C’est une nouvelle épreuve pour les quatre enfants, après 40 jours dans la forêt amazonienne livrés à eux-mêmes. Le père des deux plus jeunes enfants et les grands-parents maternels se disputent leur garde.
Le conflit familial a débuté le week-end dernier à travers des déclarations par médias interposés. Dimanche, le grand-père maternel des enfants, Narciso Mucutuy, a accusé le père, Manuel Ranoque, d’avoir frappé sa fille, la mère des enfants décédée durant le crash de l’avion. Il a également affirmé aux journalistes que les enfants se cachaient dans la forêt lorsque les disputes éclataient.
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Devant les caméras des médias, le père a bien reconnu qu’il y avait eu des problèmes à la maison. Mais pour lui, il s’agit d’une affaire privée qui ne doit pas devenir « un potin pour le monde ». Lorsqu’on lui demande si ces allégations sont vraies, Manuel Ranoque répond : « Verbalement, parfois, oui. Physiquement, très peu. Nous avons eu plus de disputes verbales. »
Un intérêt économique ?
La famille Mucutuy affirme aussi que Manuel Ranoque a fait l’objet d’une plainte pour tentative d’abus sur une des filles. Le père s’en est défendu et affirme qu’il vit avec les enfants depuis six ans et que : « les deux filles aînées sont comme mes filles. Je leur ai payé leurs études et leurs repas (…) cette histoire n’est rien d’autre qu’une histoire d’argent. » Manuel Ranoque est le père biologique des deux plus jeunes enfants âgés de cinq et un an.
Face à cette situation complexe et confuse, l’Institut colombien de protection de la famille, ICBF, a décidé de mener une enquête. Il veut interroger les membres de la famille avant de déterminer qui devra s’occuper des enfants. Astrid Cáceres, la directrice de l’ICBF, a assuré que « les enfants seront en charge cette entité jusqu’à ce que les problèmes avec leurs familles soient résolus. »
Priorité à la protection des droits des enfants
En attendant, les visites à Lesly, Soleiny, Tien et Cristin sont restreintes pour faciliter leur rétablissement. Ils reçoivent des soins médicaux qui visent principalement à rétablir le niveau d’hydratation de leur corps. Ils reprennent des forces en faisant des activités d’enfants : dessins, coloriages, des jeux et de la lecture. Des images de leurs dessins ont été diffusées dans les médias notamment celui du chien qui les a retrouvés, Wilson et que l’armée recherche en ce moment dans la jungle. Les enfants devraient rester à l’hôpital militaire de Bogota entre deux à trois semaines.
D’après Astrid Cáceres, les enfants sont sous la protection d’une défenseuse de l’ICBF. Elle « accompagne la famille et organise les tours des visites ». Elle a également expliqué que « dans le cadre du rétablissement des droits des enfants, l’institut convoquera l’un de ses proches pour faire une déposition dans l’enquête en cours concernant d’éventuels actes de maltraitance et d’abus de la part du père. »
D’ailleurs, le père ne peut, pour le moment, pas voir les deux aînées. Il s’en est plaint à maintes reprises. La directrice a déclaré que cela était dû à des décisions administratives dans le cadre du processus de restitution des droits des mineurs.
Menacé par des dissidents FARC
Enfin, une autre information sème le doute et la confusion. Le père, Manuel Ranoque, affirme être la cible de menaces de la part de dissidents FARC. Il aurait reçu de nouvelles intimidations qui auraient poussé les enfants à prendre l’avion. Selon ses déclarations, les deux aînées risquaient d’être enrôlées de force.
La réserve indigène où les enfants vivaient se trouve près du petit village d’Araracuara, dans le département d’Amazonas. C’est une zone extrêmement isolée. Les habitants deviennent alors des cibles de la violence. Les meurtres et les recrutements forcés d’enfants dans cette région sont attribués à un groupe de dissidents FARC qui se fait appeler le Front Carolina Ramirez.