Côte d’Ivoire/ Réconciliation, impunité, droits de l’homme : Macron s’en fout
A l’instar des relations Etats-Unis-Arabie Saoudite, le Président Français Emmanuel Macron a cure des questions de Droits de l’homme ou du spectre d’une guerre de succession qui plane sur la Côte d’Ivoire. Seuls les intérêts de la France voilés par la lutte contre le terrorisme semblent avoir de l’importance à ses yeux.
« Je sais la renaissance et le rayonnement de la Côte d’Ivoire. Renforçons nos partenariats dans la continuité de l’histoire qui nous unit. », dixit Emmanuel Macron aux termes de sa rencontre avec le chef d’Etat ivoirien dimanche 11 juin 2017. Le président du pays de la liberté et de l’égalité a semble-t-il fermé les yeux sur la justice à géométrie variable et les graves atteintes des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire.
Pour preuve, des cadres de l’opposition significative sont détenus durant des années sans jugements pour défiance à l’autorité de l’Etat, troubles à l’ordre public. Des faits que les autorités politico-judiciaires d’Abidjan ne peuvent prouver car relevant du prétexte. Après deux ou trois années de détention arbitraire, voire plus pour d’autres, ces proches de Laurent Gbagbo bénéficient d’une liberté provisoire sans dédommagement. C’est le cas d’Hubert Oulaye, accusé d’assassinat et complicité d’assassinat de militaires de l’Opération de l’ONU en Côte d’ Ivoire (ONUCI). Il passera deux ans dans les goulags du régime d’Abidjan avant de jouir d’une liberté provisoire mercredi 7 juin 2017.
Le concept de justice à géométrie variable vaut tout son sens. Il est enrichi et fécondé par l’attitude du régime Ouattara vis-à-vis de ses partisans. Le paradoxe le plus éloquent est celui de Kamaraté Souleymane, alias Soul To Soul, chef de protocole de Guillaume Soro. Suite à l’affaire de la cache d’armes découverte à son domicile à Bouaké, lundi 15 mai 2017, il sera entendu par la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale et c’est le silence radio. Aucune interpellation ou détention coutumière aux partisans de Laurent Gbagbo.
Le ras-le-bol du Président de la Ligue ivoirienne des Droits de l’Homme, Pierre Adjoumani vaut son pesant d’or. « Nous sommes étonnés aujourd’hui d’apprendre que l’affaire de la cache d’armes sera classée sans suite. Alors ça nous rappelle beaucoup de choses notamment l’impunité que nous avons toujours dénoncée. Des personnes revendiquant à mains nues sont arrêtées et celles chez qui on découvre des armes sont en liberté. Nous trouvons que cela n’est pas juste. On a comme l’impression qu’il y a les uns et les autres dans ce pays et nous disons non pour la réconciliation. Nous disons qu’il ne doit pas avoir des intouchables dans ce pays. La Constitution nous met tous sur un pied d’égalité. Aujourd’hui au moins, c’est un flagrant délit. C’est maintenant l’occasion pour la justice de jouer son rôle parce que ça au moins ce sont des preuves palpables que nous avons tous vues. », a-t-il confié à l’agence de presse Alerte Info
Pendant ce temps, Macron, obnubilé par la gestion chaotique de Ouattara a annoncé qu’il enverra l’un de ses ministres aux futurs 8ème jeux de la Francophonie qui se tiendront à Abidjan du 21 au 30 juillet. Le message semble on ne peut plus clair. Au peuple africain ses vicissitudes, à la France ses intérêts en Afrique. Au demeurant, « la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. », prédisait le général De Gaulle, président de la France fin 1958 à Londres. Si elle s’est taillé un nouveau costume, la Françafrique est bel et bien en marche avec Macron.
imatin