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Côte d’Ivoire : Voici comment le procès des « pro-Gbagbo » devient le procès de la DST et de la torture

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La Direction de la surveillance du territoire (DST) était au banc des accusés hier lundi 12 janvier au palais de justice au Plateau lors du procès devant de la Cour d’assises.

Véritable tir groupé contre la Direction de la surveillance du territoire (DST) hier à l’occasion du procès des pro-Gbagbo devant la Cour d’assises.
En effet, lors de son interrogatoire, le jeune Cyrille Guéi, 23 ans, a révélé avoir été torturé après son arrestation le 8 février à Yopougon Sicogi puis conduit au commissariat du 16ème arrondissement. « On m’a obligé à dire des choses à la 7ème tranche [Cellule spéciale d’enquête]. J’ai été menacé par les Frci à la 7ème tranche. Ils m’ont dit qu’ils allaient me tuer », a raconté le prévenu, accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de rébellion, de participation à bande armée, de xénophobie, etc.

« Je ne me reconnais pas dans tout ce qui m’est reproché. Je n’étais pas à Yopougon quand les événements se sont produits », a précisé Cyrille Guéi à l’entame de son audition. Il a également remis en cause deux auditions qui ont été faites par le procureur de la République, Adou Richard. Ce qui a créé l’étonnement du juge Dembélé Tahirou et la colère des avocats de la défense qui n’ont pas manqué de s’insurger contre les pratiques de la DST, unité qui torture systématiquement tous les pro-Gbagbo qui y passent. « Nous voulons interpeller la Cour. Nous n’avons pas eu gain de cause par rapport aux droits de l’homme. A la DST, des avocats n’ont pas le droit d’avoir accès aux avocats dans les enquêtes préliminaires», a souligné Me Rodrigue Dadjé, qui a lui-même séjourné à la DST sans assistance judiciaire. « Je suis un ex-inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Je n’ai pas été assisté par un avocat alors que je l’avais exigé. Quand vous êtes à la DST, on vous dit de signer un PV [Procès verbal] que les enquêteurs rédigent. Et on vous dit : ‘’si vous ne signez pas, vous ne sortirez pas’’. Alors vous êtes obligés de signer pour sortir. Il y a de nombreuses personnes qui sont encore à la DST parce qu’elles ont refusé de signer des PV. C’était le cas de Blé Goudé, Dogbo Blé et les autres. Les PV sont faits sous la contrainte », a poursuivi Me Dadjé. Me Toussaint Dako Zahui a soutenu les propos de son confrère. « Dès demain, M. le président, nous allons vous présenter les conclusions relatives aux passages à la DST », a-t-il promis. Me Blédé Dohora a fait un autre témoignage concernant les pratiques de DST : «Que le Parquet se rende à la DST pour voir si les avocats voient leurs clients. J’ai été séquestré à la DST pendant de longues heures parce que je voulais assister Me Dadjé ». En tout cas, les débats étaient envolés entre les avocats de la défense et le Parquet général qui voulait nier cette évidence. Comme c’est le cas depuis le début des auditions, les témoins Bamba Lacina, Konan N’Guessan JeanMartial, Bamba Sékou et Ouattara Zié Adama ont dit qu’ils n’ont pas vu le prévenu commettre un quelconque crime ou forfait. Ils ont juste affirmé avoir vu Guéi Cyrille en compagnie de personnes portant des armes de guerre ou ayant participé à la tuerie du quartier Doukouré de Yopougon pendant la crise postélectorale. Des faits que le prévenu a rejetés. Le dossier de Cyrille Guéi, tout comme celui de Téhé Marc (qui a été également entendu), a été renvoyé à la fin des assises.

Anderson Diédri

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