Situation carcérale en Côte d’Ivoire: Le Midh dénonce des conditions de détention précaires
Me Yacouba Doumbia a appelé le gouvernement à consentir de nouveaux efforts pour améliorer la situation des détenus
La situation de la détention en Côte d’Ivoire, que ce soit dans les postes de police et de gendarmerie ou dans les prisons, reste précaire. C’est en tout cas ce qui émerge comme constat dans le rapport de fin d’une enquête réalisée de mars 2014 à février 2015 dans plusieurs lieux de détention (prisons et box de garde à vue) par le Mouvement ivoirien des droits humains (Midh).
Dans ce rapport qui a été livré à la presse le samedi 21 mars au siège de cette organisation sis aux 2 Plateaux-Aghien, son président, Me Doumbia Yacouba a fait observer qu’il n’y a pas eu d’améliorations « notables et significatives » de la situation carcérale en comparaison au rapport d’enquête de 2009 de son organisation. Et ce, en dépit de la volonté du gouvernement de faire changer les choses. « Il y a eu des travaux de réhabilitation. D’un repas par jour, les prisons sont en train de migrer vers 2 repas quotidiens. Ce sont là des signes de la volonté du gouvernement d’améliorer la situation carcérale dans notre pays. Mais, à la lumière de notre enquête, il ressort clairement que nos prisons restent toujours surpeuplées, hors normes, avec des risques réels d’infection. Ce qui est une atteinte aux droits humains et spécifiquement aux droits des prisonniers», a dépeint le président du Midh.
Il a ajouté que plusieurs prisons restent dégradées et que des problèmes d’étanchéité et d’assainissement avec des airs d’évacuation de l’eau usée bouchées, y sont posés. Notamment à la Maison d’arrêt de correction d’Abidjan (Maca) et la prison de Bouaké. « A Tabou ou encore à Toumodi, les prévenus, menottes aux mains, marchent de la prison au Tribunal pour leurs procès. Ce qui pose le problème de manque de véhicule de liaison. Tous les agents n’ont pas de tenue et de moyens pour assurer convenablement leurs missions. A ce tableau sombre, est venu s’ajouter un conflit de leadership entre les nouvelles recrues dans le corps des gardes pénitentiaires et ceux qu’ils ont trouvé dans la fonction. Les ex-combattants qui ont intégré ce corps refusent la discipline et méconnaissent l’autorité des agents non issus de leur unité d’origine. Ce qui crée des clans au sein du personnel carcéral», a-t-il déploré.
Face à une « situation carcérale obsolète », le Midh, par la voix de son président, a appelé le gouvernement « à construire de nouvelles prisons ; à faire respecter les délais de la détention préventive pour ne pas maintenir longtemps des personnes interpellées dans des lieux de garde à vue exigus et mal entretenus ; à doter les agents de moyens d’entretien et d’équipements de travail et à accroître le budget de l’administration carcérale afin que la ration alimentaire de 200 F par jour par prisonnier soit revue à la hausse pour aller vers 900 F/jour prescrits selon les normes internationales ». Sur l’ensemble des 35 prisons ivoiriennes, l’enquête du Midh a concerné 20 centres de détention.
TRAORE Tié
L’INTER