Le Rassemblement des Républicains ( Rdr), le parti au pouvoir, est sérieusement menacé de dissolution.
La raison est toute simple. Le Rdr fonctionne, depuis le 4 décembre 2010, date de la prestation de serment en tant que Président de la République élu, dans l’illégalité la plus absolue.
La Lettre du Continent, dans sa publication n° 731 du 8 juin 2016, qui évente l’information, soutient que le parti « présidentiel est menacé de dissolution », soulignant que conscient de ce fait, Hamed Bakayoko, ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, fait des pieds et des mains, pour convaincre Alassane Ouattara de lui passer la main à la tête du parti. « Face à cette situation, le parti au pouvoir devrait être tout bonnement dissous, comme le prévoit la loi. Pour contourner cette difficulté (puisqu’à tout moment, un citoyen Ivoirien peut saisir la justice pour réclamer la dissolution du parti), le Ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, tente régulièrement de convaincre Alassane Ouattara de lui confier les rênes du parti. En vain», apprend la Lettre du Continent.
Alassane Ouattara est demeuré en fonction à la tête du Rdr « en profanation » ou « portant atteinte » à la réglementation interdisant le cumul de la fonction suprême de Président de la République avec celle de président d’un parti politique. De fait, l’Article 54 de la loi est sans équivoque : « Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de tout emploi public, de toute activité professionnelle et de toute fonction de dirigeant de parti politique ».
En se maintenant à la tête du Rdr, le chef de l’État expose son parti à la rigueur et au tranchant de la loi n° 93-668 du 9 août 1993, relative aux partis et groupements politiques, notamment en son article 21. Celui-ci stipule, en effet, que « les Partis ou Groupements politiques peuvent faire l’objet de mesures de suspension pour une durée déterminée ou de dissolution assortie ou non de confiscation totale ou partielle des biens, dans les cas ci- après :- Violation des principes constitutionnels »… La présidence du Rdr est par ailleurs prise à défaut, notamment, par rapport à l’article 34 de la Constitution, relative à « l’unité nationale et au respect strict de la Constitution ». L’affaire est extrêmement sensible et le Rdr, ce parti qui se veut républicain ne peut pas ne pas se conformer aux normes démocratiques, institutionnelles et constitutionnelles.
En effet, depuis son élection en 2010. Alassane Ouattara n’a pas démissionné de la tête de cette organisation politique, contrairement à ce qu’il aurait dû faire pour éviter d’être en porte à faux avec la loi et exposer son parti à une éventuelle dissolution. Mais, le chef de l’État se disculpe régulièrement en disant ne plus avoir aucun rôle exécutif. Au Rdr, l’intérim des deux secrétaires exécutifs-la Grande chancelière Henriette Dagri Diabaté et le ministre d’État Amadou Gon Coulibaly-est assuré par Amadou Soumahoro, depuis six ans.
Il faut signaler qu’en 1993 au lendemain de son arrivée au pouvoir après le décès de Félix Houphouet-Boigny, Henri Konan avait aussitôt confié les rênes du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ( Pdci) à Laurent Dona Fologo. Dès son élection en octobre 2000, Laurent Gbagbo avait lui aussi immédiatement démissionné du Front populaire ivoirien ( Fpi) qui a élu Pascal Affi N’guessan comme nouveau dirigeant au terme d’un congrès. Pour éviter d’exposer leurs partis à une dissolution.
Armand B. DEPEYLA
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