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Côte d’Ivoire: La stratégie de Bédié (Pdci-Rda), dans cette « guerre » qui l’oppose à Alassane Ouattara (Rdr) est à la fois, simple et claire.

La stratégie du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié, dans cette « guerre » qui l’oppose à Alassane Ouattara, président d’honneur du Rassemblement des républicains (Rdr), est, à la fois, simple et claire: aller jusqu’au bout. Advienne que pourra…

Les décisions qu’il a prises, avec à la clé des sanctions à l’encontre de plusieurs de ses proches y compris des membres du Secrétariat exécutif et du Bureau politique, laissent désormais peu de doute sur sa volonté de maintenir le cap jusqu’à la présidentielle de 2020, quoi que puisse décider la suite des évènements. Lundi 19 novembre 2018, recevant sur ses terres de Daoukro les candidats élus et non élus aux dernières locales, Henri Konan Bédié s’est encore corsé son discours à l’encontre de son ex-allié, lançant un appel « de remobilisation et de désobéissance à ces pratiques antidémocratiques exercées par les membres du gouvernement et autres responsables du parti unifié Rhdp ». Hkb a semblé avoir fermé, une fois pour toute la porte à un come-back au Rhdp. « Vous êtes et vous demeurez les artisans sur lesquels le Pdci-rda fonde tous les espoirs pour la concrétisation de son objectif majeur qui est la reconquête du pouvoir d’État en 2020… Je voudrais vous inciter à demeurer mobilisés et vigilants dans l’organisation et la vie de notre parti dans vos circonscriptions respectives ».

Un message qui sonne clairement comme une réplique qui clôt le débat sur le retour du Pdci-rda dans le giron du Rhdp unifié. Le « Sphinx de Daoukro » est d’autant plus fixé, aujourd’hui, sur son objectif de 2020 qu’il vient de lancer une vaste opération de recrutement de militants sur les réseaux sociaux. Le slogan pour soutenir l’action, se veut un vrai cri de guerre lancé à ses troupes et aux Ivoiriens qui voudraient bien épouser son combat. « Pour la Côte d’Ivoire, j’adhère au Pdci-rda ». Dans l’entourage immédiat de Bédié, la prise de position des élus, cadres, militants et personnalités de haute stature issus du Pdci, à travers une tribune rendue publique hier 22 novembre 2018, dans la presse, est loin de faire fléchir Bédié. « Ils en ont fait un sujet de dérision », nous a confié, hier, un élu très proche de Bédié. L’ancien chef de l’État est donc droit dans ses bottes de rupture avec le Rhdp unifié… L’éventualité de l’entrée en scène de son épouse et les négociations envisagées çà et là semblent ne pas faire entendre raison au « Sphinx de Daoukro ».

« Bédié se raille de toutes les démarches pour le rapprocher à Ouattara. Là où il est arrivé, il ne peut plus faire marche-arrière. Il nous l’a confié. Il a dit « stop, j’ai trop encaissé ! Ça suffit ! C’est une question qui, au-delà de la politique, touche à son égo, devant tous ses actes d’humiliation qu’on lui a fait subir » renchéri notre interlocuteur. L’ancien chef de l’État, a un temps, avait espéré un dénouement rapide de cette crise suite à l’audience qu’il a accordée, le 6 juillet 2018, à Daoukro, à Dagri Diabaté et Kandia Camara, respectivement présidente et Secrétaire générale du Rdr. Mais, il a vu les choses tomber de Charybde en Scylla. Aujourd’hui, la coupe semble pleine, à ras bord… La goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase des frustrations, a été l’Assemblée générale constitutive du Rhdp, tenue le 16 juillet 2018, avec la présence, à cette cérémonie du mouvement dit « Sur les traces d’Houphouët-Boigny ». Pourtant, à la fin de l’audience avec Dagri et Kandia, le « Bouddha de Douakro » les avait chargées de transmettre au président Alassane Ouattara, président d’honneur du Rdr, sa vision de la marche du groupement politique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Mais, ses avis ont été royalement ignorés par Alassane Ouattara. Le Pdci-Rda s’est interrogé sur les motivations réelles de la précipitation avec laquelle le parti unifié dénommé Rhdp a été fondé. Étant donné que le Rhdp a été « lancé au mépris des délais minimaux de 12 à 18 mois impartis pour la finalisation de ce projet », selon Hkb.

Le choc est tel Bédié décide de se retirer du processus de mise en place du Rhdp. Pour marquer sa rupture, il se réserve « le droit de promouvoir une plateforme de collaboration avec les Ivoiriens qui partagent sa vision d’une Côte d’Ivoire réconciliée et soucieuse des droits, des libertés et du bien-être de ses populations ». Par la suite, Bédié et ses grands conférenciers ont multiplié les déclarations sur sa détermination intacte à présenter un candidat en 2020.

Reconquête du pouvoir ou rien. Des propos relayés par ses soutiens dont Maurice Kakou Guikahué et Jean-Louis Billon. Il n’empêche, Alassane Ouattara invite Bédié « à passer le pouvoir d’État à une nouvelle génération en 2020 », alors que des membres du Pdci voient en lui (Bédié ; Ndlr) « le candidat naturel » en dépit de son âge jugé « très avancé ». A partir de là, les choses se tassent entre les deux hommes jusqu’aux élections locales (régionales et municipales) du samedi 13 novembre 2018, qui ont davantage approfondi la fracture, avec des listes opposées, donnant lieu, dans certaines zones, à des affrontements. Le bilan des incidents aux élections locales fait état de 5 morts. Accusations de fraude, prétendue immixtion du président Ouattara dans les élections et la justice, les nombreux contentieux ont amené Bédié à lancer aux trousses du Rhdp, deux avocats français, notamment Me Emmanuel Marsigny, gérant du célèbre cabinet d’avocats parisiens « Marsigny Avocats », situé 189 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, et son confrère Romain Dupeyré, également du barreau de Paris. Bédié venait ainsi de donner une dimension internationale à la crise qui l’oppose à Ouattara. Tout un symbole, en prélude à la bataille de 2020 à venir. Comme un autre coup de massue sur le Pdci, le Rhdp d’Alassane Ouattara entreprend de « démembrer » le parti de Bédié. Plusieurs listes de maires élus, des indépendants proches du Pdci ainsi que des présidents de Conseils régionaux sont débauchés sous la houlette d’Amadou Gon Coulibaly, Albert Mabri Toikeusse et Amadou Soumahoro.

Pour Bédié, la seule bataille qui vaille pour laver l’affront, c’est d’aller au combat. L’objectif, à terme, est de ramener le Pdci-Rda au pouvoir en 2020. La décision est prise, peu importe ce qu’il se passe ensuite. « Ce sera dur, bien sûr. C’est la raison pour laquelle il faut s’engager », a estimé un haut cadre du Pdci. « Le président Bédié ne va pas reculer, car il est allé trop loin dans son rapport de force avec Ouattara… Il a la volonté ferme de mener ce combat jusqu’à la victoire du Pdci en 2020, quels que soient les aléas, quelles que soient les attaques qu’il subit », nous confie un maire Pdci élu dans le Cavally.

Aujourd’hui, l’ancien chef de l’État semble d’autant plus chaud, déterminé et engagé à fond dans cette reconquête du pouvoir d’État en 2020, qu’il n’hésite pas à sanctionner tous ceux qui, issus des instances du Pdci, veulent le contrarier. Son petit neveu Jean-Marc Bédié ; son directeur de cabinet, Dr Lenissongui Coulibaly, et bien d’autres hauts responsables ont été mis sur la touche. La question qui revient sur toutes les lèvres, aussi bien dans les rangs de militants du Pdci que chez les observateurs neutres, est de savoir si Henri Konan Bédié ne va pas « se dégonfler » pour se retrouver dans le giron du Rhdp, avec son allié Alassane Ouattara. L’avenir situera les Ivoiriens.

Armand B. DEPEYLA

 

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