04202024Headline:

Côte d’Ivoire : quand feu Issiaka Ouattara hante Guillaume Soro

Les souvenirs sont encore vifs sur les rapports étroits qu’ont entretenus Issiaka Ouattara dit Wattao et Guillaume Soro. Le premier avait informé le second de l’ostracisme qu’il subirait.

Issiaka Ouattara, visionnaire ou simplement prévisible ? De mémoire d’Ivoiriens, le caporal passé progressivement lieutenant-colonel, colonel puis colonel-major n’avait aucun don divinatoire. En tout cas, s’il en avait eu, il n’en a guère fait les prouesses à prédire des lendemains meilleurs ou troubles à des proches ou ses troupes.

Seulement, comme tout humain, le militaire savait faire la lecture du temps et des signes qui en émergeaient selon les circonstances. En effet, un certain nombre de propos, des vérités s’opérant actuellement par le déclin des relations entre l’ex-président de l’Assemblée nationale et le président de la République, prouvent qu’il tenait une analyse prospective objective de la situation politique.

WATTAO-SORO : DES INSEPARABLES

Pour ce qui regarde les seuls liens entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara, leur très proche collaborateur, Wattao, n’appréciait déjà pas l’allure que prenaient les choses au travers de vives critiques contre ex-chef des Forces Nouvelles, son patron. Une forte intuition qu’il n’avait d’ailleurs pas gardée pour lui seul tant il l’avait confié à un canal public, GKS TV. La télévision toute dévolue à la cause de l’ex-leader estudiantin et qui, pour raviver des souvenirs, diffuse en ce moment même des vérités inédites.

L’on apprend ainsi par des séances audiovisuelles, l’intime conviction de l’ancien patron de la compagnie Anaconda, ex-chef d’état-major adjoint de l’ex-rébellion. Selon lui, ceux des Ivoiriens parce qu’ils se réclament adversaires ou détracteurs de Guillaume Soro qui le vilipendent, avancent sur un terrain mouvant. Ils ont tort de s’en prendre à celui qu’ils désignent comme l’ennemi à soumettre.

Déjà, dans les années 2016, Issiaka Ouattara désavouait ces langues fourchues à l’encontre, leur reprochant de s’être lancés dans une méprise vaine. « J’aimerais dire à Monsieur Guillaume Soro de rester serein … », tranquillisait-il Kigbafori ou « l’invincible ». Il lui avait même demandé de tenir bon, de rester cramponner à ses idéaux parce que le pire était à venir.

« Les attaques viendront mais qu’il reste serein, rien ne peut lui arriver tant que ce n’est pas la volonté de Dieu », assumait-il, lui qui a été longtemps lorgné pour être resté fidèle à Guillaume Soro. DES CONVICTIONS SANS PARTAGE Le colonel-major était aussi convaincu d’une chose : ceux qui attaquent Soro ne le connaissent pas. Pour l’avoir pratiqué des décennies durant, il disait retenir de l’homme, un résistant constant, quelqu’un qui n’abandonne pas.

« Avec son nom Kigbafori qui signifie l’invincible, ça veut dire que ce n’est pas ce genre de choses qui pouvaient l’arrêter », professe tout sourire dans la vidéo. Ses souvenirs étaient encore vifs des moments de braise, du temps où à Bouaké, des hommes embusqués ouvrent le feu sur l’avion du Premier ministre. Par cette heure chaude et grave, il fallait prendre prestement une décision courageuse. Lui, Wattao, en avait pris une au péril de sa vie. Pour dit-il témoigner son attachement et sa fidélité à Guillaume Soro.

« Si celui qui est dans l’avion meurt, moi, ma vie n’a plus de sens… », avait-il dare-dare réitéré le pacte de confiance. A Bouaké donc, le 27 juin 2007, alors que des quidams lourdement armés décochent des rafales de kalachnikov, après avoir manqué d’abattre l’avion présidentiel, un Fokker F100, à bord duquel se trouvait Guillaume Soro, des membres de son cabinet et des journalistes, Issiaka Ouattara offre sa poitrine, pour protéger son patron des tirs nourris.

Après cet épisode rocambolesque parmi tant d’autres comment rompre les amarres avec celui à qui le destin l’a lié ? Son idéal, accompagner Guillaume Soro, Wattao l’a donc pleinement vécu. Seulement, cette symphonie qu’il aurait voulu voir s’achever s’est interrompue, pour lui, dès suite de ce mal qui l’a emporté. Sinon, il n’aurait pas vacillé parce que lui-même l’avait affirmé : « Soro n’est pas un parvenu. Nous savons ce qu’il a fait pour nous, pour nous sauver la vie. Et c’est pourquoi j’ai décidé de suivre ce monsieur jusqu’à la fin de ma vie ».

Assurément une profession de foi qui va lui valoir, et qui lui a même valu, d’être traités de tous les noms d’oiseaux ! « Le traitre » ; « Le complice » ; etc. tout y est passé. Mais lui est resté droit dans ses bottes plus que jamais assuré de la trempe de personnalité qu’il appréciait. « Le monde reconnaît que c’est le leader charismatique, rien ne peut contre ça … », clamait-il, sans fanfaronnade.

Il empruntait même le dicton selon lequel « on ne peut cacher le soleil de la main » pour imager outre l’aura, les « attaques » contre l’actuel président de Générations et Peuples Solidaires (GPS). Devant ce rappel, il n’est pas surprenant que la disparition de l’ex-commandant peine profondément le président du Comité politique.

Générations Nouvelles

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