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Côte d’Ivoire -Visite des activistes des Droits de l’Homme aux prisonniers politiques …refusé par l’etat

Visite des activistes des Droits de l’Homme aux prisonniers politiques : L’accès à Hubert Oulaye, Dano Djédjé, Koua Justin, Assoa Adou…refusé

Lidho, Oidh et Amnesty International en colère: «C’est une violation de la loi sur l’action des défenseurs»

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Grosse colère dans le milieu des activistes locaux des droits de l’Homme. Les militants de trois organisations, à savoir la Lidho, l’Oidh et Amnesty international sont actuellement très remontés contre l’administration judiciaire ivoirienne. Et partant, contre le gouvernement. Raison de la colère, le refus d’autoriser leur visite aux prisonniers proches de l’ancien président Laurent Gbagbo. Il s’agit notamment des ministres Assoa Adou, Dogo Raphaël et Lida Kouassi, et les 41 jeunes pro-Gbagbo arrêtés au Libéria et transférés majoritairement à la prison civile de Séguéla où ils ont observé récemment une grève de la faim. A cette liste est venue s’ajouter les ministres Hubert Oulaye et Sébastien Dano Djédjé, et Koua Justin, ex-sg par intérim de la Jfpi (Jeunesse du Front populaire ivoirien) de 2011 à fin 2014. Plusieurs courriers officiels adressés au parquet pour obtenir des laisser-passers d’accès aux lieux de détention de ces cadres de l’ancien régime ont été ”déchirés”. Joints au téléphone hier mercredi, des défenseurs des droits humains exerçant au sein de ces organisations ayant formulé le vœu de voir ces prisonniers et s’imprégner de leurs conditions de détention, ont confirmé l’information qui circule actuellement dans les couloirs de plusieurs chancelleries très attachées au respect du droit d’activités des activistes, qu’ils soient locaux ou qu’ils viennent de l’extérieur. «C’est vrai, et cela ne date pas de maintenant. C’est parce que nous n’avons pas exprimé notre indignation dans la presse que jusqu’à ce jour, le dossier est resté dans les couloirs des milieux diplomatiques. Sinon, nous sommes très remontés parce que notre droit régalien de visite dans les prisons est violé», a réagi, au nom de ses pairs, Adjoumani Pierre Kouamé, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho). Puis, de souligner qu’aucune raison n’a été avancée pour justifier ce refus de visite dans les pénitenciers où sont détenus des pontes du régime Gbagbo. «Plusieurs demandes de visite ont été introduites auprès du service compétent en la matière logé au parquet. Depuis 4 mois, toutes nos sollicitations pour obtenir des laisser-passer sont restées sans suite. Nous en tirons la conclusion que c’est une violation grave de la loi portant protection des activistes des droits de l’Homme. Cette loi prescrit que nous devons pouvoir mener partout nos investigations, nos enquêtes sans entraves. Le ministre Gnénéma et le procureur ont toujours avancé que nous n’aurons pas de problèmes. Mais, dans les actes, c’est tout autre chose. Il y a une entrave à l’exercice de notre droit de visite aux prisonniers politiques conféré par la loi sur l’action des défenseurs, et nous tenons à le dénoncer», a-t-il ajouté.

DES ACTIVISTES REDOUTENT DE MAUVAIS TRAITEMENTS DES DÉTENUS CIBLÉS

D’autres activistes ont imputé ce refus de visite aux prisonniers concernés à une « peur, une fébrilité» du gouvernement qui serait liée aux conditions de détention. Sur ce point, il nous est revenu que c’est la femme de Dano Djédjé qui a saisi l’une des organisations, parmi celles qui sont actuellement en colère, pour solliciter son appui en vue du transfèrement de son époux. Dans sa correspondance de saisine, Mme Dano Djédjé livre des conditions de détention très précaires pour un détenu malade qui suivait un traitement avant son arrestation. Le document confidentiel indique que l’ex ministre de la Réconciliation nationale, qui roule pour le camp Sangaré, pour ce qui est de la bataille pour le contrôle du Fpi, vit dans une petite pièce avec 6 autres détenus. Cette pièce ne disposerait, comme commodités, que d’un petit lit, un ventilateur, et la température (près de 40°) ne conviendrait pas à l’état de santé de ce dé- tenu pro-Gbagbo. «Le gouvernement est fébrile parce que, certainement, les détenus en question ne sont pas bien traités. En tout cas, nous redoutons un cas de maltraitance de ces prisonniers. Comme le pouvoir ne veut pas que nous nous en saisissions et le dénoncions, il nous empêche d’accéder aux lieux de détention, de les voir et d’échanger avec eux. Pour éviter toute polémique relative à une supposée ou avérée maltraitance, il faut nous permettre d’exercer notre droit régalien de visite», ont lancé des activistes, qui ont requis l’anonymat. Au moment où nous mettions sous presse, une source proche du dossier a confié que la patronne de l’Onuci (Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire) a été saisie du dossier. Mme Mindaoudou Aichatou, si l’on en croit notre source, aurait promis de porter l’affaire devant le chef de l’Etat, afin que les diligences soient faites pour lever les verrous et autoriser une visite des activistes des droits de l’Homme, aux ministres Hubert Oulaye, Sébastien Dano Djédjé et autres pontes de l’ancien parti au pouvoir de 2000 à 2010.

TRAORE Tié

Source : L’Inter N°5093 du Jeudi 04 Juin 2015

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