04242024Headline:

Côte d’Ivoire: Le Conseil Constitutionnel a-t-il donné son autorisation pour que Gbagbo soit jugé ? se demande Nazaire Kadia


Quatre candidats dont les noms avaient déjà été révélés par le lanceur d’alertes, Christ Yapi, ont été retenus. Il s’agit de messieurs Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’guessan et Kouadio Konan Bertin. Sans surprise, le président Laurent Gbagbo, M. Soro Guillaume et tous les autres candidats n’ont pas été retenus.

A l’analyse, cette décision du Conseil Constitutionnel résulte d’un savant calcul à l’effet d’éviter une action concertée de toute l’opposition. Ceux dont la candidature est acceptée seront-ils dans une posture de contestation, alors qu’ils doivent préparer les joutes électorales ? Sont-ils dans le même état d’esprit que ceux qui ont été recalés ? Assurément non et c’est de bonne guerre !

Mais accepter d’aller à une compétition avec une personne dont la candidature viole manifestement la loi fondamentale, devrait logiquement faire réfléchir. Celui qui opère un passage en force pour être candidat, avec assurément une pression sur le juge des élections, peut-il accepter un verdict qui ne lui est pas favorable ? Le juge des élections aura-t-il le cran de le déclarer battu s’il l’est vraiment ?
Accepter également d’aller à des élections et prendre acte de la candidature anticonstitutionnelle de M. Ouattara, c’est aussi se faire complice de la forfaiture à venir. Et l’histoire jugera.

On aura tout entendu au cours de cette session du Conseil Constitutionnel !
Le président de l’institution nous apprend que le président Laurent Gbagbo, radié de la liste électorale parce que condamné à 20 ans de prison et par conséquent inéligible, était membre de droit du Conseil Constitutionnel de par son statut d’ancien président de la république. N’ayant pas démissionné du Conseil Constitutionnel, sa candidature ne pouvait qu’être irrecevable. Soit.

Mais en même temps que M. Mamadou Koné nous explique comment un membre de l’institution qu’il dirige a pu être poursuivi, jugé et condamné, alors que l’article 132 de notre loi fondamentale stipule que : « Aucun membre du Conseil Constitutionnel ne peut durant son mandat, être poursuivi et arrêté, détenu ou jugé en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation du Conseil Constitutionnel, sauf les cas de flagrant délit ».

Le Conseil Constitutionnel a-t-il donné son autorisation à la justice pour que le président Laurent Gbagbo soit jugé et condamné par contumace ? Peut-on voir les traces de cette autorisation dont personne n’a eu écho ?

D’autre part pour justifier la recevabilité de la candidature anticonstitutionnelle de M. Ouattara, M. Mamadou Koné n’a pas eu besoin de faire référence aux explications et aux écrits des experts rédacteurs de la constitution, encore moins à ceux des constitutionnalistes dont la science fait autorité chez nous, mais aux explications de M. Affi N’guessan Pascal, Ingénieur des Télécommunications ! Certainement que les professeurs Wodié, Bléou et autre Ouraga Obou gagneraient à consulter M. Affi N’guessan pour un renforcement de capacités !

En tout état de cause, alea jacta est ! Le sort est jeté. Il reste désormais à l’opposition exclue de la compétition de réagir. Il lui revient de façon claire et sans ambigüité aucune de s’opposer à cette imposture du Conseil Constitutionnel. Depuis 2010, les décisions du Conseil Constitutionnel peuvent être contestées et ces décisions ne s’imposent pas à tous ! Elles n’ont pas la force de la chose jugée. Le professeur Paul Yao N’dré en sait quelque chose !

En toute responsabilité, l’opposition doit être capable de définir ce qui doit être fait, et la contestation doit avoir un visage. Elle se fera avec les moyens d’expressions autorisés par la constitution. Point n’est besoin de compter sur les militants des partis autorisés à prendre part aux joutes électorales. Ceux-ci sont dans un état d’esprit de la compétition et dans une autre dimension.

L’opposition est donc devant ses responsabilité et l’histoire retiendra la marche qu’elle va adopter. Car « celui qui n’a pas le courage de se rebeller, n’a pas le droit de se lamenter » (Ernesto Che Guevara).
Il y a eu un matin, il y aura assurément un soir…

Melv Sage

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