04202024Headline:

Côte d’Ivoire: Présidentielle du 25 octobre:Voici Comment l’argent a déséquilibré le scrutin

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Alors que tous les observateurs font chorus pour mettre en avant l’esprit de paix qui a présidé au bon déroulement du scrutin du présidentiel du 25 octobre dernier, il ne s’en trouve personne pour dénoncer le rôle néfaste joué par l’argent.

Il est vrai qu’une campagne électorale, dans le cadre de l’élection présidentielle à laquelle l’on a assisté, le 25 octobre dernier, ne se fait pas sans argent. Une campagne électorale est coûteuse. Pour autant, elle ne doit pas donner lieu à un déploiement insolent de moyens financiers là où le peuple croupit sous le poids de la misère. C’est cependant ce qui c’est passé en Côte d’Ivoire, pays pauvre très endetté le 25 octobre dernier. Tous les moyens matériels et financiers ont été mis à contribution. Y compris ceux de l’Etat, sans que cela n’émeuve personne. Dans les pays développés, notamment dans les vieilles démocraties, après une campagne électorale, on établit un rapport des dépenses pour faire la lumière sur les budgets de campagne des différents candidats. On fouille pour voir l’origine des ressources qui ont servi au financement de la campagne électorale. Quelquefois, on va plus loin pour voir comment ces budgets-là ont été utilisés pendant la campagne. Malheureusement, Alassane Dramane Ouattara, le nouvel homme fort d’Abidjan, qui a été gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) et directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi), n’a pas la culture des vieilles démocraties. Il ne dira donc jamais aux Ivoiriens combien a coûté sa campagne électorale dans le cadre de la dernière élection présidentielle. Il ne sera même pas tenté de dire l’origine des fonds qui ont servi au financement de sa campagne. Si tout le monde a été informé des 100 millions de Fcfa de subvention de l’Etat alloués à chaque candidat comme étant sa contribution aux frais de campagne, on ne saura certainement jamais la part qui est revenue au chef de l’Etat, candidat à sa propre succession. Parce que ce qui a été observé sur le terrain pendant cette campagne est simplement scandaleux.

L’argent a
abondamment circulé
L’argent a abondamment circulé. Alors qu’Alassane Ouattara n’a jamais raté une occasion pour déclarer que «l’argent ne circule pas, parce qu’il travaille», pendant la dernière élection présidentielle, on aurait dit que l’argent a arrêté de «travailler» pour inonder les électeurs. Ailleurs, les observateurs internationaux des élections appellent cela «achat des consciences», mais, ici, en Côte d’Ivoire, ils ont carrément choisi de fermer les yeux là-dessus.
Alassane Ouattara a mené une campagne électorale sous une pluie d’affiches. Elles ont inondé tout le pays. Il n’y a pas eu un petit espace qui n’a pas été couvert par les affiches du candidat Ouattara. Dans les villes, les villages, les campements, les rues, les murs, ainsi que tous les édifices publics ont été envahis par les affiches du candidat Rhdp. Certains de ses adversaires ont soutenu que tous les placards publicitaires de la Ville d’Abidjan ont été tous réquisitionnés par le candidat Alassane Ouattara. Au point qu’il s’est trouvé des panneaux publicitaires sans affiche qui ne pouvaient pas être attribués aux autres candidats. Autant il y avait partout des affiches du candidat Alassane Ouattara, autant ses T-shirts étaient distribués à la pelle. Et il y en avait de toutes les couleurs. Des T-shirts orange, des verts, des blancs. Ils étaient également de tous les modèles au point qu’on avait l’impression de voir un seul individu avec plusieurs T-shirts.
Et ce n’est pas tout. On a vu M. Ouattara déployer des camions publicitaires, faire divers dons en numéraire et parfois des dons en nature portés par ses envoyés dans certaines régions.
Le jour du scrutin le candidat Ouattara était en mesure d’offrir à chacun de ses représentants dans les bureaux de votes la somme de dix mille francs. Et il en avait souvent au moins deux par bureaux en plus des coordonnateurs des centres de vote. Quand on sait qu’il y avait environ 20 mille bureaux de vote, on peut estimer on imagine aisément ce que cela peut représenter comme investissement.
Alors question. Est-ce que ce sont les 100 millions de Fcfa de subvention de l’Etat qui ont permis au candidat du Rhdp de réaliser tout cela ? Alassane Ouattara a-t-il utilisé son propre argent pour louer toutes ces pancartes publicitaires en vue d’accueillir autant d’affiches et fabriquer autant de T-shirts de campagne ? Des explications s’imposent, parce que le contribuable ivoirien n’a aucun élément pour vérifier comment son argent est utilisé pour les pouvoirs publics. Le directeur financier de la présidence de la République étant le frère cadet du chef de l’Etat, le candidat Alassane Ouattara. Ce qui laisse à penser que tout ceci est fait à dessein pour entretenir le flou.
Benjamin KORé

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