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Côte d’Ivoire: Le procès en acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, poursuivis pour crimes contre l’humanité à la CPI, s’est achevé ?

Le procès en acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, poursuivis pour crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale (Cpi), s’est achevé, le jeudi 22 novembre 2018, par une plaidoirie de haut vol, des avocats des deux prévenus. Place maintenant au verdict des trois juges, qui devrait tomber, les mois à venir. Concernant l’issue, personne ne peut mettre sa main au feu, pour dire quelle sera sa couleur pour un camp comme pour un autre. D’où le grand suspense qui règne en ce moment en Côte d’Ivoire et à la Cpi.

Dans le camp du procureur Fatou Bensouda, mais bien plus dans celui des farouches partisans de Laurent Gbagbo, qui sont nombreux à faire le déplacement de La Haye pour suivre en direct ce procès, on attend avec inquiétude l’issue de ce procès. Une fin de plaidoirie marquée par une passe d’arme entre le juge-président, Cuno Tarfusser et le bureau procureur Fatou Bensouda. De façon manifestement véhémente, Cuno Tarfusser a marqué son désaccord avec le bureau du procureur, relativement au refus d’accorder le droit de s’exprimer à Blé Goudé. Le bras-droit de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, avait émis le vœu de s’exprimer. Mais, l’ex-« général de la rue Abidjanaise» n’aura finalement pas eu droit à la parole au dernier jour du procès pour acquittement. Les juges de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (Cpi) ayant refusé, à la majorité, de lui accorder ce droit. Furieux, le juge-président Cuno Tarfusser a lancé : « Je considère qu’il s’agit là d’une violation du droit fondamental de l’accusé ». « Je suis en total désaccord avec la décision de la majorité de ne pas autoriser M. Blé Goudé à prononcer une déclaration devant cette Chambre. Je suis convaincu que s’adresser à son juge est un droit fondamental inaliénable pour chaque accusé », a-t-il soutenu. Puis de poursuivre, sur un ton un peu agacé : « La Chambre a le pouvoir discrétionnaire, un pouvoir strictement limité, d’identifier le moment approprié et les modalités que doit suivre une telle déclaration. Ce pouvoir ne va pas jusqu’à empêcher que cette déclaration puisse être faite. En d’autres termes, une fois que l’accusé a exprimé sa volonté d’exercer ce droit, les juges ne peuvent se prononcer que sur la manière dont il va le faire et à quel moment il va le faire… »

Après avoir proprement brocardé Eric McDonald du bureau du procureur, il a eu cette phrase d’un grand symbolisme : une « décision sera prise en temps opportun et bien évidemment, aussi rapidement que possible ». La prise de position du juge-président, ouvertement en faveur des accusés, a semblé avoir illuminé l’espoir des « Gbagbo ou rien » (Gor) de voir sortir leurs champions.

Tout au long de leur plaidoirie, dans ce procès en acquittement, les avocats Emmanuel Altit, N’Dry Claver, Me Knoops, Seri Zokou, Jean Serge Gbougnon… ont plaidé pour un acquittement pur et simple de Laurent Gbagbo et de son homme de main, Charles Blé Goudé, démontant, point par point, le dossier de l’accusation. Pour les conseils de Laurent Gbagbo, le procureur de la Cpi n’a fourni aucune preuve permettant de dire que l’ex-chef d’État aurait donné l’ordre de commettre des violences contre les civils, dans le cadre d’un plan dit « commun ». Selon eux, l’enquête a été bâclée et plusieurs preuves n’ont pas été authentifiées, certains témoins cités par l’accusation n’ont pas assisté aux violences. « Le procureur n’a pas mené une enquête sérieuse », ont-ils conclu, demandant l’acquittement. Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers les trois juges de la Cpi, qui doivent décider du maintien en détention ou de l’acquittement de Gbagbo et Blé Goudé, après des années déjà passées en prison.

Armand B. DEPEYLA

 

linfodrome.com

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