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Côte d’Ivoire: Voici pourquoi La Cedeao demande le report des élections présidentielles

Lors d’une rencontre avec les opposants, hier à Abidjan, la délégation de la Cedeao venue s’informer sur le processus électoral ivoirien, à quelque quatre mois de la présidentielle, a demandé si la coalition nationale pour le changement (CNC) était favorable à un report du scrutin.


Côte d’Ivoire: La Cedeao demande le report des élections présidentielles
Une délégation de la communauté des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui a rencontré hier, à Abidjan, la coalition nationale pour le changement (CNC) a demandé à ses leaders s’ils étaient favorables à un report du scrutin qui doit logiquement s’ouvrir fin octobre à Abidjan, soit cinq ans après la crise post-électorale de 2011.  La CNC a en effet déploré devant la délégation de sept personnes composée principalement d’un représentant du Ghana, de la Sierra-Leone, du Mali, du Bénin et de l’Angola ses difficultés à faire comprendre au gouvernement qu’un consensus sur le processus électoral est nécessaire. La CNC ne veut surtout pas entendre parler de Youssouf Bakayoko et demande la dissolution de la commission qu’il préside pour la rendre conforme à la constitution. A titre personnel, le président de la CEI est également visé par les critiques, puisqu’au terme de la constitution, il ne peut plus être reconduit dans ses fonctions de président après un mandat de six ans. L’opposition exige également la libération sans condition de tous les prisonniers politiques ainsi que le retour des exilés. La Côte d’Ivoire se prépare à aller à des élections présidentielles. Ce scrutin doit solder cinq années de tensions consécutives à la crise postélectorale de 2011 qui a vu l’arrestation du Président Laurent Gbagbo emprisonné depuis des années à la cour pénale internationale où il attend son procès. A cette fin, le gouvernement a lancé, début juin, la révision de la liste électorale qui prend fin dans une semaine. Mais l’opération ne soulève pas d’engouement parmi la population alors que le gouvernement attendait 3 millions de nouveaux électeurs. La délégation de la Cedeao s’est elle-même rendu compte de cette atmosphère morose autour du processus électoral. Ainsi après avoir rencontré le président de la commission électorale indépendante et le ministre de l’intérieur, Hamed Bakayoko, la Cedeao a décidé de rencontrer hier l’opposition pour prendre le pouls de la situation réelle sur le terrain. Et, visiblement, ses craintes se sont vérifiées. La Cedeao a en effet admis que si l’armée est clanique et la CEI n’est pas consensuelle, il y a effectivement des raisons de s’inquiéter de la tenue des élections dans les prochains mois en Côte d’Ivoire. Et c’est la raison pour laquelle elle a demandé si la CNC est favorable à un report du scrutin. Mais l’opposition a allègrement botté en touche, estimant que si les conditions à remplir pendant les quatre mois restant pour aller à des élections apaisées le sont, le report n’était plus nécessaire. En revanche, « tant que le gouvernement restera sourd aux revendications de la CNC, alors il serait difficile d’aller aux élections dans les délais impartis », ont souligné les représentants de la CNC. Samedi, la coalition nationale pour le changement doit tenir un autre meeting à Koumassi et contrairement à ses habitudes, le gouvernement n’est pas opposé à sa tenue. Une semaine plus tôt, la demande d’une autorisation d’espace au maire RDR de Yopougon n’avait pas été une simple sinécure, puisque l’Onuci et de nombreuses autorités des chancelleries avaient dû s’impliquer pour rendre le rassemblement possible. Mais malgré tout, la municipalité locale avait attendu les dernières minutes du rassemblement avant de faire parvenir la lettre d’autorisation aux organisateurs de la manifestation. « L’opposition va augmenter la pression », a commenté un leader de la CNC pour obtenir la satisfaction de revendications comme celles visant à prolonger la date de l’enrôlement. L’opposition critique cette opération qui coûte chère aux requérants ivoiriens qui doivent ainsi obtenir un certificat de nationalité qui coûte 3500F avant la carte nationale d’identité qui, elle coûte 5000F. Pour la CNC, ces conditions ne peuvent pas pousser les Ivoiriens à se faire recenser d’autant plus que l’opération a été entièrement gratuite en 2010. Le gouvernement et la CNC s’opposent aussi sur la situation des 116.000 ivoiriens vivants au Libéria. Le gouvernement refuse qu’ils soient enrôlés au grand dam de l’opposition. Alors qu’elle a l’habitude d’intervenir pendant les contentieux électoraux et, singulièrement, dans des conditions de menaces sur la paix sociale, la communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest a cette fois-ci voulu intervenir en amont pour éviter un scrutin chaotique. La composition de la délégation de la Ceadeao est particulièrement révélatrice. Et si la CNC n’a pas voulu se prononcer sur la proposition d’un report des élections, la présidente de l’URD, elle, n’a pas eu peur des mots en demandant la mise en place d’une transition politique pour faire face aux nombreux problèmes posés par l’intransigeance du pouvoir à boucler le processus électoral à son profit. Samedi, le meeting de la coalition nationale pour le changement enregistrera l’arrivée d’une guest-star. Il s’agit d’Innocent Anaky Kobena. L’ancien membre du RHDP a, en effet, quitté ses amis, à l’issue des déboires scénisés par le régime de Ouattara pour lui faire payer son opposition à l’appel de Daoukro.

Source: Aujourd’hui / N°918

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