04202024Headline:

Côte d’Ivoire : La politique de l’autruche qui enseigne ( député-Maire Assalé Tiemoko Antoine)

Avant d’aller sur le terrain pour m’occuper des populations à qui je dois des comptes, je voudrais m’occuper un peu d’une certaine catégorie d’enseignants qui s’agitent depuis quelques jours, au motif que je m’attaque à leur corporation et qui me denient le droit de parler de ce qui se passe sous nos yeux, dans l’éducation de base.
Il y a quelques jours, mon confrère Silver Konan a révélé que sur 55 mille candidats au concours de cafop 2021, 53 mille n’auraient pas le niveau. Et, sauf si je n’ai pas suivi, je n’ai pas encore lu un démenti de la DECO sur la question.
Enfin, de qui se moque-t-on dans ce pays ?
Pendant 10 ans, j’ai fait des enquêtes y compris parfois très risquées, dans plusieurs secteurs d’activités. Le journal que j’ai fondé a plusieurs de ses numéros aux pages noircies par des dossiers sur la fraude, le favoritisme, les listes imposées, dans les concours publics organisés dans ce pays.
Concours de cafop, concours de police, concours de gendarmerie, concours directs d’entrées à la Fonction publique, les examens du BEPC, du Bac, du BTS, etc.
Dans tous ces concours, depuis près de deux décennies, la toile d’araignée a laissé passer de grosses mouches, des analphabètes en puissance , des gens qui ont abandonné l’école depuis des décennies, qui ont modifié leur âge, qui ont acheté un diplôme et principalement le BEPC et le Bac, pour se retrouver dans des classes à empoisonner nos enfants, sur des routes, à racketter en bandes organisées les populations, dans des bureaux à réclamer un billet de banque pour le moindre service.
Qui dans ce pays ne sait pas cela ?
Je voudrais rappeler à ceux qui s’agitent et qui m’invitent à la télé pour un concours de lecture et d’écriture, que ce n’est pas le sujet.
Je n’ai pas dit que tous les enseignants de Côte d’Ivoire sont des analphabètes. J’ai dit que “des milliers” parmi ceux recrutés de 2000 à 2020, sont des analphabètes et cela est vrai.
Et, en aucune manière, leur analphabetisme ou leur incapacité à faire une phrase correcte, ne saurait être justifiée par leur conditions de travail.
J’ai dit que pendant 30 ans, à force de faire de la politique politicienne, de nous entre-tuer pour des hommes politiques, nous avons laissé la gangrène de la corruption étendre ses racines jusqu’au cœur de notre République pour injecter son poison dans toutes ses veines.
L’effondrement du niveau scolaire dans notre pays a plusieurs causes et l’une de ces causes est le mode de recrutement des enseignants, un mode corrompu, comme c’est le cas aussi dans plusieurs autres concours.
On parlera de tout ça maintenant et pour le moment, je suis sur les enseignants. Car c’est par l’éducation qu’un pays se construit.
En tant que journaliste, j’ai le droit de parler de ce sujet.
En tant que maire donc chargé par la loi de la gestion de l’école primaire dans ma commune, j’ai le droit d’en parler. Et si je prends dans ma commune un enseignant qui ne sait pas lire, qui ne sait pas faire une phrase correcte, je porterai plainte contre lui pour mise en danger de la vie et de l’avenir d’autrui.
En tant que Député, j’ai le droit de parler de tous les problèmes du pays et je vais parler.
Dans un pays, il y a trois choses avec lesquelles on ne joue pas ou qu’on ne peut plus jouer. La sécurité, l’éducation et la santé.
Et c’est un grand malheur pour un pays que l’éducation de base des enfants soit confiée à certains analphabètes.
Dans un pays sérieux, cette réalité devrait nous horrifier, tous autant que nous sommes et nous rassembler pour crier : “Il faut retirer ces analphabètes de nos classes”.
Au lieu de cela, on vient faire des thèses pour justifier ou pour nier une évidence.
En 2015-2016, un enseignant a été affecté dans mon village, AFFIKRO.
Cet enseignant, était sourd et n’entendait pas un traître mot de ce que les enfants disaient.
Je n’ai rien contre les sourds ou mal entendants. Mais quelqu’un qui est sourd n’a pas à se retrouver à enseigner des enfants dans une classe.
Au moment où j’écris ces lignes, cet enseignant qui s’est retrouvé hors d’Affikro suite à nos plaintes, continue peut-être d’enseigner (quoi), ailleurs.
On a assez fait la politique de l’autruche dans ce pays.
Le temps est vénu d’inviter les Ivoiriens à voir les menaces qui s’accumulent sur nos têtes.

What Next?

Recent Articles