C’est sans doute un premier pas, mais plus symbolique qu’autre chose, rapporte notre correspondant à Quito, Eric Samson. Les autorités équatoriennes ont indiqué qu’elles considéraient désormais le terrorisme comme une menace pour le pays. Une menace que le secrétaire d’État à la Sécurité Wagner Bravo souhaite combattre fermement.
« Le Conseil de Sécurité Publique de l’État recommande au président de la République d’émettre un décret exécutif pour établir des mesures coercitives, urgentes et efficaces contre la délinquance qui incluent l’usage d’armes létales », a déclaré Wagner Bravo.
Il y a quelques jours pourtant, le ministre de l’Intérieur Henry Cucalon s’en prenait non pas au terrorisme de façon générique, mais aux principales bandes mafieuses du pays comme les Choneros, les Chone Killers, les Loups, les R7, les Gangsters, les Lagartos, les Tiguerones et les Fatales…
« Ces groupes qui sont malheureusement chaque jour plus dangereux doivent être considérés comme des organisations terroristes pour que la police et les forces armées puissent agir avec toute la force de la loi pour stopper cette menace », a estimé Henry Cucalon. Pour justifier l’emploi du mot « terroriste », Wagner Bravo a déclaré que les narcotrafiquants « attaquent des casernes de police, entrent dans des hôpitaux, utilisent des véhicules piégés, posent des bombes près des stations-service […] c’est du terrorisme ».
Ces organisations de trafiquants de drogue n’ont pas encore été déclarées comme « terroristes » même si ce n’est probablement que partie remise. Les forces armées en tout cas se préparent déjà à intervenir sur le terrain.
L’armée avait déjà été déployée par le passé pour traquer les narcotrafiquants et intervenir dans des opérations spéciales, mais pour cela, il était nécessaire que le gouvernement décrète l’état d’urgence. « Désormais, nous n’aurons plus besoin de l’état d’urgence, car c’est l’une des missions des forces armées », a souligné Wagner Bravo.
L’Équateur est confronté à une vague de violence due à une lutte de pouvoir entre les gangs impliqués dans le trafic de drogue. Situé entre la Colombie et le Pérou, les principaux pays producteurs de cocaïne au monde, l’Équateur a saisi un record annuel de 210 tonnes de drogue en 2021, principalement de la cocaïne, à destination des ports européens. En 2022, les saisies ont dépassé les 200 tonnes de drogue et le gouvernement a déclaré la guerre aux trafiquants, qui défendent violemment les routes de la drogue.
En parallèle, le taux d’homicide a presque doublé. Entre 2021 et 2022, il est passé de 14 à 25 pour 100 000 habitants, selon les autorités.