Le fils de Robert Guéi contre les prévenus: «Qu’ils reconnaissent qu’ils ont été méchants et cruels»
Affi N’Guessan: « c’est triste
Installés depuis le début du procès au rang dédié aux parents des victimes dans l’affaire de l’assassinat du général Robert Guéi et de sa garde, les fils de l’ex-chef d’Etat ont pu entendre tout ce qui a été dit depuis.
Et le moins qu’on puisse dire, est qu’Ange Guéi, l’un des enfants du défunt général, est particulièrement remonté contre les prévenus qui ont tous nié avoir participé à la mise à mort de l’ancien chef d’Etat-Major des armées de Félix Houphouet-Boigny. A la barre du Tribunal installé au camp Galliéni au Plateau, Alain Guéi qui est également militaire, a plusieurs fois interpellé les prévenus, en ignorant leurs grades. Sans doute, pour exprimer la familiarité qui a existé entre lui et les prévenus qui, pour bon nombre, à l’en croire, sont « ses petits, ses fils ». « Président. Tyson (l’un des prévenus, ndlr) et autres qui sont aujourd’hui ici en train de mentir, ce sont mes amis. On a fait beaucoup de choses ensemble. On se connaît très bien. Avant de faire une chose pareille, vous auriez pu au moins penser à moi », a-t-il déclaré en jetant un regard furtif vers le box des accusés. Aujourd’hui proche de la cinquantaine, le militaire, solide gaillard au crâne dégarni, n’a pas manqué de s’en prendre au colonel Dogbo Blé et au commandant Anselme Séka Yapo dit Séka Séka. « Tout ce que je demande, est qu’il reconnaisse qu’ils ont été méchants et cruels. Qu’est ce qu’on leur a fait? Séka Séka, Dogbo, Gnatoa, ils sont tous dedans. Qu’ils viennent reconnaître, a-t-il fulminé. S’ils pensent qu’ils ont une conscience. Ce sont vos enfants qui vont payer. Tout ce que vous faites, va suivre vos enfants ».
Concernant les détails sur l’assassinat de son père, Ange Guéi qui a expliqué qu’il était au camp militaire d’Akouédo ce 19 septembre 2002, a relaté au tribunal ce qui lui avait été rapporté par des personnes « proches de ceux qui avaient fait ça ». « Ce que j’ai entendu dans les casernes, est que Guéi a été tué à la résidence de Gbagbo, a-t-il informé la cour. Quand ils l’ont emmené à la résidence, ils ont fait une sorte de petit tribunal, un conseil près du jet d’eau, en présence de madame (Simone Gbagbo, ndlr). Elle n’était pas en Italie, elle était bien là. Ils lui ont brisé le cou avant de le noyer parce que, l’autopsie a révélé qu’il avait été noyé ». S’il était présent lors de ces événements, Séka Séka n’a pas pu « faire ça tout seul », selon Alain Guéi. « Séka Séka ne pouvait pas le faire tout seul. Mon papa est ceinture noire de judo. Moi-même je ne peux pas lui faire ça, à plus forte raison Séka », a-t-il ajouté, avant de rappeler que l’ex-aide de camp de Simone Gbagbo a été son cadet à l’Ecole militaire préparatoire technique (Empt) de Bingerville. Au cours de son intervention, le fils de l’ex-chef d’Etat, est également revenu sur le pillage de la résidence de son père. Au nombre des objets emportés, une valisette contenant des tissus. « Séka Séka a volé un sac contenant des tissus qu’on avait fait parvenir à mon père », a-t-il poursuivi.
« Pas de vengeance »
Capitaine dans l’armée, Guéi Dro Ange, également fils de l’ancien patron de
l’ex-Comité national de salut public (Cnsp) est intervenu à la barre. Comme son frère, il a indiqué que les informations en sa possession indiquent que son père a été tué au terme « d’un procès autour d’un jet d’eau ». Il a également indiqué que selon ses informations, Simone Gbagbo « n’était pas en Italie ». Par ailleurs, il a déclaré que son père « n’aurait pas souhaité lui-même qu’on le venge ». En outre, il est revenu sur les circonstances de la mort de Rose Doudou, épouse du général, qui lui ont été contées selon son témoignage, par le dénommé ‘’Bayala’’, gardien à la résidence au moment des faits, et qui était parvenu à se cacher dans un des recoins de la maison d’où il a observé la scène. A l’en croire, l’épouse du général, qui avait trouvé refuge chez les voisins, a été ramenée dans la cour de la résidence via une échelle, et conduite dehors par les soldats présents sur les lieux.
Avant l’intervention des fils du défunt Robert Guéi, qui ont été précédés à la barre par dame Apo Juliette, épouse Coulibaly, mère de Fabien Coulibaly (ex-aide de camp de Guéi), Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (Fpi) et Premier ministre au moment des faits, a été entendu en qualité de témoin. Face aux juges, il a notamment indiqué, contrairement à ce qui avait été dit, n’avoir jamais déclaré sur les ondes de la radio française Rfi que le général Guéi tentait un coup d’Etat ce 19 septembre 2002. Il a rappelé que son rôle à l’époque, n’était pas lié aux questions sécuritaires. « Dans notre système, je ne me suis jamais occupé de questions militaires, a-t-il expliqué. Je n’ai pas les moyens d’enquête, personnellement, sur ce qui s’est passé. Ce sont des événements tristes de l’histoire de notre pays. Toutes mes condoléances aux victimes de tous bords ».
Notons que l’audience reprendra le lundi 15 février 2016, avec l’audition de nouveaux témoins ainsi que le début des plaidoiries.
Abraham KOUASSI
linfodrome.com