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FRANCE: une nouvelle journée de mobilisation en plein examen du texte à l’Assemblée

Unis contre le report de l’âge légal à 64 ans, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) entendent bien continuer à mettre la pression à l’exécutif, après deux journées réussies à plus d’un million de manifestants, selon les autorités.

Des premiers rassemblements avaient déjà lieu dans la matinée dans plusieurs villes comme à Pau, Montpellier, Laval, Nantes, Nice ou encore Marseille. Au Havre, des manifestants ont commencé à bloquer les entrées et sorties de la ville dans la matinée, selon Mathieu Prevost, responsable de l’union locale FO.

Des étudiants tenant une banderole lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Nantes.
Des étudiants tenant une banderole lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Nantes, ouest de la France, le 7 février 2023.
La bataille des retraites a débuté lundi à l’Assemblée nationale dans une ambiance houleuse. Préludes à des débats électriques, la motion de rejet déposée par la gauche a été rejetée en début de soirée avant que la demande de référendum du Rassemblement national pour contester la réforme ne soit, elle aussi, repoussée par l’Assemblée.

Au deuxième jour de l’examen du texte, les députés auront l’œil sur les mobilisations. Et les manifestants comptent se faire entendre jusque devant l’Assemblée nationale. Selon une série de tweets et de vidéos diffusées sur le compte Twitter d’Attac France, des militants de leur association et du mouvement féministe Les Rosies ont mené une action sur la place du Palais Bourbon pour « dénoncer le caractère illégitime, injuste et injustifié de la réforme ». Huit personnes auraient été interpellées par les forces de l’ordre, selon l’organisation altermondialiste.

La statue représentant la Loi en face de l’Assemblée nationale à Paris a été symboliquement ornée d’un poster demandant une retraite à 60 ans par des manifestants, le 7 février 2023.
La statue représentant la Loi en face de l’Assemblée nationale à Paris a été symboliquement ornée d’un poster demandant une retraite à 60 ans par des manifestants, le 7 février 2023. © Christophe Ena / AP
Plus de 200 rassemblements prévus dans toute la France
La mobilisation pourrait cependant marquer le pas, comme dans le secteur clé des transports où les grèves auront un peu moins d’impact sur le trafic. La circulation des trains et des métros reste quand même « fortement perturbée » à la SNCF et à la RATP. D’après le syndicat Sud-Rail, cité par BFM TV, le taux de cheminots grévistes s’élevait à la mi-journée à 35% (36,5% le 31 janvier), avec un pic à 50% chez les conducteurs de train.

Il y a moins de grévistes attendus chez les enseignants, début des vacances d’hiver oblige pour huit académies. Le ministère de l’Éducation nationale compte 14,17% d’enseignants grévistes. Le 31 janvier, lors de la deuxième journée de mobilisation, le taux d’enseignants grévistes avait été de 25,92%. La FSU n’a d’ailleurs pas avancé de chiffres pour les écoles primaires cette fois-ci.

À l’université de Rennes-2 et Jean-Jaurès à Toulouse, des étudiants ont voté le blocage lundi. Le campus de Lille II a aussi été brièvement bloqué, tandis qu’à Tolbiac, à Paris, plusieurs dizaines d’étudiants ont bloqué les ascenseurs et distribuaient des tracts devant l’entrée.

Des lycéens se sont mobilisés au petit matin, comme à Rennes, au lycée Jean-Macé ou à Marseille devant Victor-Hugo. Selon une source policière, neuf sites universitaires et 24 lycées sont perturbés en France, avec 14 blocages. La Voix lycéenne revendique près de 150 lycées bloqués.

Avec plus de 200 rassemblements prévus dans le pays, une source sécuritaire évoque une fourchette de 900 000 à 1,1 million de manifestants, dont 70 000 maximum à Paris. Pour encadrer les foules, 11 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 4 000 dans la capitale, où plus de 1 000 « gilets jaunes » et 400 « radicaux » sont attendus.

Les syndicats savent qu’il leur sera difficile de dépasser le record du 31 janvier, avec 1,27 million de manifestants, selon la police. La CFDT se projette déjà vers la prochaine journée de samedi : « Nous voulons en faire une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs. » Mais la suite reste incertaine. « Si on n’est pas entendus, je pense que le climat va largement se dégrader », prédit le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, redoutant « un problème démocratique » si les députés « votent des lois qui sont contraires à ce que veut le peuple ». Ses troupes se tiennent prêtes à hausser le ton dès la semaine prochaine, notamment dans l’énergie. « S’il faut aller vers un blocage plus large, on ira sans doute », prévient le patron de la CGT-Energie, Fabrice Coudour.

Du côté de l’opposition, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé mardi Emmanuel Macron à devenir « raisonnable », l’accusant de « vouloir commencer son quinquennat par un coup de force » avec la réforme des retraites. « Sauf s’il est devenu totalement autoritaire, dans une démocratie, à un moment donné, il faut bien que quelqu’un soit raisonnable et c’est forcément lui qui doit le devenir puisque c’est lui qui a la responsabilité d’avoir créé de toutes pièces ce conflit », a déclaré M. Mélenchon à la presse sur un piquet de grève à la gare de Lyon, à Paris.

Pas de quoi faire reculer un gouvernement déterminé à tenir la promesse de campagne d’Emmanuel Macron. « C’est la réforme ou la faillite », affirme le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal. « L’immobilisme n’est pas permis », insiste son collègue, Olivier Dussopt.

Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, Olivier Dussopt a évoqué un « bilan d’étape » au Parlement, avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite, dont les voix seront cruciales pour éviter à l’exécutif de recourir à l’arme du 49.3. Les chances que tous ces sujets soient abordés sont cependant minimes : plus de 20 000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche, rendant improbable un vote avant la date butoir du 17 février.

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