Le gouvernement ivoirien est tellement engagé dans des réformes importantes pour aller vers l’émergence que de mauvaises intentions tapies dans l’ombre sabotent son travail.
Vraiment le gouvernement ivoirien a réponse à tout, serait-on tenté de dire ! Même quand il fait profil bas, il arrive à reprendre du poil de la bête, à se remettre sur son piédestal, pour affronter la réalité en face, et dire ce qui se passe aux Ivoiriens, même si comme lui-même aime à le dire, ce n’est pas tout qu’on dit à tout moment. Bref !
Au sortir du Conseil des ministres du mercredi 24/5, le porte-parole du gouvernement, le ministre Bruno Koné – celui pour qui la nouvelle loi sur la presse tant contestée est une avancée depuis 2004- a affirmé que «le gouvernement n’est pas la cause de tout ce qui se passe aujourd’hui, mais lui-même une victime.» («APA », 24/5) Et toujours selon la même agence panafricaine, «Selon M. Koné, toutes les mutineries observées depuis le mois de janvier en Côte d’Ivoire résultent du « passif non-soldé » de la crise postélectorale de 2010. « Nous continuons de payer la sortie de crise d’une élection qui était censée sortir définitivement la Côte d’Ivoire de la crise » ». En effet, on ne peut que compatir à cette situation, qui sape les efforts gigantesques entrepris par ce gouvernement pour que chaque ivoirien bénéficie des fruits de notre croissance exponentielle qui fait que «la Côte d’Ivoire va étonner le monde entier». Et les victimaires dans cette cabale orchestrée, ce sont sûrement ces ex-FAFN qui étaient à leur deuxième mutinerie en ce mois de mai après celle de janvier dernier, ainsi que les quelques deux cent ex-combattants démobilisés qui avaient manifesté pour réclamer 18 millions de FCFA de primes chacun.
La faute à Ouagadougou?
A qui il revenait de payer ces mutins ex-FAFN? C’est en substance la question que se posent beaucoup d’Ivoiriens. En effet, pour certains ces remous incessants viennent de promesses faites à ces soldats du temps où ils avaient pour mission de déloger l’ex-Président Laurent Gbagbo ; et qu’ils ne devaient à ce titre pas percevoir de primes greffées sur le budget de l’Etat…Quand pour d’autres, tout est parti des accords de Ouagadougou qui avaient prévu l’intégration de forces membres de l’ex-rébellion, en 2009. Heureusement pour notre gouvernement, le débat sur les mutineries à n’en point finir en Côte d’Ivoire a fait l’objet de l’«appel sur l’actualité » sur la radio RFI.
En effet, pour les tenants de la thèse de l’accord de Ouaga, ces forces ayant été intégrées, deux ans plus tard, après la promesse des politiques de le faire, elles réclament comme primes, les deux ans de traitement qu’elles n’avaient pu recevoir. Alors que pour les pourfendeurs de l’émergence, ce serait une promesse de l’empereur Ouattara de les récompenser pour avoir délogé l’intrépide Gbagbo. Point n’est besoin de tergiverser devant une telle polémique. Quid de la réaction des concernés? «On veut notre argent !…Nous avons été trahis, s’indigne-t-il. Ils nous avaient promis l’argent, et aujourd’hui, plus rien !…Nous avons fait la guerre pour lui, alors nous espérons qu’il tiendra sa parole de nous donner ce qu’il nous a promis» («Le monde Afrique», 15/5) Telle était la quintessence de la revendication des mutins. On comprend dès lors que si ce n’est pas Ouaga, c’est que le gouvernement est bien une victime et les mutins, les victimaires!
KONE ADAMA, in L’Eléphant déchainé 548,