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Côte d’Ivoire /Référendum, législatives 2016: Voici La mauvaise surprise qui guette l’opposition

bakayoko youssouf

Le 24 juillet,Youssouf Bakayoko et ses hommes feront le point de la révision de la liste électorale, et les partis politiques, de leur capacité à mobiliser leurs militants (Photo d’archives)

Bientôt deux semaines après le lancement des opérations de la Révision de la liste électorale (Rle) en Côte d’Ivoire, ce n’est toujours pas l’affluence dans les points d’enrôlement.

Pourtant toutes les dispositions ont été prises par la Commission électorale indépendante (Cei) pour que cette opération se déroule dans de meilleures conditions sur l’ensemble du territoire ivoirien. En faisant un tour dans les centres de recensement des futurs électeurs, ce sont des agents déployés par l’organe de Youssouf Bakayoko que l’on aperçoit dans des salles se rongeant les freins sur des chaises, dans l’attente de requérants. Ceux-ci arrivent au compte-gouttes, à telle enseigne que difficilement un centre d’accueil arrive à enrôler une dizaine de personnes dans le courant d’une journée, qui commence à 8h et s’achève à 17h. Au 10ème jour de l’opération, lancée le 25 juin dernier pour durer jusqu’au 24 juillet prochain, la Plateforme de la société civile pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (Poeci) a fait le constat de ce faible taux d’affluence dans les centres de recensement. Pourtant, ce n’est pas l’enjeu qui manque à cette opération pour mobiliser les futurs et anciens électeurs non encore à jour dans les fichiers électoraux. Depuis quelques mois, toutes les tendances et regroupements politiques, contrairement à la présidentielle de 2015, ont affiché leur intention de prendre part activement aux échéances électorales à venir. A savoir les législatives annoncées pour novembre à décembre 2016 et les municipales, et les conseils régionaux prévus courant 2017.

Rhdp, Fpi pro-Affi ou pro-Sangaré, tous concernés

Pour pouvoir démontrer loyalement leurs poids dans les urnes, chaque formation politique, qu’elle soit de la coalition au pouvoir ou de l’opposition, a nécessairement besoin de mobiliser tous ses électeurs à s’inscrire ou régulariser leur inscription sur la liste électorale. Au moment où la guerre de positionnement fait rage au sein du Rassemblement des Houphouétistes (Rhdp), où le Pdci-Rda et le Rdr semblent se disputer une sorte de leadership en termes de représentativité à l’échelle nationale, ces deux formations, y compris leurs aillés, ont toutes intérêt à mobiliser leurs partisans dans les centres de recensement pour réussir la Rle. Ce n’est pas l’opposition qui ferait le contraire. Elle qui a un double défi à relever. En effet, tous les blocs opposants, du Fpi d’Affi N’guessan à la tendance Abou Drahamane Sangaré, ainsi que toutes les autres formations politiques hors du Rhdp (coalition au pouvoir), ne cachent plus leur détermination à prendre part aux législatives prochaines pour prendre leurs places à l’hémicycle. La politique de la chaise vide au Parlement n’ayant pas payé durant les 5 dernières années, et l’absence d’élus locaux sur le terrain les ayant éloigné sérieusement de leurs bases, les ex-camarades de Laurent Gbagbo ont décidé de corriger ce tort au cours des échéances à venir. Mais, bien avant, tout ce bloc de l’opposition veut relever un premier défi. A savoir rejeter le projet d’une nouvelle Constitution que le président Alassane Ouattara se prépare à soumettre à référendum dès le mois d’octobre prochain. Cela suppose que cette opposition aura réussi à mobiliser tous ses partisans, du moins le maximum, à s’enrôler sur les listes électorales pour prendre part aux consultations référendaires. L’on se souvient, en effet, que pour les échéances présidentielles de 2015, la Coalition nationale du changement (Cnc) avait appelé à un boycott massif des opérations de révision des listes électorales. Un appel suivi par une bonne partie de la population, car, au final, l’on aura enregistré à peine 10% de nouveaux électeurs sur les trois millions supplémentaires attendus.

Mamadou Koulibaly, seul dans le ton

Cette fois, la situation est tout à fait contraire. Mamadou Koulibaly, Abou Drahamane Sangaré, Affi N’guessan et leurs camarades ont besoin d’enrôler le maximum de partisans pour espérer atteindre l’objectif qu’ils poursuivent. «Je me bats pour et dans l’intérêt de mon peuple. Le processus mis en œuvre par le chef de l’Etat pour doter la République de Côte d’Ivoire d’une nouvelle constitution n’est pas bon. Il doit le savoir. Ce processus sera donc combattu», dixit Affi N’guessan, qui a réagi, jeudi dernier, à propos du report de l’examen du projet de loi sur le statut de l’opposition pour lequel il se sent visé. Mais, avec quel moyen le président du Fpi compte-t-il combattre le projet d’Alassane Ouattara s’il ne mobilise pas ses partisans pour aller s’inscrire sur les listes électorales ? Jusque-là, seul un seul leader semble avoir pris véritablement le pouls de la situation et tente d’agir en conséquence. Il s’agit du président de Liberté et démocratie pour la République (Lider). Le parti de Mamadou Koulibaly est l’un des rares à mener campagne pour l’enrôlement sur les listes électorales. Sur le site de cette formation politique, l’on peut lire cette bande annonce : ”Du 25 juin au 24 juillet, allez massivement vous faire enrôler sur les listes électorales du 25 juillet au 24 juin 2016 pour participer aux élections législatives et dire non au référendum. Osons prendre les bonnes décisions”. Message véhiculé ensuite dans une bande déroulante, puis repris dans la rubrique Information en ces termes disponibles depuis le 29 juin 2016: ”En une image, Lider donne huit bonnes raisons aux trois millions d’exclus de la liste électorale d’aller se faire enrôler….”. Une véritable campagne dans laquelle devraient s’impliquer toutes les autres formations politiques. Surtout avec le taux de participation de 52,86 % enregistré à la présidentielle d’octobre 2015, qui ne met à l’abri aucun camp. Particulièrement l’opposition, qui avait appelé ses militants à boycotter l’opération dans le passé et qui, si elle ne remobilise pas ses troupes, le paiera cash au moment où elles a besoin de ses électeurs pour faire face au pouvoir. Et pour les élections législatives et locales à venir, mais surtout pour le référendum annoncé. A moins de minimiser la mauvaise surprise qui la guette, si elle méprise les opérations en cours. Rhdp, Cnc, Fpi, pro-Gbagbo ou pro-Ouattara, plus que deux semaines pour se raviser.

Félix D.BONY

L’INTER

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