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Côte-d’Ivoire/FPI reconquérir le pouvoir en 2020”: Le message de Sangaré qui brouille les calculs d’Affi

Côte-d’Ivoire reconquérir le pouvoir en 2020”: L’annonce de Sangaré qui brouille les calculs d’Affi et présage d’une fin de crise interne

Sangaré Abou Drahamane, le gardien du temple Fpi, le parti créé par Gbagbo vient de boucler une tournée dans la partie ouest du pays. Il est allé à la rencontre des populations de Toulépleu, Bloléquin, Taï, Kouibly et Duékoué. De l’avis de bien d’observateurs, à part la parenthèse de Taï, enclave traditionnellement Pdci, cette tournée fut un franc succès.

Chose étonnante et qui invite à se poser des questions sur la position réelle du pouvoir vis-à-vis de la crise interne au Fpi, Sangaré a parfois reçu les honneurs des forces de l’ordre, notamment de la gendarmerie et de la police, lesquelles ont souvent assuré la sécurité et encadré les meetings.

Sangaré qui dirige la tendance loyale à Laurent Gbagbo (non reconnue par le pouvoir) est allé donner le message de réconfort aux populations de cette zone meurtries par la guerre, il a invité le pouvoir à reconnaître et à réparer le génocide Wê, mais également et surtout, il a fait une annonce forte. « Le Fpi participera à toutes les élections de 2020 y compris la présidentielle ». L’orateur a dit partout qu’il s’agit là d’un vœu fort de son mentor Laurent Gbagbo qui a toujours fait de la bataille des urnes, le leitmotiv de sa lutte politique.

Les conditions d’une participation aux élections générales de cette échéance sont attendues. Mais à l’analyse, on assiste là, à un revirement spectaculaire dans le discours de Sangaré. Il vaut un pesant d’or. D’habitude fermé à toute idée d’une participation tant que Ouattara est en place, tant que « sa CEI » est l’organe qui organise, tant que les prisonniers ne sont pas sortis, les exilés revenus, tant que Laurent Gbagbo lui-même n’est pas libéré, l’ancien inspecteur général d’Etat met cette fois en avant le principe d’aller aux élections. Quitte à réclamer plus tard les conditions nécessaires et suffisantes. Cette nouvelle posture, suscite bien d’agitations dans la grande famille des pro-Gbagbo y compris le Fpi d’Affi N’guessan.

Les adeptes de ce dernier ont été les plus prolixes en commentaires depuis l’annonce faite par Sangaré. Ils estiment que c’était là la ligne d’Affi dès 2014 et pour laquelle il a été voué aux gémonies.
Mais il faut en faire une lecture à un deuxième niveau. En réalité, si l’aile dure du Fpi décide de s’aligner pour les élections générales de 2020, les pro-Affi ont du souci à se faire à l’idée même de ce changement de cap chez Sangaré and Co.

Dans l’hypothèse d’une absence de réunification des deux tendances jusqu’à l’échéance 2020 (ce qui est fort probable au regard des positions tranchées), le dernier mot reviendra à la base qui, du reste a déjà désavoué Pascal Affi N’guessan dans sa volonté d’engager le Fpi à la présidentielle de 2015 et aux législatives de 2016. Une présence des deux blocs antagonistes aux élections de 2020, sonnera, à coup sûr et définitivement, le glas d’Affi N’guessan. Il portera certes les couleurs du Fpi mais les militants savent désormais qu’il n’incarne pas l’idéal originel. Ils l’ont déjà démontré et la soif des élections qu’ils ont maintes fois boycottées devrait déboucher sur un plébiscite des pro-Sangaré (par rapport à Affi) quels que soient le nom et la couleur qu’ils vont porter. Cela sera une première tentative de résolution naturelle de la crise. Affi aura alors le choix entre rendre les armes ou foncer tête baissée. Il risque dans ce cas, une isolation et une sortie du champ politique sans gloire. Avec son sort, tous ceux qui voudront conquérir des postes au niveau local, à moins de virer dans d’autres formations politiques par les jeux des alliances, se verraient contraints de faire profil bas et rejoindre le camp Sangaré. L’hypothèse d’une libération certaine de Gbagbo donnerait un coup d’accélérateur à ce mouvement.
Ça ne sera pas une première car, pour qui suit l’histoire du parti de Gbagbo, cela s’est déjà passé en 1995 avec Don Melo Ahoua et ses amis qui sont sortis avant de revenir plus tard. Ceux qui n’ont pas voulu rentrer dans les rangs comme Guéi Valère, se sont effacés d’eux-mêmes sur la scène politique.

Dans ce duel Affi – Sangaré, les jeux ne sont pas encore faits, personne n’a encore capitulé. Mais l’horizon est à notre sens obscur pour Affi qui devrait revoir ses positions maintenant s’il veut se réinventer une carrière politique et s’il ne veut pas que son Fpi soit vidé de sa substance. Dans l’histoire des partis et même celle des hommes, il est difficile d’avancer avec une étiquette de traitre à tort ou à raison. Ceux qu’on appelait les judas au Pdci après l’exil de Bédié en 93 sont aujourd’hui l’ombre d’eux-mêmes pour la plupart.

SD à Abidjan

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