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Côte d’Ivoire: Pourquoi le president Ouattara n’a jamais reçu le corps préfectoral

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Côte d’Ivoire: Pourquoi Ouattara n’a jamais reçu le corps préfectoral

Le corps préfectoral (préfets et sous-préfets) est un corps qui s’exprime rarement. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de revendications ou qu’ils n’ont pas de raisons d’être mécontents.

Voilà six ans que son Altesse l’empereur Ouattara II est au pouvoir. Six ans qu’il s’appuie sur les rapports au quotidien des préfets pour avoir le baromètre de la situation sociale sur l’ensemble du territoire de la République.

En effet, le corps préfectoral, les préfets, assistés des sous-préfets, sont les dépositaires de l’autorité de l’Etat dans un département. Responsables dans chaque département de l’ordre public, ils détiennent des pouvoirs de police qui les rangent dans la catégorie des autorités de police administrative. Représentants directs du chef de l’Etat, ils représentent également dans le département de leur ressort, chaque ministre du gouvernement, même s’ils sont sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur, à qui ils rendent des comptes.

Dans la République, les préfets et sous-préfets jouent un rôle important dans le maintien de la cohésion sociale et, à ce titre, sont en étroite collaboration avec les communautés habitant chaque commune.

Ils ne peuvent faire grève…

En raison de leur statut (appartenance au pouvoir exécutif), il arrive rarement aux préfets de revendiquer bruyamment quoi que ce soit. Leurs besoins, ils ne l’expriment que lorsqu’ils ont l’occasion de rencontrer leur ministre de tutelle, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, ou lorsqu’ils ont l’occasion d’être reçus par le chef de l’Etat en personne. Mais voilà, depuis son accession au pouvoir, son Altesse l’empereur Ouattara II n’a pas encore trouvé le temps de recevoir le corps préfectoral de Côte d’Ivoire qui piaffe d’impatience de le rencontrer afin de lui faire part de leurs conditions de travail et leur profil de carrière. Seuls les préfets ou sous-préfets des localités visitées par le Président, pendant les visites d’Etat au cours de son premier mandat, ont eu le privilège de se retrouver, à ces occasions, dans une salle avec leur chef d’Etat. Sauf que ces rencontres étaient organisées pour permettre aux cadres des régions visitées d’exposer directement les attentes de leur région au visiteur de haut rang. Les préfets et les sous-préfets n’avaient pas droit à la parole au cours de ces rencontres si ce n’est de répondre ou d’apporter gentiment des précisions sur des questions spécifiques posées au chef de l’Etat ou au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Ce n’était donc pas le lieu d’exposer les problèmes du corps préfectoral. Lequel a espéré en vain, au cours du premier mandat, d’être reçu spécialement par le Président de la République qui vient de cramer un an sur les cinq restants pour le deuxième mandat.

Ils sont en grève et les préfets font les rapports    

Depuis le mardi 7 Novembre, les fonctionnaires de Côte d’Ivoire, exaspérés par l’incroyable réforme que l’Etat veut leur imposer sans discussion sur des coupes sombres dans les pensions de retraite et des conditions étranges que la ou le conjoint du fonctionnaire décédé, sont en grève d’avertissement de 72 heures. Et comme c’est de coutume, chaque soir, depuis le 7 Novembre, les préfets sont tenus de faire le point du succès ou non de la grève à leur hiérarchie, laquelle se charge de faire suivre ces «bulletins» jusqu’au sommet. Sauf que chaque soir, en rédigeant leur rapport, nos braves préfets ne peuvent s’empêcher de penser à leurs propres conditions qui ne sont pas meilleures que celles des autres fonctionnaires. Mais à l’opposé de ces derniers, ils ne peuvent eux, aller en grève.

Les seules occasions qu’ils ont d’exposer leurs besoins sont soit les rencontres avec leur hiérarchie directe, soit avec le Président de la République. Ce qui, apparemment, ne risque pas d’arriver tant aucun signe ne leur permet de savoir qu’ils seront un jour reçus par le chef de l’Etat au cours de ce deuxième mandat.

Ils finiront par descendre silencieusement dans les rues comme les policiers en France?

ALEX KASSY, in L’ELEPHANT DECHAINE n°495

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