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Côte d’Ivoire : Qui est vraiment le colonel Martin Fofié Kouakou ?

Né en 1968, le colonel Martin Fofié Kouakou est originaire de Bondoukou, au Nord-est de la Côte d’Ivoire. Il intègre l’armée ivoirienne vers la fin des années 80, et va se faire connaître en 1990 lors d’une mutinerie de jeunes soldats. A la fin des années 1999, il fait partie d’un groupe de jeunes soldats qui soutient la prise de pouvoir du général Robert Gueï lors du premier coup d’état militaire de la Côte d’Ivoire qui a mis fin au régime du président Henri Konan Bédié en décembre 1999.

En septembre 2002, Fofié participe à la tentative de putsch manqué qui s’est vite mué en une rébellion armée. De Simple caporal des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), le militaire va gravir les échelons sous la rébellion dirigée par Guillaume Soro.

Il est nommé Commandant de la zone 10 (Comzone) de Korhogo, ville située dans l’extrême-nord du pays. Cette zone couvre la région située entre les localités de Pogo, ville à la frontière ivoiro-malienne, de Laléraba à la frontière ivoiro-burkinabé, de Longo plus au sud de Tarato à l’ouest et de Kafolo à l’est. Les villes de Ouangolo, Ferkessédougou, Diawala, Pogo, M’bengué, Dikodougou, Napié, Sinématiali font notamment partie de cette zone.

Avec sa barbe légendaire, Fofié est connu pour son style autoritaire. Il est considéré comme l’un des piliers de la rébellion, en raison notamment de sa loyauté inébranlable envers Soro, le leader des Forces nouvelles de sept ans son cadet. Il dirige le camp CTK (Compagnie territoriale de Korhogo). La section placée sous son commandement est appelée Fansara 110, du nom de la cellule de prison dans laquelle il a été détenu et torturé pour avoir participé en 2001 à une tentative de coup d’état contre le Président Gbagbo.

De simple caporal dans l’armée, il devient en moins de quelques années un véritable chef de guerre redouté et redoutable. Malgré les nombreux crimes qui peuvent lui être imputés, il reste intouchable durant la rébellion. L’homme recrutait des enfants soldats, qu’il utilisait comme chair à canon. Et ne se gênait pas pour éliminer toute personne qui tentait de lui tenir tête.

En juin 2004, un conflit de leadership au sein du mouvement rebelle oppose Guillaume Soro à Ibrahima Coulibaly et se termine par des affrontements entre factions rebelles. Les hommes de Fofié répriment sévèrement l’insurrection dans la ville de Korhogo et arrêtent de nombreux combattants dissidents. Quelques jours plus tard les forces françaises de maintien de la paix signalent la présence d’une centaine de corps à la morgue de la ville. D’autres victimes de cette répression sont découvertes aux alentours de Korhogo, les mains liées et exécutées d’une balle dans la tête. En juillet 2004, une équipe d’enquêteurs de l’ONU spécialistes des droits de l’homme découvre près de Korhogo une fosse commune contenant au moins 99 corps.

L’enquête conclut qu’au moins 60 de ces victimes sont mortes asphyxiées, après plusieurs jours de détention dans des conteneurs scellés, sans eau ni nourriture. Il s’agit de personnes faites prisonnières par les hommes de Fofié. L’ex-seigneur de guerre est donc sanctionné par l’Organisation des Nations unies en 2006, pour « violations répétées des droits de l’homme et enrôlement des enfants soldats ». Selon l’ONU, il serait en partie responsable de l’une des plus graves violations des droits de l’homme enregistrées au cours des trois années de conflit en Côte d’Ivoire. Il est également accusé de faire obstacle au processus de paix en cours dans le pays. Ainsi, le 7 février 2006, il est frappé d’interdiction de voyage et de gel de ses avoir à l’étranger. Comme lui, deux autres personnalités ivoiriennes du camp de l’ex-président ivoirien seront également sanctionnées par l’institution internationale.

Homme d’un charisme indiscutable, mais qui, du fait des massacres de la population, Fofié Kouakou va tenter de redorer son blason quelques années plus tard par des vastes chantiers d’assainissement, de reconstruction d’édifices en ruine. Et aussi une sécurisation relative des biens et des personnes dans la ville de Korhogo. Mais tous ces travaux seront financés par un « impôt » contraignant et parfois exorbitant prélevé sur les opérateurs économiques de la ville.

A la faveur de l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2011. Après une crise post-électorale remportée par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), créées par Alassane Ouattara, qui regroupent notamment les FAFN, Fofié et les 9 autres ex-comzones de la rébellion montent en grade.

De caporal-chef, commandant des Forces nouvelles pour le secteur de Korhogo et en charge de la surveillance du Président déchu Laurent Gbagbo, qui y était en résidence surveillée depuis avril 2011, Martin Fofié Kouakou est bombardé commandant de la compagnie territoriale de cette ville le 3 août 2011.

Une nomination très critiquée par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. En raison des sanctions de l’ONU pour « recrutement d’enfants soldats, enlèvements, imposition de travail forcé. Et aussi sévices sexuels sur les femmes, arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires ».

Deux ans plus tard, soit en 2013, de folles rumeurs sur les réseaux sociaux l’annoncent pour mort, à la suite d’une longue maladie. Mais l’homme se remettra.

En janvier 2017, il est promu Lieutenant-colonel et est muté à la 2e région militaire de Daloa en qualité de commandant en second, poste qu’il occupe jusqu’à présent.

Admis comme auditeur libre en 2018 à l’Ecole normale de l’administration (ENA) en 2018, l’ex-chef de guerre qui avait tenu d’une main de fer la région de Korhogo, est actuellement Colonel dans l’armée ivoirienne.

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