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Économie : Que vaut désormais la Côte d’Ivoire ?

Economie-Port D'abidjan

La Côte d’Ivoire, première puissance agricole de l’Afrique de l’ouest, c’est 1.700000 tonnes de cacao et 702510 tonnes d’anacarde, coiffant ainsi le sceptre de leader mondial dans ces deux produits de rente pour ne citer que ceux-là. Ce d’autant qu’au plan africain, au niveau de plusieurs spéculations, l’agriculture ivoirienne par ses résultats laisse de loin ses concurrents.

Comment pouvait-il en être autrement quand l’ambition de ce pays pour renouer avec une agriculture prospère, et avec des richesses mieux partagées, requiert que cette agriculture fasse sa transition. Pour passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture moderne orientée vers le marché. C’est un défi cher au gouvernement. Et Sangafowoha Coulibaly pour qui la modernisation du secteur agricole n’est pas une option mais une exigence puisque la voie étoilée pour le développement pérenne de ce secteur stratégique de l’économie ivoirienne, saura le relever en mettant en évidence la contribution importante et constante de l’agriculture aux progrès sociaux et économiques du pays et qui demeurent la grande finalité de la vision de l’émergence pour 2020 que le Président de la République entend partager avec ses concitoyens.

Dans sa volonté de transformer la structure de l’économie ivoirienne, le séminaire gouvernemental tenu récemment a mis au centre de ses priorités la transformation de l’agriculture avec pour cap important la transformation et la valorisation des produits agricoles. Un challenge pour lequel, les ministères de l’Agriculture et du Développement rural puis de l’Industrie devront conjuguer leurs efforts pour rechercher des partenaires et des investisseurs. A L’horizon 2020, La Côte d’Ivoire projette de transformer 50% de sa production de cacao, voire 100% pour la première transformation contre 500 mille tonnes pour la campagne 2014-2015 et 361000 tonnes pour 2010-2011. , Le gouvernement se donne déjà les moyens cde ses ambitions. Mercredi 24 février, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan avait reçu en audience, en plus des représentants des grands groupes internationaux du secteur du cacao, des partenaires techniques et financiers, notamment le groupe de la Banque mondiale, la Société financière internationale, la banque africaine de développement et la banque ouest africaine de développement.
L’Anader, la cheville ouvrière

Les performances agricoles de la Côte d’Ivoire reposent sur les financements institutionnels et privés massifs mais aussi et surtout sur une politique constante d’appui aux producteurs agricoles grâce à un soutien technique permanent fourni par le système de conseils agricole. Attoh Augustin Yao, directeur de l’appui aux filières de productions végétales et animales a exposé sur le modèle du conseil agricole ivoirien devant un parterre d’invités du Cirad, de la Guinée, du Sénégal et du Mali en mettant l’accent sur ses différentes évolutions de 1958 jusqu’à l’avènement en 1993 de l’Agence nationale d’appui au développement agricole (Anader). Le Conseil agricole vu sous l’angle de la vulgarisation agricole, est associé au transfert des technologies du monde de la recherche et des techniciens vers celui des producteurs agricoles .Cette notion intègrent désormais au-delà de seule production, les enjeux d’ordre environnemental, social, éthique : changements climatiques, préservation de l’environnement, réduction des risques, nutrition, lutte contre les pires formes de travail des enfants. Dans l’approche adoptée par l’Anader, l’organisation de la production agricole par filière est prise en compte. Cette approche baptisée « conseil agricole spécialisé par filière » considère également les caractéristiques de l’agriculture familiale qui constitue le système socio-économique et l’approche multidimensionnelle de l’activité agricole sur laquelle le pays a fondé son agriculture.

Le défi de la sécurisation du financement du conseil agricole

Cette problématique s’inscrit dans une approche multi-institutionelle qui place l’Anader au cœur d’un réseau de partenaires avec les autres acteurs de développement rural : Etat de Côte d’Ivoire, filières et interprofessions agricoles, institutions de financement du conseil agricole, institutions de recherche. Dans ce contexte de partenariats et de transition d’un conseil dont les priorités sont définies par l’Etat à un conseil piloté par le marché, le financement des services est une préoccupation majeure .Depuis 2011, la part de financement des programmes de l’Anader, issue de contrats avec les filières agricoles et le secteur privé a progressivement augmenté pour atteindre 40% en 2014. Cependant l’institution se trouve constamment dans une situation financière ambigüe entre la volonté de l’Etat de diminuer progressivement ses allocations financières au conseil agricole et celle des autres acteurs Qui souhaitent que l’Etat continue d’assurer une part conséquente du conseil agricole, perçu comme un service public. Entre ses deux positions,, l’Anader se trouve dans une posture d’inadéquation très sévère entre les ambitions de développement agricoles de l’Etat et des filières agricoles et les ressources mises à sa disposition pour accomplir sa mission. La sécurisation du financement du conseil agricole et les mécanismes pour y parvenir demeurent ainsi un des défis majeurs actuels de la politique agricole du pays.

Par Michel Kipré

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