Le leader du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, a été désigné par une large coalition de six mouvements, de la gauche à la droite nationaliste. Il défiera un président au pouvoir depuis vingt ans, affaibli par le séisme du 6 février.
En endossant l’habit du candidat de l’opposition à la présidentielle turque, lundi 6 mars, après des mois de tractations, de conciliabules et même de psychodrames ces derniers jours, Kemal Kiliçdaroglu a pu éprouver plusieurs gammes de sensations, parmi lesquelles le plaisir discret d’une nette revanche.
Attaqué et critiqué de toute part par l’égérie de la droite nationaliste Meral Aksener, membre pourtant intégrante de la coalition d’opposition qu’il a su porter à bout de bras depuis un an, le leader du Parti républicain du peuple (CHP), la formation créée par Atatürk, fondateur de la République, a réussi à rassembler six mouvements autour de son nom, un tour de force dont peu d’hommes politiques peuvent se targuer.
Dans un revirement de dernière minute dont la vie politique turque a le secret, un compromis a donc été trouvé, lundi, à Ankara, entre la remuante présidente du Bon Parti et les cinq autres formations de cette coalition appelée l’Alliance du peuple, également baptisée la « Table des Six ». Kemal Kiliçdaroglu, président du principal parti d’opposition au Parti de la justice et du développement (AKP), sera donc en lice, le 14 mai, face à l’indéboulonnable président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans.
« Notre table est celle de la paix et de la fraternité. Notre objectif supérieur est de porter la Turquie vers des jours prospères, paisibles et joyeux. En tant qu’Alliance nationale, nous gouvernerons la Turquie par la consultation et le consensus », a promis le candidat, en précisant que les présidents des autres partis de la coalition assureraient des fonctions de vice-présidents pendant la période de transition. « Nous redonnerons au peuple ce qui a été volé au peuple (…). Je ne suis pas le candidat, le candidat, c’est nous tous », a-t-il ensuite lancé devant le siège de son mouvement, sous les acclamations, entouré d’Ekrem Imamoglu et de Mansur Yavas, les deux populaires maires respectivement d’Istanbul et d’Ankara.
« Mobiliser un maximum d’électeurs »
Meral Aksener, elle, est finalement revenue à la table des négociations après avoir créé la surprise, vendredi, en s’opposant vertement à la candidature de Kemal Kiliçdaroglu. « Cette alliance ne permet plus de discuter de manière concertée des candidats potentiels : elle s’est transformée en bureau de notaire qui travaille à l’approbation d’un seul candidat », avait-elle dénoncé. La déclaration, rapidement interprétée comme un sabotage de la « Table des Six », avait provoqué la consternation au sein de l’opposition, qui peinait déjà à présenter une image d’unité et n’a cessé de repousser la date de l’annonce du nom de son candidat commun. Plusieurs membres de son parti, pris au dépourvu et déçus, ont choisi de jeter l’éponge.
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