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Emmanuel Macron dévoile son «plan Eau» face au changement climatique

Le président français a présenté ce jeudi 30 mars les grandes lignes d’un plan visant à améliorer d’ici à 2030 la gestion de l’eau dans l’Hexagone face au changement climatique et aux risques de sécheresse.

Le « plan Eau », présenté par Emmanuel Macron à Savines-Le-Lac, près du barrage du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), vise à anticiper une possible sécheresse dès cet été et à mettre en place une « planification » de l’eau à l’horizon 2030. « Il y a une contestation, mais cela ne veut pas dire que tout doit s’arrêter », a déclaré à la presse le président de la République peu après son arrivée en hélicoptère, soucieux de passer à autre chose que l’électrique dossier des retraites tout en répondant aux préoccupations des Français.

« 10% d’économies d’eau dans tous les secteurs »
Pour prévenir de nouvelles pénuries d’eau durant l’été, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’ici à mai d’un « écowatt » de l’eau pour mesurer la consommation par rapport aux ressources disponibles, ainsi qu’un plan de sobriété par secteur économique (agriculture, industrie, etc.).

« Il n’est pas impossible qu’on ait à nouveau des situations de grand stress cet été », a-t-il cependant averti, en rappelant qu’une dizaine de départements étaient déjà en alerte renforcée. C’est notamment dû à un été 2022 caniculaire marqué par de multiples feux de forêt et l’hiver le plus sec depuis 1959. 80% des nappes phréatiques du pays sont actuellement à un niveau bas ou très bas, contre 50% avant la sécheresse de 2022, a souligné le chef de l’État.

À l’horizon 2030, Emmanuel Macron a fixé l’objectif de « faire 10% d’économies d’eau dans tous les secteurs » et énuméré les cinq axes de cette politique de l’eau : accélérer la sobriété, lutter contre les fuites et moderniser les réseaux, investir massivement dans la réutilisation des eaux usées, accompagner la transformation agricole et généraliser une tarification « progressive et responsabilisante ». « Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant, ça correspond à l’eau dont nous avons tous besoin. Au-delà d’un certain niveau, le prix sera plus élevé, c’est normal pour les consommations de confort », a-t-il expliqué.

Une question de l’eau marquée par des affrontements autour de retenues d’eau
Dans le décor du plus grand réservoir d’eau douce d’Europe de l’Ouest, Emmanuel Macron a défendu la mise en place de bassines, qui pompent pendant l’hiver l’eau des nappes phréatiques, afin que les agriculteurs puissent arroser leurs cultures l’été. « La règle est claire : il ne s’agit pas de privatiser l’eau », a déclaré Emmanuel Macron, quatre jours après un rassemblement écologiste à Sainte-Soline contre ces bassins de rétention d’eau, où de violents heurts avec les forces de l’ordre ont laissé deux manifestants dans le coma.

Des milliers de personnes étaient « simplement venus faire la guerre », a estimé Emmanuel Macron ce jeudi. Des propos qui ont fait bondir Julien Leguet, porte-parole du collectif Bassines non merci. « Il a été d’un dédain total, affirme le militant écologiste contacté par RFI. Il a apporté son soutien aux forces de l’ordre, il aurait pu avoir un moindre mot envers nos camarades qui sont dans le coma ou envers les 200 manifestants, essentiellement des très jeunes qui ont été blessés par des armes de guerre. Et il y a eu aucun mot d’apaisement, au contraire. »

« Les nouvelles retenues devront être inscrites dans des projets de territoire concertés » et « conditionnées à des changements de pratique significatifs et individualisés, notamment des économies d’eau, la réduction des pesticides, des schémas de transition agricole », a encore assuré le chef de l’État, ajoutant à propos de Sainte-Soline : « C’est exactement dans cette logique que les agriculteurs de tout le bassin se sont engagés. » « Il est évident qu’on aura des territoires où il va falloir s’orienter vers d’autres schémas de culture », a encore relevé Emmanuel Macron en promettant que « toutes les nouvelles installations agricoles seront adaptées au climat de demain ».

Dans un autre secteur très consommateur, le président a annoncé un programme d’investissements pour adapter les centrales nucléaires, troisièmes consommatrices d’eau en France (12%), pour leurs systèmes de refroidissement.

Sur la réutilisation des eaux usées, le président de la République a souhaité passer de 1% d’eau retraitée à 10% d’ici à 2030, alors que la France reste à la traîne dans ce domaine par rapport à ses voisins.

Une diminution de 10 à 40% de la ressource en eau en France
Cette stratégie de gestion de l’eau devait initialement être présentée par la Première ministre Élisabeth Borne. Mais le président, qui a fait de l’écologie, l’école et la santé ses prochaines priorités pour tenter de sortir de la crise des retraites, lui a finalement volé la vedette avec un déplacement annoncé au dernier moment.

Attendu au lac de Serre-Ponçon par quelque 200 manifestants contre la réforme des retraites, qui scandaient « Macron démission » encadrés par la CGT et la Confédération paysanne, Emmanuel Macron a estimé que cette contestation « ne [l’]empêche pas d’aller à la rencontre des Français ».

Les experts climat anticipent une diminution de 10% à 40% de la ressource en eau, jusqu’ici abondante dans le climat tempéré de la France, dans les prochaines décennies.

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