04202024Headline:

Côte d’Ivoire/ Tension socio-politique : Bédié reçoit un soutien de fer

La récente sortie du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié, sur la fraude sur la nationalité et l’orpaillage clandestin continue de faire des vagues dans les différentes franges de la population ainsi que dans la classe politique. Dans cette contribution, le député de Bouna-Bouko, Loukimane Camara, prend position…

Changer la Côte d’Ivoire en cinq ans ?

L’inversion des valeurs n’a pas eu lieu-2

Des fraudes sur la nationalité, en Côte d’Ivoire, en 2019 ? Le gouvernement a réagi vigoureusement aux propos du président Henri Konan Bédié sur la question des orpailleurs étrangers, sur la fraude sur les cartes d’identité et l’éternelle question foncière. Nos commentaires sur les deux sorties, celle du président Bédié et la réponse musclée du gouvernement se feront à la lumière de la Constitution du 08 novembre 2016 d’une part, et sous l’angle politique d’autre part. Le président Henri Konan Bédié s’est adressé au gouvernement sur des faits précis. Son discours est-il en déphasage avec notre Constitution ? Les faits :

1- Encore la fraude sur l’identité en Côte d’Ivoire ?

Nous avons écouté les propos du président Bédié et la réaction disproportionnée du gouvernement, certainement désemparé par la mise à nu de la stratégie d’Opa du nouveau « Rhdp » sur les élections de 2020. La question des cartes d’identité frauduleuse à Abobo est-elle une information avérée ? A la lumière des saisies de documents à la frontière Sud-Est, à Noé, l’information doit être traitée par les autorités et dans le cadre de la transparence de la vie publique, celles-ci doivent apaiser les citoyens avec preuve à l’appui comme cela a été pour les 18000 tonnes de riz avarié, impropre à la consommation humaine.

La fraude à la nationalité est très grave. C’est un délit punissable dans les mêmes proportions que l’incitation à la haine contre les étrangers. De potentiels candidats pour 2020 en seraient-ils à l’origine ? Elle impliquerait les autorités chargées de l’État civil ivoirien et des étrangers réels ou fictifs, car les Ivoiriens n’ont pas besoin de frauder pour avoir des Cartes d’indenté nationales. Ils les ont de droit en bonne et due forme.

2- L’orpaillage clandestin :

L’orpaillage qui détruit l’écosystème et qui malheureusement est l’œuvre d’étrangers dans nos régions est une réalité. Nous savons tous d’où ils viennent et quels sont leurs moyens d’action. Beaucoup de morts ont été enregistrés parmi nos forces de l’ordre à Bouna, à Tengrela et ailleurs sur le territoire national. Les députés Ivoiriens n’ont-ils pas interpellé le gouvernement sur la question en 2017, quand le ministre Anne Ouloto, alors en charge de l’environnement soutenait un projet de loi devant le Parlement ? Donc le problème n’est pas nouveau et l’interpellation du gouvernement n’est pas nouvelle non plus. Sauf que celui qui a parlé s’appelle Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, ancien président de la République de Côte d’Ivoire.

3- La question foncière

Les multiples conflits que les régions connaissent ont pour origine à plus de 60%, le foncier. C’est un fait réel qu’il ne faut pas occulter. Nous avons adopté en 1998 une loi sur le foncier. Si à ce jour sa mise en œuvre rencontre des difficultés, c’est que nous n’avons pas abordé courageusement les vraies questions, les questions anthropologiques, sociales et économiques. Il ne sert à rien de faire la politique de l’autruche. Il faut affronter le problème et y trouver des solutions apaisantes, tout en préservant les intérêts de toutes les parties. Ces trois sujets sensibles ne doivent-ils pas être traités ?

Les stipulations de la Constitution du 08 novembre 2016

La Constitution du 08 novembre 2016 les a suffisamment abordés. D’abord en son préambule qui y fait partie intégrante : « Conscient de notre indépendance et de notre identité nationale, assumons notre responsabilité historique devant la Nation et devant l’humanité ; Ayant à l’esprit que la Côte d’Ivoire demeure une terre d’hospitalité ; Instruit de notre histoire politique et constitutionnelle… » Et plus spécifiquement, s’agissant du foncier :« Seuls l’État, les collectivités publiques et les personnes physiques ivoiriennes peuvent accéder à la propriété, à la concession et à la transmission des terres et du domaine foncier rural. » (C.art 12; al 1).

Hypothèques sur les générations futures :

Ces trois problématiques (orpaillage, fraude à la nationalité, foncier) menacent-ils la stabilité à long terme du pays ? Il est évident que oui. Faut-il y apporter une solution intelligible et courageuse ? A mon sens oui. Faut-il interpeller le gouvernement sur sa responsabilité ? Oui et fort. C’est ce que le président Bédié a fait.

Les muscles d’un pouvoir en agonie ?

Le discours du président Bédié est en tout point conforme à la Constitution du 08 novembre 2016. Le gouvernement y trouve-t-il un appel à la haine contre l’étranger ? C’est ici que la politique politicienne entre en jeu. La Côte d’Ivoire a certes connu ses problèmes entre 1993 et 2010 avec l’instrumentalisation de la haine de l’autre par l’opposition politique d’alors qui a su profiter des erreurs de communication du Pdci et du Fpi. Manipulées, les populations musulmanes et celles du Nord sont tombées les deux pieds joints dans le complot. Ce type de manipulation ne pourra plus prospérer en 2020. L’opposition actuelle n’est pas structurée par une idéologie de type « pour ou contre l’étranger ». Ce qu’elle réclame, c’est l’État de droit, l’égalité de tous devant la loi. Le président Bédié, dans son intervention, a-t-il nié un droit civique à un autre ivoirien, fut-il descendant d’immigré ou naturalisé ? Non. Les immigrés devenus ivoiriens ne se sentent-ils pas concernés par les observations du président Bédié ? Ne se sentent-ils pas ivoiriens à part entière ? Ne sont-ils pas électeurs et éligibles ? Il me semble que dès lors que nous sommes tous ivoiriens en droit, citoyens de ce pays nôtre, la question de l’orpaillage clandestin par des non-nationaux armés nous interpelle. La question de la fraude à l’identité et le droit de propriété foncière nous interpellent tous, pour autant que nous sommes ivoiriens à part entière, naturalisés ou d’origine. Barack Obama ne s’est jamais senti étranger aux États-Unis, même quand les noirs de ce pays étaient victime de racisme.

L’enseignement par l’histoire

En rappelant l’histoire économique de la Côte d’ivoire et ses conséquences sur l’occupation des terres et les conflits fonciers d’aujourd’hui, le président Bédié ne nous invite-t-il pas à assumer notre histoire comme l’a écrit le constituant ? N’a-t-il pas le droit en tant que citoyen, témoin de cette histoire et de surcroit en tant qu’ancien président de la République d’attirer notre attention sur les erreurs du passé ? Sont-ce des informations mensongères que le président Bédié a- t-il colportées ? Si oui, que le gouvernement en apporte la preuve contraire. Tous les pays du monde ont des lois spécifiques sur l’immigration, le droit de séjour, le droit au travail et sur l’exercice de certaines professions par les non-nationaux, les étrangers. Le président Donald Trump a été élu en 2017, président des Etats-Unis sur ces politiques spécifiques assumées. Marine Le Pen, avec son Rassemblement national, se bat en France sur ces programmes spécifiques, la préférence nationale. Elle compte dans son parti et dans son équipe de campagne des français issus de l’immigration. Cependant, tous les pays du monde protègent les étrangers par des droits et devoirs en droite ligne avec la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Menacer en Côte d’Ivoire, un opposant politique sur ces questions est le déni de la démocratie et la liberté d’expression. Le pouvoir « Rhdp » voudrait-il confirmer ce que tous regrettent en utilisant l’étranger comme bouc émissaire ? La manœuvre ne prospérera pas. Le législateur a bien fait de prévenir l’appel à la haine contre l’étranger en le pénalisant. Mais il n’a pas dit de ne pas parler d’étrangers en distinguant les nationaux de ceux-ci. Il n’a pas dit de ne pas discriminer en faveur des ivoiriens.

Les cartes d’identité nationales octroyées frauduleusement à des non-nationaux en contournant la loi sur la nationalité est le véritable crime qu’il convient de relever et de punir. Or le gouvernement est resté muet sur cette question. Cette forfaiture donne des faux droits à des non nationaux, droits que les générations futures auront du mal à nier. Les politiciens qui ont une vue de court terme pensent-ils à ces générations futures ? Les fausses cartes d’identité nous interpellent tous, ivoiriens d’origine ou de deuxième génération. La question foncière nous interpelle tous. De par la Constitution du 08 novembre 2016, nous avons le devoir de protéger l’unité nationale contre toute intrusion étrangère. C’est le devoir du président de la République, garant de la sécurité des citoyens et de l’intégrité du territoire national.

Des droits et devoirs des étrangers :

Que le gouvernement communique clairement sur ce qui a été fait depuis 2011 pour éloigner l’épouvantail du discours sur l’étranger. Les nombreux enfants d’immigrés de deuxième ou troisième génération ont – ils été régulièrement intégrés par une loi ? La question de l’identité ne se posait pas au niveau du seul article 35 de la Constitution de 2000. La réconciliation citoyenne entre ivoiriens de toutes générations est-elle amorcée ? N’est-ce pas ce rappel qui a valu au leader générationnel, KigbaforiSoro Guillaume, sa descente aux enfers par le régime « Rhdp » ?

Que fait le gouvernement pour enrayer l’orpaillage clandestin qui appauvrit nos sols, dégrade l’environnement, et à terme provoquera des crises alimentaires, faute de cultures vivrières dans nos régions ? Le gouvernement se rend-il compte que l’orpaillage clandestin est une des causes explicites de la vie chère en Côte d’ivoire ?

La sortie du président Bédié pour protester contre des pratiques du siècle dernier est l’une des preuves que l’inversion attendue des valeurs n’a pas eu lieu. Les taux de croissance n’ont pu masquer les tares culturelles qui ont motivé le recours à l’homme providentiel de 1990 qui nous a promis un ivoirien nouveau en cinq ans. Nous y avons cru et nous avons été déçus. C’est pourquoi nous ne cesserons d’interpeller la jeune génération à ses responsabilités. Guillaume Soro a répondu oui à l’appel du peuple ? Il sera porté au pinacle en 2020 nonobstant toutes les obstructions sur son chemin.

Les Ivoiriens sont matures. Ils ont en mémoire la grave crise post-électorale de 2011. Ceux qui pensent à un passage en force se trompent. Aucun pouvoir n’y peut rien devant la détermination d’un peuple. Le peuple est le seul détenteur du pouvoir souverain. Regardez en Algérie, au Soudan…Le monde est connecté. Que le président Henri Konan Bédié reçoive ici le soutien du peuple de Côte d’Ivoire, de tous les citoyens ivoiriens, des Ivoiriens. Il n’est pas seul dans le combat de la dignité et du respect des droits de l’homme.

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