sexe féminin et d’autres de sexes indéterminés, dans la commune d’Abobo. Abobo est une commune du nord d’Abidjan, largement pro-Ouattara, qui a été le théâtre d’opérations meurtrières entre, notamment, ”le commando invisible” et les Forces de défense et de sécurité (Fds) au plus fort de la crise post-élecotale.
Les exhumations ont été opérées entre le 2 et le 3 décembre 2014, au cimetière municipal d’Abobo-Baoulé, un village Ebrié de la commune, en présence de Mme Konan, Conseillère technique du ministre de la Justice et des libertés publiques, Coulibaly Gnénéma, du Procureur de la République, Richard Adou, des responsables de l’Onuci (opération des Nations-Unies pour la Côte d’Ivoire) et surtout de la Cour pénale internationale (Cpi). Le bureau du procureur de la Cpi, qui vient d’ouvrir une base en Côte d’Ivoire, enquête sur les violences post-électorales. Etaient également présents, la sous-direction de l’identité judiciaire, les responsables de l’identité judicaire, les responsables de l’institut d’hygiène publique et ceux de l’Ivoirienne de sépulture ( Ivosep).
Selon nos sources, trois corps ont été directement transférés par les services des pompes funèbres et placés sous le contrôle du service médico-légal de Cocody, pour d’éventuelles analyses. En ce qui concerne les autres corps, soutient encore notre source, les squelettes ont été (ré) enterrés sur place.
Ces exhumations de corps s’inscrivent dans le cadre des enquêtes sur les évènements sanglants de la crise post-électorale. Laurent Gbagbo, président de la République sortant et Alassane Ouattara, candidat du Rdr au premier tour, puis du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix ( Rhdp), au second tour, s’étaient âprement disputé le gain de la victoire à ces élections présidentielles. Il s’en était suivi des affrontements militaires extrêmement meurtriers. Le lundi 11 avril 2011, Laurent Gbagbo était capturé dans son bunker de la résidence présidentielle de Cocody-Ambassade. Aujourd’hui, il est détenu à la Cpi, poursuivi de crimes contre l’humanité et est en attente de son procès. Notons que Laurent Gbagbo est candidat à la présidence de son parti, le Front populaire ivoirien ( Fpi) qu’il a créé en 1988 à Dabou, dans un village qui abrite une grande palmeraie.
Armand B. DEPEYLA