Kemal Kiliçdaroglu l’adresse aux « jeunes qui votent pour la première fois ». Et il leur dit d’emblée ce que des millions de Turcs confient rarement de manière publique : « Je suis alévi. Je suis un musulman sincère, élevé dans la croyance de la vérité divine, de Mohammed et d’Ali. »
Les alévis ne sont pas sunnites comme la majorité de la population en Turquie. Ils partagent une culture et un système de croyances dont certains aspects sont proches du chiisme, quand d’autres semblent sans lien avec l’islam. Persécutés pendant des siècles, ils souffrent aujourd’hui encore d’un manque de reconnaissance car l’État considère leur croyance comme un folklore.
Au-delà des divisions
En revendiquant cet héritage – ce qui est inédit pour un candidat à la présidentielle – Kemal Kiliçdaroglu ne parle pas tant aux alévis, dont la plupart ne votent pas pour Tayyip Erdogan. Il fait le pari qu’une majorité des Turcs, notamment des jeunes, ont dépassé les divisions identitaires, aspirent à l’apaisement et se détournent d’un pouvoir qui attise ces divisions. « Cher ami jeune, n’oublie pas : avec ta voix, tu sortiras ce pays des disputes de croyances qui font tant de mal, du marécage qu’est devenu le Moyen-Orient. Nous ne parlerons plus de nos identités, nous parlerons de nos réussites. Nous ne parlerons plus de nos divisions, de nos différences, mais de nos points communs et de nos rêves communs », avance-t-il.
La vidéo a été visionnée plus de dix millions de fois en quelques heures. Au scrutin du 14 mai, 10% des électeurs voteront pour la première fois.