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Crises en Côte d’Ivoire: Voici le nom du coupable « ethnie »

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Les différentes crises militaro-socio-politiques survenues en Côte d’Ivoire et qui ont connu leur point d’orgue en 2010-2011 ont une importante dimension ethnique. Si Bétés, Dioulas ou Baoulés ne s’affrontaient pas ouvertement, l’origine ethnique a été souvent l’élément qui a actionné la mise à mort de nombreuses et innocentes personnes.
Certains soutiennent mordicus que la crise post-électorale en Côte d’Ivoire est d’abord politique. Ce qui est sans doute vrai. Il ne faut cependant pas occulter qu’au pays des éléphants, les choses sont simples : les bastions politiques sont d’abord des bastions ethniques. Ressortissant du nord, Alassane Ouattara compte l’essentiel de ses militants dans cette partie du pays. Henri Konan Bédié et son PDCI-RDA règnent en maitre dans le centre du pays. Quant à Laurent Gbagbo, fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), il tire sa force des peuples issus de l’ouest et du sud en général.
Ce découpage qui peut paraitre réducteur s’est vérifié lors de l’élection présidentielle 2010 notamment, au second tour. À cette époque, le PDCI d’Henri Konan Bédié, qui avait enfilé le manteau de faiseur de roi, était dragué par les deux finalistes. Cependant, cette cour assidue n’était pas faite aux détenteurs de carte de militants du « vieux parti » mais plutôt aux « Baoulés » (peuple du centre de la Côte d’Ivoire). Des chefs traditionnels ont même été mis à contribution pendant cette campagne qui n’avait apparemment plus rien de politique.
On s’est entretué au nom du nom
Même au plus haut niveau, ce constat tribaliste est perceptible. Lors des différents procès de la crise ivoirienne, l’opinion a pu observer cette division clanique de la société. Les pro-Gbagbo étaient défendus par des avocats majoritairement issus de l’ethnie Bété quand le camp de l’Etat de Côte d’Ivoire aujourd’hui incarné par Alassane Ouattara ainsi que certains jurés étaient issus du groupe ethnique du chef de l’Etat en grande majorité. Comme pour dire que la défense des causes les plus difficiles voire indéfendables doit se faire avec la collaboration d’un « frère ».
Depuis longtemps en Côte d’Ivoire, le patronyme d’une personne renseigne sur son appartenance politique. N’en déplaise aux avocats de l’ancien président ivoirien et de son co-accusé, c’est ce procédé qui a été à maintes reprises utilisé par les jeunes patriotes pour identifier les « assaillants » et exécuter ces derniers. C’est également au nom des considérations ethniques que plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans l’ouest du pays par des forces affiliées à Alassane Ouattara. Bref, la considération ethnique a fortement contribué à pousser les Ivoiriens à s’entretuer, se haïr.

En finir au plus vite avec le tribalisme
Malgré ce déplorable état de fait, les Ivoiriens veulent évoluer sincèrement vers la paix et la réconciliation. Pour ce faire, l’aspect ethnique de la crise doit être assurément pris en compte. Car, comme le racisme, le tribalisme est difficilement admissible par celui qui s’en rend coupable. Egalement comme le racisme, le tribalisme fait parfois d’importantes victimes de façon insoupçonnée.
Il faut en Côte d’Ivoire crever l’abcès de la politique tribaliste et espérer que la nouvelle génération d’Ivoiriens soit le plus possible détachée des considérations ethniques. A contrario, il faudrait se préparer à l’éventualité d’autres crises.
Par Abraham Kouassi
Source: Ivoire Justice

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