Plusieurs dizaines de tonnes de poissons avaient été tués et près de 5000 hectares alentours contaminés.

Le procès du déversement de boues toxiques issues de la mine du groupe suédo-canadien Boliden à Aznalcollar, dans le sud de l’Espagne, s’est ouvert, mardi 4 juillet, devant la justice espagnole, vingt-cinq ans après cette catastrophe environnementale, l’une des pires ayant frappé le pays.

Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau

90 millions d’euros. C’est la somme faramineuse que réclame la région Andalousie à l’entreprise Boliden pour sa responsabilité dans la tragédie d’Aznalcollar, du nom de la petite commune voisine.

Le 25 avril 1998, la rupture d’une digue d’un bassin de résidus de cette mine de métaux à ciel ouvert avait entraîné le déversement de plus de cinq millions de mètres cubes de boues polluées, contenant des métaux lourds comme de l’arsenic, du cadmium ou du mercure, dans une rivière. Quelque 4 300 hectares de terrains avaient ainsi été contaminés. Après onze ans d’exploitation de cette mine de fer, de zinc et de plomb, Boliden avait dû plier bagage.

Bataille judiciaire

Depuis, une interminable bataille judiciaire s’est engagée jusqu’à aujourd’hui, avec l’ouverture du procès et l’attribution des responsabilités. La région Andalousie affirme avoir déboursé des dizaines de millions d’euros pour le nettoyage des hectares contaminés du fleuve Guadiamar, qui s’arrêtant aux portes du parc naturel de Doñana, joyau de biodiversité classé par l’Unesco, de son lit et de ses berges.

En face, l’entreprise Boliden a toujours nié sa responsabilité et mis en cause une filiale du groupe de BTP espagnol Dragados, qui avait construit le bassin. Elle argue par ailleurs que ce drame a supposé des pertes financières 115 millions d’euros, puis la banqueroute. Pas question pour ce groupe donc d’honorer les 90 millions que réclame la région Andalousie. C’est l’audience de Séville qui décidera. Le verdict est attendu d’ici la fin juillet.