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Côte d’Ivoire, le pays ou ‘‘Tout le monde peut être candidat en 2020…ˮ Ce qu’il faut comprendre

Côte d’Ivoire, le pays ou ‘‘Tout le monde peut être candidat en 2020…ˮ Ce qu’il faut comprendre, selon 2 IDé.

Lors du référendum du 30 octobre 2016 en vue du passage de la Côte d’Ivoire à la troisième République, 2IDé a fait campagne pour l’abstention. Cette prise de position citoyenne et responsable tient au fait qu’en tant qu’organisation de la Société civile à caractère politique, elle a estimé qu’objectivement les conditions pour la tenue de cette consultation populaire n’étaient pas réunies d’une part et que les moyens pour la mise en œuvre d’un boycott de ce processus n’étaient pas non plus réunis d’autre part.

Alors l’appel à l’abstention du peuple de Côte d’Ivoire de prendre part à ce que nous avons considéré comme une mascarade électorale et donc comme une forfaiture était motivé et nos arguments ont été largement exposés. L’histoire est en train de nous donner raison. Voici exposé ici quelques faits.

La constitution ivoirienne de novembre 2016 comme celle de 2000 est encore une fois de plus source de conflits. Depuis son adoption toutes ses insuffisances politiques, sociales et économiques entraînent peu à peu la Côte d’Ivoire dans un nouveau cycle de chaos ; ce qui est bien malheureux et dommage pour un pays qui est déjà bien éprouvé par les nombreuses crises à répétition.

S’agissant du fameux référendum, si le « oui » en faveur de cette constitution a consacré la troisième République, cette approbation a confirmé malheureusement bien d’autres mesures iniques qui risquent de faire reculer la Côte d’Ivoire dans une sorte de grand bond en arrière dans la marche à reculons qu’elle fait dans le sinueux chemin de sa jeune et balbutiante démocratie.

C’est justement l’une des dispositions de cette constitution qui est l’objet de notre réflexion dans la présente contribution éditoriale. Pour ceux qui s’en douteraient éventuellement, le Président de la République actuel peut encore être candidat à sa propre succession ! En tout cas, rien ne l’en interdit. En effet, selon l’Article 55 de la cette constitution ivoirienne du 08 novembre 2016, « Le candidat à l’élection présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. »

Côte d’Ivoire

Il ressort de l’interprétation de cet article que le verrou qui corsète la limite d’âge pour être candidat à l’élection présidentielle ivoirienne a été levé. Désormais il n’y a pas de limite d’âge pour être candidat aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire. Tel qu’exposé jusque-là il semble qu’il n’y a aucun problème. Mais adoptons un autre point de vue plus politique, adoptons la perspective de ‟l’horizon 2020ˮ (pour être à la mode).

En vérité en 2020, tous les acteurs politiques qui animent la vie politique ivoirienne depuis plus de trois, quatre,… décennies, c’est-à-dire depuis l’ère Houphouët peuvent être candidats, encore. Encore et encore, n’en déplaise aux démocrates ! Il s’agit bien de ces acteurs qui ont porté bien des coups, blessures et meurtrissures à ce pays. Rien absolument rien n’interdit cet état de fait !

On comprend donc toute la passion qui a cristallisé le référendum d’octobre 2016 devant l’opiniâtreté des tenants de cette nouvelle République à opérer le passage en force, en dépit du faible taux de participation à cette consultation référendaire. Assurément cela est un véritable attentat contre la démocratie et les démocrates.

Le peuple de Côte d’Ivoire dans sa majorité n’a pas participé à ce simulacre de référendum, encore moins voté en faveur de cette constitution rétrograde, qui finalement fait le lit d’une gérontocratie politique puante et arrogante. Ainsi aux yeux de 2IDé et de tous les démocrates, la constitution de novembre 2016 nous apparaît-elle illégitime.

Constitution imposée

En un mot comme en mille, la constitution du 08 novembre 2016 a été imposée au peuple justement pour assouvir des desseins inavoués et ouvrir un boulevard auréolé d’un tapis rouge à la vieille garde politique, à ceux qui pensent qu’ils ont droit de vie et de mort sur les peuples de Côte d’Ivoire.

Cette situation confirme la clairvoyance politique de 2IDé et sa prise de position contre cette énième aventure politique orchestrée par ceux qui font main-basse sur le renouveau politique ivoirienne. Devant cet immobilisme digne de pratiques monarchique et la prise en otage de notre avenir, quelques questions viennent constamment nous tarauder l’esprit.

« NOTRE PAYS, LA CÔTE D’IVOIRE SERAIT-ELLE UNE CHASSE GARDÉE À LA SOLDE DE CETTE OLIGARCHIE GÉNÉRATIONNELLE ? »

Est-ce qu’il n’y a plus d’autres acteurs politiques capables de porter des aspirations profondes et légitimes du peuple de Côte d’ivoire, de gérer ce pays mieux que ces fossoyeurs de notre avenir ? Notre pays, la Côte d’Ivoire serait-elle une chasse gardée à la solde de cette oligarchie générationnelle ?

En choisissant d’imposer une troisième République, il y a une volonté manifeste de maintenir le statu quo dans l’arène politique ivoirienne. En vérité, rien n’a changé sous les tropiques. Ces leaders politiques d’avant 1960 qui s’arrogent les règles du jeu politique se considèrent comme les plus intelligents et les plus à même d’exercer le pouvoir d’État.

D’ailleurs comment peut-il en être autrement quand on regarde la politique dans notre pays où aujourd’hui la grande partie de la jeune génération, celle d’après 1960 ne fait essentiellement que de la politique du ventre. Peut-on raisonnablement porter un projet politique tout en restant arrimer à ces leaders politiques à l’ancienne ? La réponse à cette dernière interrogation est sans ambages : c’est Non !

Du décollage des années 70-80, puis de l’Éléphant d’Afrique en 1995 à l’émergence en 2020 en passant par la Refondation en 2000, la Côte d’Ivoire a connu diverses fortunes et diverses désillusions. In fine, que reste-il de ces concepts pompeux et ronflants imaginés pour endoctriner et endormir le peuple ?

Mal gouvernance

En lieu et place de programme de gouvernement allant dans le sens du bien-être de la nation entière, nous avons assisté et continuons d’assister à des pratiques de mal gouvernance aux relents ethnicistes, tribalistes et partisans. Et pour dire vrai, en lieu et place de l’alternance des différents régimes ces dernières décennies, se succèdent plutôt des difficultés sociales grandissantes et insoutenables.

Il n’y a pas et ne saurait y avoir de conflit de génération mais il y a un problème avec une classe politique dont les vielles pratiques éloignent sans cesse notre Pays de la paix, de la nation et du développement inclusif.

Nous sommes en 2017, à l’orée de l’émergence tant chantée et rebattue, les Ivoiriens sont fatigués et la situation devient intenable devant les difficultés qui vont sans cesse croissante. Les populations ne peuvent plus de continuer à se faire tuer, elles ne peuvent plus voir leur biens et sacrifices de nombreuses années partir en fumée, elles rechignent face au chômage chronique, faute de mieux les entrepreneurs ferment sans cesse boutique, l’on se bat pour survivre dans un contexte d’augmentation sans cesse du coût de la vie, etc.

Ce sont là des préoccupations fondamentales auxquelles il faut daigner s’attaquer que de vouloir chaque fois saper l’attention du peuple par des programmes de gouvernance fallacieux (s’il en existe) qui se résument à acquérir et à conserver le pouvoir. Si bien que depuis quelques temps, on assiste à d’incessants ballets en France auprès d’amis et cercles d’influence afin de s’assurer de leurs soutiens. C’est un secret de polichinelle que les élections ivoiriennes se gagnent à Paris.

La classe politique ivoirienne est amnésique, elle a très vite oublié que le peuple ivoirien a été éduqué à la sève de son mépris et des bassesses ; qu’elle n’a pas encore fini de faire le deuil de ses trois mille (3000) morts et de toutes les guerres dans lesquelles il a été plongé. Dressé droit dans ses bottes, il est en éveil et attend cette fois-ci de vous que l’on lui fasse le bilan de la gestion et des actions de développement avant que d’oser parler de 2020.

J’ai l’intime conviction aujourd’hui que tous les peuples d’Afrique et d’ailleurs sont matures. Quant au peuple de Côte d’Ivoire, il saura réagir opportunément. Cette certitude, je la tiens pour dite par l’histoire qui nous l’a enseignée et par les vaillants peuples de la Tunisie, de l’Égypte et du Burkina Faso.
Peuple de Côte d’Ivoire l’histoire est à ta portée !

Pour 2IDé
Le Président

Innocent Gnelbin

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